Mohammed Aïssaoui s'est construit avec l'œuvre d'Albert Camus. Dans Dictionnaire amoureux d'Albert Camus (Plon), il nous livre « son » Camus, celui qui illumine sa vie, qui élargit le cœur et l'esprit, qui console des chagrins du monde. Agnès Séverin est partie à la rencontre de celui qui nous dévoile toutes les facettes du philosophe, Prix Nobel de littérature en 1957, auteur notamment de La Peste et de L'Etranger, dont la pensée résonne plus que jamais avec les interrogations de la société contemporaine.
Mohammed Aïssaoui s'est construit avec l'œuvre d'Albert Camus. Dans Dictionnaire amoureux d'Albert Camus (Plon), il nous livre « son » Camus, celui qui illumine sa vie, qui élargit le cœur et l'esprit, qui console des chagrins du monde. Avec la complicité de Catherine Camus qui lui a donné accès à des documents exclusifs, il nous plonge dans l'œuvre et l'univers du philosophe qui ne cesse de résonner avec les interrogations et les contradictions de la société contemporaine.
Agnès Séverin a rencontré Mohammed Aïssaoui. Une rencontre qui témoigne de la force d'attraction grandissante de l'auteur de La Peste, L'étranger ou encore La chute.
- Mohammed Aïssaouï : Elle est classique : la rencontre a eu lieu au collège, lors de la lecture d’un
extrait de L’Etranger. J’ai tout de suite voulu découvrir le roman dans son intégralité, je ne comprenais rien, mais j’étais subjugué. Depuis, Camus n’a jamais cessé de m’accompagner.
- M.A. : Oh ! je ne souhaite pas le faire redécouvrir, il n’a pas besoin de moi pour cela, mais, moi, j’ai besoin de lui. J’ai surtout voulu partager mon enthousiasme de lecteur et raconter tout ce qu’il a pu m’apporter. Si j’écris que Camus, c’est mon père, mon frère, mon professeur, mon ami, cela donne une idée de sa
compagnie. Je croyais être le seul, et je découvre qu’il apporte à énormément de monde, c’est fascinant d’observer combien il est aimé. Peu d’écrivains suscitent autant d’amour et d’admiration, sans pour autant écraser de leur grandeur.
- M.A. : Je crois que Camus, c’est avant tout le courage de la nuance. Il a payé cher cette attitude, car dans ce cas-là, on est attaqué de partout. J’ai observé une ligne directrice dans sa philosophie : un combat contre le nihilisme, toutes ces idéologies qui se construisent sur la haine de l’autre, qui sont indifférentes à
l’homme et à la vie. Camus exalte la vie et le présent.
- M.A. : Cela a toujours existé, c’est un mouvement naturel : on veut destituer des statues, penser hors contexte. Dix ans après la mort du Prix Nobel, paraît, en 1970, le pamphlet « Camus, philosophe pour classes terminale », histoire de dévaloriser la pensée d’un écrivain-philosophe qui n’est plus là pour se
défendre.
- M.A. : Oui, il y a toujours urgence à relire Camus, parce qu’il met l’homme au centre, et l’amour – on a tendance à l’oublier.
- M.A. : Parmi ses dix mots préférés, j’aime qu’il ait choisi « misère » pour pouvoir en parler – ce mot est un peu à la source de toute son œuvre, y compris quand il parle de la lumière des lieux algériens.
- M.A. : C’est impossible à dire, bien sûr ! Mais plus j’avance, plus j’ai un penchant pour ses nouvelles. Cela dit, certaines de ses pièces sont magnifiques. Je relis en ce moment Le Malentendu et Caligula…
- M.A. : Là, aussi, c’est difficile. Si je peux en choisir deux, alors : le docteur Rieux, de La Peste, une humanité hors norme ; et Jean-Baptiste Clémence, le juge-pénitent, de La Chute, personnage complexe, pas forcément sympathique, mais émouvant.
>Dictionnaire amoureux d'Albert Camus, par Mohammed Aïssaoui et Catherine Camus, Plon, 528 pages, 28 euros >> Pour acheter le livre, cliquer sur ce lien
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