La relation qui existe entre un auteur et un éditeur est complexe. Parfois tumultueuse, parfois harmonieuse. Bien souvent décriés dans la profession littéraire, les éditeurs ont la vie dure. Et pourtant sans leur soutien, nombre écrivains n'auraient pu construire leur oeuvre. Du 7 au 18 mars 2017, pour la 3è année consécutive une manifestation littéraire originale est organisée par la ville de Poitiers. La finalité des Editeuriales est de favoriser la rencontre entre le public, les maisons d’éditions et les auteurs. Après Julliard (2015) et Actes Sud (2016) c’est aux éditions Flammarion que l’évènement donne carte blanche.
Comme dans un couple, la relation éditeur auteur est rythmée par des rencontres, des disputes, des contrats et des séparations. La figure de l’auteur émerge à la Renaissance, au moment où il développe des liens étroits avec celui qui transforme son texte en livre. Ce n’est qu’au XIXe siècle qu’apparaît réellement une fonction éditoriale distincte, assurée auparavant par des imprimeurs ou des libraires. À partir de ce moment l'éditeur obtient une place prépondérante en tant que médiateur. Il intervient afin de faire naître une œuvre et créer un lien entre l'auteur et le public.
Néanmoins cette relation importante peut, très souvent, être houleuse, voir tumultueuse. Ce travail de co-création amène parfois à des histoires d'amitié, comme pour Jules Vernes et Hetzel, ou parfois à des histoires plus tragiques de suicide, comme pour Nerval. Le problème le plus récurrent de cette relation édité / éditeur reste celui de la rémunération. En effet plusieurs auteurs déplorent un engraissement des éditeurs sur leur dos et sur leur travail. C'est notamment le cas de Louis Ferdinand Céline et Françoise Sagan convaincus d’être exploités. Lorsque Céline évoque Gallimard ce n'est pas pour dire des mots doux : « Tous les éditeurs sont des charognes… ». Sagan ne mâche pas ses mots non plus pour attaquer son éditeur : « C’est incroyable, l’écrivain se tape tout le boulot, le livre, les interviews et, six mois après, on lui envoie 18 % du prix total. Tout le reste a disparu dans les sphères… ». Cependant de ce travail en équipe émerge l'aboutissement d'un livre. L'auteur écrit le texte et l'éditeur le transforme en livre. Certains éditeurs s'investissent énormément dans l'œuvre en conseillant, en intervenant sur le texte ou en imposant un cahier des charges.
Les maisons d'éditions détiennent donc une place importante dans la confection d'une œuvre. Cependant avec l'arrivée du numérique, la création d'une nouvelle ère de production et l'auto-édition, il est permis de se demander si le métier d'éditeur ne pourrait pas être remis en cause. Un sujet qui sera sûrement débattu pendant les Editeuriales.
Le concept des Editeuriales est simple : réunir au sein d’un même lieu, la médiathèque de Poitiers, toute la chaîne du livre, c’est à dire auteurs, éditeurs, libraires et lecteurs. En donnant carte blanche à une maison d’édition les Editeuriales ont comme objectif de mettre en valeur un métier mal connu et bien souvent émaillé d’idées reçues et de contre-vérités. Cet évènement permet également aux éditeurs de se mettre en avant en faisant découvrir au public la diversité et la richesse de leurs catalogues. Avec plus de 3000 participants en 2016, les Editeuriales ce sont dix jours, dix rencontres, une vingtaine d’intervenants, dix auteurs invités et dix séances de dédicace. De plus la jeunesse est privilégiée puisqu’en coulisse, les Editeuriales, ce sont aussi des temps d’échanges entre des auteurs et des lycéens.
Cette année Serge Joncour et Mickael Launay rencontreront des classes de seconde et de première. Pour Anna Pavlowitch, directrice du département littérature de Flammarion, cette manifestation originale traduit la relation éditeur-édité ; « La relation entre les auteurs et leurs éditeurs excède nécessairement ce pour quoi elle se noue : publier le meilleur livre qui soit. Elle est avant tout une rencontre et s’inscrit dans un lien singulier. Car si publier c’est rendre public et donc prendre le risque de s’exposer, tout commence dans l’intimité et la solitude à deux, celles que partagent l’auteur et son tout premier lecteur ». Selon le maire de Poitiers, Alain Claeys, les Editeuriales sont un vrai plus pour la culture dans sa ville ; « Avec Les Editeuriales, véritable « marque de fabrique » propre à la Médiathèque, Poitiers souhaite ainsi proposer une programmation de qualité et variée, porteuse d’un état d’esprit singulier et adaptée à un large public, amateur d’auteurs en vogue ou à découvrir».
Depuis 1876, les éditions Flammarion perpétuent, en se déployant selon les exigences du monde actuel, la démarche de leur fondateur, Ernest Flammarion, éditeur de Zola, Maupassant, Jules Renard, François Mauriac ou encore Colette. Présent très tôt en littérature avec une diversité d’auteurs, Flammarion représente aujourd’hui la littérature sous toute ces formes. Que ce soit la littérature française (Michel Houellebecq, Yasmina Reza, Serge Joncour, Diane Ducret…), la littérature étrangère (Jim Harrison, Doris Lessing…), les romans grand public (Gilles Legardinier, Helena Noguerra…) mais aussi à travers les enquêtes, les thrillers, les biographies, les autobiographies, le théâtre ou la poésie. A la première moitié du XXe siècle Ernest Flammarion décide d’élargir ses publications en introduisant de nombreux autres domaines. L’univers du savoir s’installe avec des écrivain comme Einstein, Jacques Derrida ou encore Fernand Braudel. Aujourd’hui cette catégorie occupe une place de choix avec des essais d’actualité et des collections couvrant les principaux champs disciplinaires, la philosophie (Michel Onfray, Luc Ferry…), les sciences (Pascal Picq, Stephen Hawking…) ou encore l’histoire (Elisabeth Badinter, Franck Ferrand…). Le secteur jeunesse est également présent au sein de la maison d’édition notamment à travers les collections Flammarion Jeunesse et Père Castor. L’éditeur propose une gamme complète de livres qui va des premiers livres d’images jusqu'aux romans pour les adolescents. La maison d’édition Flammarion a toujours voulu respecter l’ambition de son fondateur : « Proposer le meilleur contenu au plus grand nombre ».
L'ensemble des rencontres se tient à la médiathèque François Mitterrand.
> Plus d'informations sur le site de la médiathèque de Poitiers.
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