Julie Doucet est la lauréate 2022 du Grand prix du Festival international de la bande dessinée d'Angoulême. L'autrice Québécoise, pionnière d'une BD féministe et engagée a fait souffler un vent coloré en cette saison qui voulait oublier polémiques et crise Covid.
La consécration. Julie Doucet, née en 1965 à Montréal, est l'une des autrices de bande dessinée les plus importantes. Il était temps que la France lui accorde une récompense de choix. C'est chose faite avec le Grand prix du Festival international de la bande dessinée d'Angoulême, qui vient couronner une personnalité particulièrement charismatique Outre-Atlantique .
Julie Doucet réalise, essentiellement entre 1987 et 19992, des œuvres de bande dessinée dans un contexte où ce sont en majorité des hommes qui en publient. « Elle a participé à l’émergence de l'auto-fiction dessinée », écrit le journaliste Tewfik Hakem en 2022, qui précise aussi que certains chercheurs en sciences sociales la considèrent comme « une des figures du féminisme contemporain ». Elle est ainsi « précurseure d'un nouveau féminisme en bande dessinée », d'après Anne-Elizabeth Moore, qui a consacré une étude à son œuvre (étude parue en 2018). Sa période de création de bande dessinées couvre douze ans et, selon la journaliste Laurence Houot en mars 2022, elle est « une figure tutélaire de la BD alternative ». Avec elle, pas de dessin girly ou d'humour entre copines. Son style ose « cogner fort ». Adieu mièvrerie et états d'âmes devant le miroir. Julie Doucet a posé la conquête d'une affirmation de soi comme l'exaltation d'une reconnaissance sans fard.
En ce qui concerne la bande dessinée, « dessins en noir et blanc, cases surchargées, personnages à grosse tête : le trait et le style de la Canadienne s'inspirent des comics de l’underground américain » Toutefois, son regard et son utilisation des codes du genre en font quelque chose de singulier et nouveau, toujours selon le journaliste Tewfik Hakem.
Après avoir étudié les arts plastiques au Cégep du Vieux Montréal au début des années 1980, Julie Doucet s'inscrit à l'Université du Québec à Montréal, où elle complète un certificat en arts d'impression. Au cours de ses études, elle découvre la bande dessinée et commence à publier un fanzine photocopié : Dirty plotte, dans lequel elle documente en français et en anglais sa vie quotidienne, ses rêves, ses angoisses. Le titre est repris en 1991 par l'éditeur Drawn & Quarterly. Après avoir vécu à New-York, Seattle et Berlin, Julie Doucet est retournée à Montréal où elle vit et travaille désormais, opérant dans un champ plus proche des arts graphiques (collage, poésie, roman-photo). Ses travaux, qu'elle édite en tirage limité en sérigraphie, sont parfois publiés par Drawn & Quarterly ou en auto-édition.
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