Chronique de Littéraflure

« Cabane » d'Abel Quentin : au crépuscule de la conscience écologique

« Cabane » ( éditions de l'Observatoire) d'Abel Quentin vient de recevoir le Prix des Libraires de Nancy/Le Point. Un récit d'anticipation sur les attitudes des humains face à une catastrophe climatique annoncée. Ce récit très documenté sur les cheminements de la conscience écologique a retenu l'attention de Littéraflure, notre chroniqueur au jugement acéré.

Face au réchauffement climatique, deux réactions possibles : modérer sa consommation ou se faire construire une piscine (comme ma voisine, qui se satisfait du seul tri sélectif).

Le conciliabule des sages de Berkeley

Les quatre scientifiques de l’université de Berkeley l’avaient prédit dans un rapport de 1973 : à ce rythme-là, l’humanité court à sa perte. Étourdis par leurs découvertes, le couple Dundee, l’arrogant Paul Quérillot et le cryptique Johannes Gunsonn composent avec leur sombre prophétie et la radicalité des remèdes qu’elle implique (rationnement et dénatalité).

Comment les humains se comportent-ils face à l'imminence d'une catastrophe ?

En racontant leur histoire, l’auteur examine les comportements humains envisageables dans l’imminence d’une catastrophe : le combat, le courage, le déni, le cynisme, la dépression ou même la folie. Car les quatre chercheurs ne pouvaient nier qu’ils savaient. Ils avaient tout modélisé.

Les destins contrariés de la bande des quatre

Les Dundee finissent dans une ferme de porcs biologique. Paul Quérillot vend son âme à l’industrie pétrolière. Quant à l’insondable Johannes Gudsonn, obsédé par la suite de Fibonacci, il vécut reclus dans une cabane au fin fond de la Norvège et sa fréquentation précoce de Theodore Kaczinski, devenu Unabomber, fait douter de sa santé mentale.

Un récit bien construit et documenté sur les cheminements de la conscience écologique

Un récit bien construit et documenté qui revient sur les évènements, petits ou grands, qui ont jalonné le cheminement de la conscience écologique : la couche d’ozone (p.104), le lobbying industriel, la culpabilité nucléaire, l’apparition du mouvement écologique (p.171) et ses excès (p.233), les sucreries cognitives des réseaux sociaux (p.273) ou les dérives crudistes (p.400).

Le scepticisme a toujours prévalu et tant que le citoyen ne verra pas sa maison brûler ou engloutie par les flots, il ne bougera pas. Le constat, triste et sans appel, a son manifeste romancé, sous la plume d’Abel Quentin.

A propos de Cabane d'Abel Quentin : le mot de l'éditeur

Berkeley, 1973. Département de dynamique des systèmes. Quatre jeunes chercheurs mettent les dernières touches au rapport qui va changer leur vie.
Les résultats de l’IBM 360, alias « Gros Bébé », sont sans appel : si la croissance industrielle et démographique ne ralentit pas, le monde tel qu’on le connaît s’effondrera au cours du XXIe siècle. Au sein de l’équipe, chacun réagit selon son tempérament ; le couple d’Américains, Mildred et Eugene Dundee, décide de monter sur le ring pour alerter l’opinion ; le Français Paul Quérillot songe à sa carrière et rêve de vivre vite ; et l’énigmatique Johannes Gudsonn, le Norvégien, surdoué des maths ? Gudsonn, on ne sait pas trop. Certains disent qu’il est devenu fou.
De la tiède insouciance des seventies à la gueule de bois des années 2020, Cabane est le récit d’une traque, et la satire féroce d’une humanité qui danse au bord de l’abime.
Après Sœur (sélection prix Goncourt 2019) et Le Voyant d’étampes (prix de Flore, finaliste Renaudot et sélection Goncourt 2021), Cabane est le troisième roman d’Abel Quentin.

> Cabane d'Abel Quentin, éditions de l'Observatoire, 477 pages, 22 euros >> Pour acheter le livre, cliquer sur ce lien
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Littéraflure est le pseudonyme de critique littéraire d'une auteure qui a déjà publié cinq romans et dont l'identité est inconnue. Prochainement elle fera paraître ses Confessions d'une chroniqueuse littéraire.
Son credo : « Je porte aux nues et souvent j’érafle pour que vive la littérature ! »

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