Confinement 2

Libraires, auteurs, éditeurs...unis contre la fermeture des librairies

Alors que les nouvelles règles de confinement confirment la fermeture des librairies, sauf celles qui vendent des journaux comme les Relay H ou les Maisons de la Presse, l'ensemble de la profession est sous le choc. Libraires, auteurs et éditeurs sont nombreux à s'exprimer sur les réseaux sociaux. A Viabooks, nous les soutenons, car outre que les libraires avaient mis en place des règles barrières très sûres, la lecture est un bien ô combien essentiel...

Dessin signé Joann Sfar. Dessin signé Joann Sfar.

Les nouvelles règles de confinement annoncées par Emmanuel Macron et confirmées par Bruno Le Maire entérinent la fermeture des librairies, sauf celles qui vendent des journaux, comme les Relay ou les Maisons de la Presse.
L'ensemble de la profession est sous le choc. Un choix d'autant plus surprenant que les libraires avaient mis en place des protocoles barrières très efficaces et qu'écoles, collèges et lycées vont réouvrir. Comment concevoir l'éducation sans les livres? 
Sans parler du désespoir de nombreux lecteurs, frustrés en cette période difficile de ne pouvoir se rendre chez leur libraire pour chercher de saines  et réconfortantes lectures.
Plusieurs pétitions circulent qui appellent à la réouverture, dont celle postée sur le site Mes opinions, ou sur Change.org, qui a déjà obtenu à ce jour près de 30 000 signatures. Le hashtag #librairiesouvertes appelle aussi au rassemblement.
Libraires, auteurs et éditeurs sont nombreux à s'exprimer sur les réseaux sociaux ou dans les médias. Florilège.

Le communiqué du Syndicat National de l'Edition

La lecture de livres est une activité essentielle à nos vies citoyennes et individuelles.

L’extraordinaire appétit de lectures chez les Français, jeunes ou adultes, s’est à nouveau confirmé ces derniers mois ; les livres assouvissent notre besoin de compréhension, de réflexion, d’évasion, de distraction, mais aussi de partage et de communication, y compris dans l’isolement.
Le premier confinement n’avait pas permis hélas de maintenir les librairies ouvertes, blessant au cœur toute la filière du livre ; les professionnels n’y étaient pas préparés. Mais depuis, les librairies de proximité, qui maillent tout notre territoire, se sont organisées et équipées. Elles peuvent être parfaitement en mesure d’accueillir les lecteurs dans la perspective d’un nouveau confinement, dans des conditions sanitaires sûres et éprouvées.
Le « click and collect » est indispensable et d’ores et déjà en place dans un très grand nombre de points de vente. Mais il ne saurait combler toutes les attentes des lecteurs, notamment dans les deux mois précédant les fêtes de fin d’année où plus d’un quart des livres sont achetés. Les livres sont, depuis plusieurs années, le cadeau le plus offert par les Français. Comment y renoncer ? 
Aussi, auteurs, illustrateurs, éditeurs et libraires lancent un appel solennel, solidaire et responsable, au gouvernement : laissez nos librairies ouvertes pour que le confinement social ne soit pas aussi un isolement culturel. Nos lecteurs, attachés à la librairie indépendante, ne le comprendraient pas et le vivraient comme une injustice.
Nous sommes prêts à assumer nos responsabilités culturelles et sanitaires.
Syndicat national de l’édition (SNE)
Syndicat de la librairie française (SLF)
Conseil permanent des écrivains (CPE)

Cultura, librairie de grande surface culturelle

Rallumer les librairies au pays des Lumières. Rien n'est plus important que la vie humaine. C’est pour cela qu’il faut protéger les Français face à cette pandémie galopante. Mais protéger la santé des Français, c’est aussi préserver leur santé morale, leur équilibre et leur capacité de résilience. Au moment où on les prive de liberté, alors qu’on sait les dégâts causés par ce confinement sur le psychisme de nos concitoyens, on leur enlève aussi la possibilité de s’évader par la lecture, la musique, la création artistique.
En fermant les librairies, pourtant prêtes à garantir toutes les conditions sanitaires, on ajoute au risque du virus, celui bien plus sournois, du désespoir.
Rien n’est plus précieux que la Liberté.
C’est le trésor défendu par la République. C’est au moment où la barbarie s’attaque à notre modèle de société, que l’on entrave la liberté d’accéder aux temples de la connaissance, du savoir, que l’on empêche notre jeunesse d’aller à la rencontre d’Hugo ou Camus, George Sand ou Simone de Beauvoir. À une époque où chacun mesure l’impérieuse nécessité de former des citoyens éclairés, de défendre la laïcité, on ne saisit pas l’opportunité de faire de ce confinement un temps de réfl exion, un temps pour lire, comprendre, savoir.
En fermant les librairies, on ajoute l’obscurité à l’obscurantisme.
Rien n’est plus nécessaire que l’Égalité.
Elle est la condition du pacte républicain. Elle est ce qui fait de la France un état moderne, juste, protecteur des plus faibles. Au moment où l’économie de nos entreprises est mise à mal, on crée des distorsions de concurrence inacceptables. Nos librairies, tellement utiles à la vie culturelle dans nos
villes et villages, n’ont même plus le droit de se battre face au géant du numérique. Aujourd’hui le livre peut être vendu dans les supermarchés au prétexte que ce sont des commerces alimentaires. Alors que les librairies, elles, implantées partout et souvent depuis très longtemps, ne peuvent plus faire ce travail indispensable de rendre accessibles les oeuvres littéraires les plus diverses, au plus grand nombre. La pérennité de ces activités devrait être une préoccupation de tous.
En fermant les librairies, on accepte que le livre soit vendu par tous, sauf par ceux dont c’est le métier.
Rien n’est plus indispensable que la Fraternité.
C’est elle qui fait de nous un peuple solidaire, uni, capable d’aff ronter les pires tempêtes. Quelques semaines avant les fêtes de Noël, nous voici donc contraints de restreindre nos relations sociales, amicales, humaines. Ce qui fait le sel de la vie, notre mode de vie à la française est entravé.
Nous pouvons pourtant « fraterniser ».
Les pratiques culturelles sous toutes leurs formes, souvent réalisées en famille, sont des vecteurs clés pour enrichir sa relation à l’autre,
extérioriser ses émotions, permettre aux coeurs de communiquer entre eux.
En fermant les librairies, on encourage l’individualisme quand on a tellement besoin d’esprit collectif.
>Le site de Cultura

François Busnel, journaliste et auteur, dans l'émission C'est à vous

 

Alexandre Jardin, écrivain

On atteint le maximum de la folie technocratique : les libraires râlant d’être fermés alors que la FNAC ou LECLERC restaient ouverts, Bercy vient de décider la fermeture des rayons Culture des gdes surfaces. Au lieu d’ouvrir les librairies !

Résultat, la culture en France s’appelle désormais AMAZON (qui ne paye pas d’impôts ici). C’est fou.

Le livre, en France, est devenu le produit interdit !
Donner les pleins pouvoirs aux technos en période de crise est dingo.

#NON

J’ai signé la pétition soutenue par les écrivains français, La Grande Librairie et le syndicat de la librairie, et vous ? > pétition sur Change

 

Eliette Abecassis, auteure

Les livres, ça ne tue que la bêtise, Monsieur le Président...

 

Marie-Laure de Cazotte, auteure

Cet inventaire - les jardineries restent ouvertes, pas les librairies, les magasins de bricolage restent ouverts, pas les librairies, la Fnac reste ouverte, pas les librairies, Amazon fonctionne, pas les librairies, les rayons de livres dans les supermarchés sont ouverts, pas les libraires, les Relay dans les gares sont ouverts, pas les librairies – ne sert à rien si ce n’est à se questionner sur les fondamentaux derrière ces décisions. Je ne les crois ni sanitaires ni saines ni rationnelles, ces décisions, je les pense, mais peut-être ai-je tort, sous-tendues par des lobbies puissants, démonstratives de la faiblesse de nos politiques face aux pressions des grands groupes, illustrant, non pas leur volonté de nuire à la culture, mais leur incapacité à en appréhender la matière indéfinissable, diverse, mouvante, anarchique, précieuse, qui stimule nos envies de connaître, nous engage aux dialogues et à la confrontation. Cette matière qui fabrique au jour le jour nos courages de penser, qui ouvre des sources et nous permet de naviguer à nos grès, sur nos propres rivières.
Il y a longtemps, pleine de colère, je suis entrée dans une librairie. J’avais seize ans et je regardais tous ces bouquins, ces foutus bouquins pour adultes, et le libraire, un barbu très intimidant s’est approché de moi. Je suis sortie, sans comprendre vraiment pourquoi, avec Le féminin pluriel des sœurs Groult sous le bras, un ouvrage écrit sept ans avant que j’entre dans cet endroit. Ce livre a transformé ma vie.
Un/une libraire n’est pas un psychanalyste, c’est une personne qui nous regarde, à qui il nous est permis d’adresser des questions, et qui peut nous guider. Ces dialogues en apparence sans intérêt – je cherche un truc, je ne me souviens pas du nom de l’auteur ni du titre, mais ça parle de… ; ou - Madame Dupont, je vous recommande ce livre ; ou - Je ne l’ai plus mais je peux vous l’avoir pour mardi, et c’est vrai qu’il fait froid et que ça fatigue l’hiver ; ou - Il a quel âge, m’avez-vous dit votre petit-fils ? sont des moments-diamants.
Les libraires sont des gens de gauche, de droite, des féministes, des accros de la BD, de livres jeunesse, des intello ou écolos radicalisés, des fous de philosophie, de musique, de cinéma, d’Histoire, des passionnés de psychologie, de sciences diverses, des sentimentaux, des tordus de littérature classique, des mordus de modernité. Des passionnés de sports et de voyages. Et aussi, et tant mieux, des emmerdeurs qui vous disent : « ça vous le trouverez pas chez moi. »
Un libraire, c’est une personne qui parle aux enseignants, est informé par un professeur d’anglais qu’il (ou elle) va faire lire à ses élèves A lesson before dying d’Ernst Gaines et qu’il faut l’édition la moins chère, un libraire est prévenu par le professeur de lettres que cette année les élèves vont travailler sur Un roi sans divertissement de Giono, dans l’édition Folio, Un libraire reçoit la liste des manuels scolaires, les vend aux parents des enfants, aux parents qui viennent dans sa boutique avec leurs enfants.
Vous me direz que c’est une affreuse perte de temps pour des pères ou mères sous pression que de chercher dans les rayons, que c’est une affreuse perte de temps pour eux d’y retrouver Les lettres de mon moulin de Daudet et d’avoir à dire à leur gosse « A ton âge on me faisait lire ça », qu’il vaut largement mieux pour eux commander les livres à distance, parce que les gosses lâchés dans une librairie, ouvrant n’importe quoi au hasard, c’est insupportable. Un jeu video, c'est mieux.
Fin de mon speech.
>Dernier livre paru :  Les gens du fleuve, Albin Michel 

Sophie Caillat, éditrice

Retour à la case départ. On a construit une maison, accompagnée par un diffuseur, qui nous permet d'être présent partout en France et dans le monde, et tout s'effondre. On croit néanmoins que nos livres sont nécessaires à la compréhension du monde.
En attendant que les librairies rouvrent, on pense qu'il faut rendre les livres accessibles partout. Donc pour ne pas laisser à Amazon la place de dernier service disponible, on offre les frais d'expédition et on vend en direct. C'est ici. >Editions du Faubourg

 

Lyne Stambouli, productrice

Alors que le manque d’éducation, le manque de savoir est un des plus gros fléau de notre société, on ferme les librairies puis les rayons cultures des grandes surfaces...! Hummmmm comment dire... donc pour soigner une plaie ouverte on décide de verser de l’alcool dessus... il est essentiel de nourrir nos estomacs mais aussi nos cerveaux! Voir plus... #sauvonsnoscerveaux

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