Découvrons à l'occasion du salon Siel les nouvelles manières de se faire éditer. De la simple auto-édition à l'invitation à investir sur les futurs stars de la littérature, regards croisés de différents intervenants d'une nouvelle génération.
Symbole du changement dans le monde de l'édition, le premier salon indépendant des écrivains et libraires se tiendra à la Grande Bibliothèque de France ce week end. Sa présidente et fondatrice Line AmiRyan met l'accent sur le vent de nouveautés et le besoin d'adaptation qui agite le monde des livres en ce moment. A l'heure où la numérisation va bon train, où Internet ne cesse d'innover pour ouvrir de nouvelles voix, ce salon invite à lire cette révolution.
Avant toute chose, notons que Siel de Paris est une association qui souhaite mettre en lumière tous ces auteurs, libraires et éditeurs dont on ne parle pas assez et qui sont si nombreux. Pour le Siel, la lecture doit plus accessible. Il faut donc faciliter la publication et la diffusion des oeuvres. Le salon attend ce week end plus de quatre cents écrivains et plus de quarante maisons d'éditions. Il se présente encore comme ce qu'on a appelé au XIXème siècle le Salon des Refusés en peinture. Aura-t-il autant de répercussion à travers les siècles? Une série de conférences sur l'objet livre, l'édition numérique ou encore sur les rapports entre les auteurs et les réseaux sociaux se tiendra samedi et dimanche.
En Juin 2009, on apprenait dans un article du Figaro que l'autoédition venait de dépasser l'édition traditionnelle aux Etats Unis. En France, il semblerait qu'on n'en soit pas loin. Avec Internet, il n'y a rien de plus simple que de mettre en ligne son texte. Avoir son livre devient de plus en plus séduisant pour un auteur. Aujourd'hui, on ne rêve pas seulement d'être écrivain, on peut le devenir. Une nouvelle dynamique culturelle se mettrait-elle en place?
Léo Scheer en 2007 créé la collection M@nuscrits faisant naître un espace en ligne à travers une communauté d'auteurs lecteurs. Il met en ligne Rater mieux de Géraldine Barbe et cherche à tendre vers un système démocratique. Etre lu et commenté sans avoir à débourser d'argent était la première formule de Leo Scheer. Désormais, l'appât du gain prime sur le partage des lectures. Leo Scheer souhaite transformer les m@nuscrits en site payant sur abonnement. Sur le site de M@nuscrits de Leo Scheer, on peut lire la quatrième de couverture, le manuscrit en ligne, le télécharger et le noter. Leo Scheer devenait le premier éditeur à créer une collection de livres en ligne. Présentant sa collection, il notait: « Après l’ avènement de l’ imprimerie, il y a cinq siècles, la planète Gutenberg a permis l’ accès du plus grand nombre à la lecture. Après l’ avènement du numérique, depuis une dizaine d’années, une nouvelle et rapide mutation se déroule sous nos yeux qui permet l’ accès du plus grand nombre à l’ écriture. Nous assistons à l’ éclosion, sur l’ Internet, d’ une multitude d’ écritures, véritable explosion de ce qu’ on désigne parfois comme la blogosphère, terme qui vient de l’ écriture quotidienne des blogs, particulièrement répandus dans notre pays. Comment faire rencontrer la blogosphère et la planète Gutenberg ? C’ est une des questions majeures pour l’ édition de demain. »
Des textes proposés à des lecteurs en vue d'évaluation, c'est aussi ce que propose la maison Les nouveaux auteurs.com avec la publication sur papier de l'ouvrage. Cette maison a pris conscience de la difficulté d'être édité par la voie classique et souhaite permettre de faire émerger de nouveaux talents. Grâce à un comité de lecture constitué par des lecteurs passionnés, le texte est noté et accompagné d'une fiche très précise. L'auteur dialogue alors avec son lecteur. Jean-Laurent Poitevin, créateur des Nouveaux Auteurs nous confiait dans un entretien : "Dans le milieu de l'édition traditionnelle les barrières sont énormes. Pensez qu'au cours d'une année, seuls cinq cents premiers romans voient le jour. Les éditeurs sont de plus en plus frileux et les auteurs osent de moins en moins se lancer dans l'aventure. En créant Les Nouveaux Auteurs, j'avais envie de donner la parole à des lecteurs passionnés pour tendre vers un système plus citoyen."
Dans un genre différent, lancé en Mai dernier, MMCB est né de la fusion entre My Major Company et Bernard Fixot, directeur général des éditions XO qui éditent de nombreux best sellers. Le monde de l'édition semble bien loin pourtant car l'aspect ludique prône sur l'objet littéraire. Première maison d'édition participative française, elle demande au lecteur de miser sur l'ouvrage avec une somme minimum de 10 Euros. Lorsque l'ouvrage a atteint 20.000 Euros, XO l'édite. Enfin, le texte apparaît importer moins que l'auteur qui l'a écrit. Sur le site de MMCB, l'internaute peut voir et entendre l'auteur raconter les raisons du livre qu'il a signé mais surtout se livrer sans complexe. Autre élément et non des moindres, l'internaute mise sur un texte qu'il n'a pas lu intégralement. Le site propose des vidéos de l'auteur, un synopsis du livre et seuls des extraits du livre. Les internautes qui se lancent dans l'aventure deviennent alors des "éditeurs actionnaires".
Néanmoins, ces nouvelles formes d'édition peuvent engendrer des histoires inattendues. Pensons à la fabuleuse histoire d'Anne Plichota et Cendrine Wolf, auteurs du conte Oksa Pollock. Elles témoignent avec leur succès de merveilleuses rencontres grâce à Internet. Simples bibliothécaires, elles ont été propulsées comme auteurs à succès en pariant au départ sur l'auto-édition. En déposant leur ouvrage dans les librairies, elles passent le cap des 10.000 exemplaires vendus. Sur Internet, le blogeur Achille agé de 15 ans mène une capagne d'attaque, envoyant à quantité d'éditeurs des lettres furieuses pour dire sa révolte qu'Oksa Pollock ne soit pas édité par l'un d'entre eux. Xo a entendu Achille et publie le texte qui aujourd'hui a dépassé tous les espoirs des deux jeunes femmes.
Ce passage de démocratisation dans l'édition serait-il une simple tendance ou l'inévitable évolution d'un métier qui a besoin de se renouveler? Les industries du livre et du disque possèderaient-elles autant de points communs? A trop vouloir rendre accessible l'écriture au plus grand nombre, ne met-on pas parfois en péril la qualité des textes? Encore beaucoup de questions sans réponse mais une chose est certaine, l'écrit est en mutation. De nouveaux auteurs sont en train de naître. La création en recueille les fruits.
Siel, du 6 au 7 Novembre 2010.
Bibliothèque Nationale de France
Site François Mitterrand.
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