« Avec Pierre de Ronsard » de Franck Maubert : une promenade enchantée sur les pas du poète

A travers les siècles, il advient que Ronsard nous fasse des clins d’œil par le biais d’un poème, d’une pensée, d’une réédition de ses œuvres. Il est plus rare qu’il se manifeste par l’entremise d’une annonce immobilière.  C’est pourtant ce qui arriva au narrateur il y a trente ans : « Loir-et-Cher. Pays de Ronsard. Cadre exceptionnel, bord du Loir, anciens communs de château restaurés… » 

Le choix d'une demeure entre celles de Ronsard et Du Bellay

Séduit par la demeure autant que par la région chère au poète, il l’achète sans même la visiter et ne le regrettera pas. Désormais, il va se perdre dans le vert des horizons du Val de Loire.

Il a trouvé des paysages à qui parler, un havre de paix, un interlocuteur de cinq cents ans bien plus contemporain que ses pairs du même âge que lui et peut commencer une déambulation magnifique au cœur de la poésie du maître.

Dans sa maison située entre celles de Ronsard et de Du Bellay, il imagine la conversation entre les deux poètes. Au cours de ses pérégrinations, il admire le tombeau des parents de Petit Pierre comme il le nomme, l’occasion de rappeler une charmante anecdote : tombé des bras de sa nourrice, il fut aspergé d’un vase d’eau de rose « qui fut un présage des bonnes odeurs dont il devait remplir toute la France, des fleurs de ses écrits ». 

Plus loin, devant La Possonnière, demeure d’enfance du poète, il s’émerveille des murs qui parlent à travers les inscriptions entre chrétienté et paganisme.

Ici, il est question de terribles crimes commis par des membres de sa famille, là, des gâtines, ces marécages peuplées d’oiseaux et d’animaux où il s’égarait. Ailleurs encore, apparaît Cassandre, si souvent célébrée dans ses vers et à qui est dédié Mignonne, allons voir si la rose. Puis les derniers jours s’annoncent. Il n’a pas peur ; Il sait que : « rien ne naît que pour mourir ».

Evoquer le poète par touches impressionnistes

Par petites touches impressionnistes, Franck Maubert dans Avec Pierre de Ronsard évoque autant l’environnement de l’homme que le poète lui-même, pourtant si familier. D’ailleurs, à l’occasion d’un quatrain :
«Ce petit coin de terre me rira sus tous
Car les champs et les bois et les lieux solitaires,
Et les près, où le loir parmi les herbes court
Me plaisent beaucoup plus que les bruits de la Cour », 
affleurent les points communs entre les deux auteurs, leur désir de calme et de tranquillité, dans une nature inchangée depuis des siècles. L’un parce qu’il y était né, l’autre en quête « d’un endroit de beauté, lieu idéal où demeurer et travailler à l’abri des bruits inopportuns du monde ».

Une promenade enchantée dans un paysage si français

Dans ce court essai, qui a tout d’un poème, Franck Maubert nous livre les échos d’une promenade enchantée dans un paysage si français avec des mots, des phrases à l’harmonie splendide.
A lire par un calme soir d’été ou d’automne pour un moment d’intelligence et de grâce, loin des tumultes du quotidien.

Le mot de Franck Maubert 

« Quelque chose me poussait, quelque chose de plus fort que ma volonté, que la raison même, m’attirait en ces lieux. Je l’ignorais, mais c’était Ronsard, ou plutôt cette nature, la sienne, celle qu’il a célébrée, ce paysage si français qu’il aimait tant. En route, je me récitais à voix haute des bribes de ses vers qui m’aidaient, parfois, à retrouver de la légèreté, voire une joie possible. Ici le paysage devient pays et s’impose, et repose. Il vous prend, vous bouleverse et vous l’apprivoisez. Vous n’êtes plus un simple spectateur, vous dialoguez avec lui et, d’une certaine manière, vous lui appartenez. Je ne me contente pas de regarder, je ne contemple pas, je suis dans le paysage, je glisse en lui, je vis avec lui. Il me semble que c’est ce qu’a ressenti Ronsard, lui qui est né ici et qui désirait reposer éternellement au cœur de cette nature, vue que j’ai la chance d’avoir sous les yeux au quotidien. J’ai la faiblesse de penser que rien n’a changé depuis son époque. »

> Avec Pierre de Ronsard de Franck Maubert, Le Mercure de France, 122 pages, 15 euros. >> Pour acheter le livre, cliquer sur ce lien