Dans Ecrivains d'Italie (éditions Gremese), quatorze écrivains français -parmi lesquels Pierre Adrian, Pierre-Louis Basse, Mark Greene ou Fabienne Jacob- ont été invités par Philippe Vilain à évoquer leur écrivain italien favori. Un projet qui donne lieu à un ensemble de rencontres littéraires croisées et d'histoires racontées. Un livre rempli d'images et de reflets, à lire en butinant les fleurs qui composent ce bouquet de mots.
Quand un écrivain parle d'un autre écrivain, ce sont deux univers qui se rencontrent. Il ne s'agit pas d'analyse, ni même de savoir, mais bien d'imprégnation, parfois d'admiration, voire de fascination.
Lorsque Philippe Vilain a demandé à plusieurs écrivains français contemporains d'écrire sur leur écrivain italien favori, il a découvert à quel point ceux-ci avaient développé de véritables connivences littéraires avec leurs confrères transalpins. Ainsi est né Ecrivains d'Italie (éditions Gremese), un livre qui se lit dans l'ordre que l'on souhaite, et qui entraîne le lecteur de l'autre côté du miroir de l'écriture. D'où l'on découvre que les écrivains se parlent par œuvres interposées. Qu'ils ne sont pas des lecteurs comme les autres. Ils puisent dans les livres la matrice d'une inspiration.
Comme aime à le rappeler Gianni Gremese, directeur et fondateur de la maison d'édition italienne éponyme, il est important, à l'heure de la montée des pensées nationalistes, de « témoigner de la force des liens culturels qui existent entre la France et l'Italie - Italie qui était cette année le pays invité du Festival du Livre de Paris.» En effet, si l'Italie est une patrie majeure pour la peinture et le cinéma, elle l'est aussi pour la littérature, en commençant par le monument du XIIIe siècle : L'enfer de Dante.
Les écrivains français qui ont été contactés par Philippe Vilain sont : Pierre Adrian, Patrick Autréaux, Mona Azzam, Pierre-Louis Basse, Aomar Benkaci, Marco Caramelli, Frédéric Ciriez, Catherine École-Boivin, Mark Greene, Benjamin Hoffmann, Fabienne Jacob, Karine Miermont, Basile Panurgias et Magali Vilain. Le point de départ du projet était clair et éminemment subjectif : décrire un écrivain italien qui a particulièrement marqué leur parcours d'écriture et qui a contribué à nourrir leur pratique et leur imaginaire.
Au cœur de ces exercices d'admiration- imprégnation, on retrouve bien sûr quelques grands maîtres italiens: Dino Buzzati, Italo Calvino, Casanova, Dante, Elena Ferrante, Pirandello, Primo Levi, Alberto Moravia, Pavese, Pier Paulo Pasolini.
Certains choix sont plus surprenants, quand ils se portent sur des auteurs peu connus en France, comme l'italiano-ukrainien Giorgio Scerbaneco, maître du roman noir dans les années 70, la très engagée Natalia Ginzburg ou encore Vittorio Alfieri, pionnier de l'écriture autobiographique.
Chaque écrivain a choisi un angle pour expliquer ce qui a été important pour lui chez son «binôme». Ces textes plutôt courts se lisent comme on recueillerait une lettre intime, car leur point de départ repose toujours sur une émotion, une anecdote. Voici quelques exemples de ces vis à vis fructueux, à découvrir au fil de la lecture du livre.
Pierre Adrian regarde Pasolini, comme un maître à écrire et à vivre. Il célèbre le Pasolini, « poète que j'aime et qui m'accompagne tous les jours. »
Quand Pierre-Louis Basse présente Pavese, il évoque son suicide, inéluctable abandon : « Voilà un homme - un écrivain-, dont le chemin ne cessera plus jamais, dès l'adolescence d'osciller entre solitude, angoisses et quête d'amour absolu (...) »
Mark Greene, revient sur une étrange histoire de dispersion des cendres de Buzzati, qui ont attendu 40 ans avant de pouvoir être réalisée. Un écho avec une nouvelle du célèbre auteur italien. Une histoire qui s'est croisée avec celle de la préparation d'un roman qui se passait au même endroit pour Mark Greene : la part du réel qui résonne avec un projet littéraire.
Karine Miermont retient d'Italo Calvino, sa passion de lecteur « Il parle de sa grande bibliothèque à la façon dont il écrit et dont il imagine être dans la vie, brillant, éclectique, savant, mais aussi facétieux, joueur, se méfiant de l'esprit de sérieux, partageant son plaisir de lire, sa quête d'écrire (...)»
Magali Vilain voit en Elena Ferrante, la construction d'un double mythe : celui de l'identité cachée de son autrice, et aussi et surtout, celui d'une ville, Naples, tout aussi insaisissable.
Philippe Vilain nous rappelle le questionnement de Pirandello : « Devant l'incertitude sur notre identité, l'imaginaire est notre seul refuge, la fiction notre seul espoir d'être, car nous sommes tous à la recherche d'un auteur (...) »
Fiction, auteurs en résonance et chez ces Ecrivains d'Italie, visités par leurs homologues français, l'aveu d'un chemin de vie tourné vers la fiction. De belles pages d'écriture.
>Ecrivains d'Italie , sous la direction de Philippe Vilain, Editions Gremese-Grenelle, 156 pages, 18 euros. Avec les contributions de Pierre Adrian, Patrick Autréaux, Mona Azzam, Pierre-Louis Basse, Aomar Benkaci, Marco Caramelli, Frédéric Ciriez, Catherine École-Boivin, Mark Greene, Benjamin Hoffmann, Fabienne Jacob, Karine Miermont, Basile Panurgias, Philippe Vilain, Magali Vilain.
>> Pour acheter le livre, cliquer sur ce lien
Les lauréats du Prix Mare Nostrum 2024 vient de livrer la liste de ses lauréats. Chaque lauréat recevra une dotation de 2 000 € pour sa c
Légende photo : en haut de gauche à droite : Deloupy (Les Arènes), Carole Maurel (Glénat), Pierre Van Hove (Delcourt/La Revue Dessinée), Sébast
La Centrale Canine décerne chaque année son Prix Littéraire aux 3 meilleurs ouvrages mettant à l'honneur la relation humain-chien.