Etienne de Montety, lauréat du Grand Prix du roman de l'Académie française

Les Académiciens ont choisi un livre qui résonne avec l'actualité et les préoccupations de la société française en couronnant Etienne de Montety pour le Grand Prix du roman de l'Académie. Librement inspiré de l'attentat islamiste de Saint-Etienne-du-Rouvray, son livre La Grande Epreuve (Editions Stock) l'a emporté avec 13 voix, face à Miguel Bonnefoy pour Héritage (Rivage) et Maël Renouard pour L'Historiographe du royaume (Grasset), qui en ont obtenu deux chacun. Etienne de Montety dirige Le Figaro littéraire. Il est l’auteur de plusieurs romans dont La route du salut (2009, Prix des Deux Magots), et L’amant noir (2013, Prix Jean Freustié). Le prix de l'Académie le propulse dans la cour des écrivains avec lesquels il va falloir compter.

Le processus de radicalisation à l'oeuvre dans la jeunesse désabusée

La Grande Epreuve s'inspire de l'attentat terroriste qui s'est tenu dans l'église Saint-Etienne-du Rouvray, près de Rouen, en juillet 2016, dans le cadre duquel le prêtre Jacques Hamel avait été égorgé. Le récit reconstitue, par le point de vue de différents personnages, le processus qui a conduit à un drame comme celui-là.  

Une histoire dans l'Histoire

Le paysage est posé tout de suite par l'auteur au travers des différents protagonistes. Un couple sans histoire, Laure et François Berteau. Leur fils adoptif, David, adolescent enjoué qui se pose des questions sur ses origines. Le père Georges Tellier, un prêtre qui s’arc-boute à sa foi, dans une Eglise qui s’étiole. Frédéric Nguyen, flic résolu à l’action et au silence, pour préserver sa vie privée.

Et puis, Hicham, dont le goût du risque et de la frime finit par le conduire en prison. L'emprise croissante de l’islamisme vient s'agréger sur une colère de plus en plus radicale. Et tout se précipite. 

Un message universel

Le sujet de La Grande Epreuve se veut universel. Peut-être est-ce la raison pour laquelle l'auteur a "dépaysé" l'histoire dans un village du Sud Ouest de la France. La violence, cette violence fanatisée peut surgir de parrout, comme ce fut le cas pour le père Hamel assassiné dans son église de Saint-Etienne du Rouvray. Etienne de Montety s’en inspire librement, en romancier. Par le roman, l'auteur qui est ausssi journaliste, montre très bien le processus progressif qui entraîne l'un puis l'autre des éléments. Il y a de la tragédie antique dans ce récit. Comme si celui qui va commettre l'irréparable finit par se laisser porter par son destin, malgré lui. Au-delà et par-delà lui-même.

>Etienne de Montety, La grande épreuve, Stock, 306 p., 20 euros