Alors que l'emblématique roman d'Irène Nemirovsky, "Suite Française" qui est le seul à avoir reçu le prix Renaudot à titre posthume fait l'objet d'une adapation au cinéma signée Saul Dibb -le film sortira en salles le 1er avril 2015-, un autre de ses livres référents, "Deux" fait l'objet d'une adaptation télévisuelle dans un film réalisé par Anne Villacèque -il sera diffusé sur Arte le 27 mars 2015. Retour sur un univers qui évoque les figures d'une jeunesse de l'Entre-deux-guerres aux années 40, entre la légèreté du badinage amoureux et la gravité de la conscience. Deux récits"sur le fil", portés par la grâce d'une liberté, ô combien d'actualité aujourd'hui. Et deux films inspirés?
2015 sera-t-elle l'année d'Irène Némirovsky? Née en Russie en 1903, elle connaîtra de nombreux exils avec ses parents avant de trouver refuge en France. Irène Némirovsky aimait danser, écrire et jouir de la vie. Elle a remarquablement décrit dans "Le bal" ou dans "Deux", les jeux de l'amour et de l'incertitude, les insouciances graves et les insoutenables légèretés du destin. Elle a écrit ses rêves de jeune fille et les ombres de l'histoire. Arrêtée par les alllemands, elle sera déportée et mourra à Auschwitz en 1942. Elle allait avoir 40 ans. Une vie. Trop courte. Mais une vie que la fièvre d'écrire a éclairé. Et une "intranquillité joyeuse" qui transparaît dans ses textes avec une modernité intacte. Rien d'étonnant à ce la romancière qui est la seule à avoir reçu le prix Renaudot à titre posthume en 2004 pour "Suite française" inspire les cinéastes. "David Golder" et "Le bal" avaient déjà fait l'objet d'une adaptation en 1931, la première par Julien Duvivier, la deuxième par Wilhem Thiele. En 2015, ce sont deux nouveaux textes qui sont adaptés sur les écrans: "Deux" et "Suite française" . Le premier à la télévision sur Arte, le deuxième au cinéma.
Entre les deux guerres, Deux est un menuet amoureux entre plusieurs jeunes gens confrontés à l’ivresse de la jeunesse, puis à la responsabilité de l’engagement. Paris, 1919. Deux jeunes bourgeois au seuil de l’âge adulte, Marianne et Antoine, se croisent au hasard de fêtes où l’on boit et flirte, au lendemain de la «grande boucherie». Lui a connu les tranchées et vit au jour le jour, en dandy désabusé. Elle, fille d’un couple bohême qui la laisse vagabonder à sa guise, se veut libre et cherche le plaisir. Il la séduit, puis s’éloigne. Mais quand ils se revoient, il lui propose le mariage. Un pas-de-deux qui, pour chacun, sera le prélude à une solitude grandissante… Dans les pas d’Irène Némirovsky, dont le roman est paru en 1939, Anne Villacèque peint les fêlures d’une génération perdue, libérée des conventions mais livrée à elle-même dans un monde désenchanté. Elle signe une adaptation frémissante du roman et ose un film presque intemporel qui semble parler à chacun d'entre nous aujourd'hui. Comme la réalisatrice l'explique à Clémence Hérout : "L’époque souligne le romanesque du film et le rend plus poétique, mais ne doit pas l’alourdir ou le muséifier. Je souhaitais que l’action reste contemporaine et que les personnages ressemblent à ce qu’ils pourraient être aujourd’hui. Le roman d’Irène Némirovsky est d’ailleurs étonnamment moderne." Pour laisser plus fluide la résonnance avec aujourd'hui ? : " En tant que spectateurs, nous connaissons la suite. Les trajectoires de ces jeunes gens prennent alors une autre dimension. J’y vois aussi une résonance avec notre époque incertaine où cette appréhension de l’avenir est très présente. Les personnages ont tout juste la vingtaine, mais vivent des histoires de couple très matures. À cette époque, le basculement dans l’âge adulte et tous les choix de vie se réalisaient autour de vingt ou vingt-cinq ans. Je voulais rester dans cette véracité historique, d’autant que cette jeunesse donne beaucoup d’énergie et de romanesque au film. ". La cinéaste qui est restée très proche de l'esprit de la romancière, a vu son film récompensé pour la qualité de sa photographie au dernier Festival de Luchon. Rendez-vous le 27 février 2015 sur Arte pour juger sur "pièces".
Changement de décor avec le film de Saul Dibb tiré du roman éponyme d'Irène Némirovsky. Nous découvrons une superproduction internationale. Nous avons quitté les ambiguités des années 20 et sommes plongés dans les années 40 pendant l'Occupation française par les allemands. Principalement centré sur Dolce, le texte central de cette suite inachevée, le film se veut l'antithèse du "Silence de la mer" tiré du livre de Vercors. Ici les déracinés côtoient les "revenants", les attractions sont parfois ambigues et les choix déchirants. Toute la subtilité du livre est gommée par les jeux de rôle à la distribution plutôt outrancière. Espérons simplement que ce film tourné en anglais incitera à relire le livre d'Irène Némirovsky, plutôt qu'à les en détourner.
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