La saison des prix littéraires suit son chemin. Après le prix Femina décerné à Marcus Malte et le Grand prix du roman de l’Académie Française attribué à Adélaïde de Clermont-Tonnerre c’est au tour du prix Goncourt de bientôt rendre son verdict. Cette année les quatre finalistes sont Catherine Cusset, Gaël Faye, Régis Jauffret et Leïla Slimani. Nos pronostics.
Catherine Cusset, Gaël Faye, Régis Jauffret et Leïla Slimani sont les quatre finalistes pour le prix Goncourt 2016 avec en commun des thèmes très sombres pour leurs œuvres. On vous en dit plus.
L’auteure : Catherine Cusset est née à Paris en 1963. Ancienne élève de l'École normale supérieure de la rue d'Ulm et agrégée de lettres classiques, elle a enseigné la littérature française du XVIIIe siècle à l'université Yale, aux États-Unis, pendant douze ans. Aujourd’hui elle vit à New York avec son mari américain et sa fille. Elle est, à ce jour, l'auteure d'une dizaine de romans. Son œuvre "Un brillant avenir" a obtenu le prix Goncourt des lycéens en 2008.
L’histoire : "Quand tu penses à ce qui t’arrive, tu as l’impression de te retrouver en plein David Lynch. Blue Velvet, Twin Peaks. Une ville universitaire, le cadavre d’un garçon de vingt ans, la drogue, la police, une ravissante étudiante, une histoire d’amour entre elle et son professeur deux fois plus âgé : il y a toute la matière pour un scénario formidable. Ce n’est pas un film. C’est ta vie." L’autre qu’on adorait fait revivre Thomas, un homme d’une vitalité exubérante qui fut l’amant, puis le proche ami de la narratrice, et qui s’est suicidé à trente-neuf ans aux États-Unis.
Pourquoi il a ses chances : Avec ce douzième roman, on retrouve l’intensité psychologique, le style serré et le rythme rapide qui ont fait le succès de Catherine Cusset. Cette belle écriture est un éloge funèbre sur un fond de sincérité et d’autobiographie. L’auteure utilise un procédé assez original puisqu’elle parle directement à son ami Thomas en lui disant « tu ». Ce tutoiement permet aux lecteurs de rentrer dans l’intimité, plus ou moins réel, de l’écrivaine. Ce sujet difficile est traité avec un style et une élégance propres à Cusset toujours très agréable.
L’auteur : Gaël Faye est né en 1982 au Burundi d'une mère rwandaise et d'un père français. En 1995, après le déclenchement de la guerre civile et le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994, il arrive en France. Gaël Faye, qui passe son adolescence dans les Yvelines, découvre le rap. Il obtient un master de finance et travaille à Londres durant deux ans pour un fonds d'investissement. Il quitte la cité de Londres pour se lancer dans l'écriture et la musique. Franco-rwandais, Gaël Faye est auteur compositeur interprète de rap. En 2013 paraît son premier album solo, Pili Pili sur un Croissant au Beurre. Enregistré entre Bujumbura et Paris, il se nourrit d’influences musicales plurielles: du rap teinté de soul et de jazz, du semba, de la rumba congolaise, du sébène. En 2016, il sort un premier roman, "Petit pays".
L’histoire : En 1992, Gabriel, dix ans, vit au Burundi avec son père français, entrepreneur, sa mère rwandaise et sa petite sœur, Ana, dans un confortable quartier d’expatriés. Gabriel passe le plus clair de son temps avec ses copains, une joyeuse bande occupée à faire les quatre cents coups. Un quotidien paisible, une enfance douce qui vont se disloquer en même temps que ce « petit pays » d’Afrique brutalement malmené par l’Histoire. Gabriel voit avec inquiétude ses parents se séparer, puis la guerre civile se profiler, suivie du drame rwandais. Le quartier est bouleversé. Par vagues successives, la violence l’envahit, l’imprègne, et tout bascule. Gabriel se croyait un enfant, il va se découvrir métis, Tutsi, Français.
Pourquoi il a ses chances : « Petit pays » retrace la période sombre du Burundi dans les années 90 à travers le regard innocent d’un enfant. A travers ce premier roman Gaël Faye nous parle un peu de son histoire. Bien qu’il ait fait le choix de laisser de côté la violence et l’horreur de la guerre ce roman reste intense, bouleversant et émouvant. Le langage est simple et visuel. La plume très douce de l’écrivain est d’autant plus marquante au vu des circonstances. Gaël Faye écrit comme il chante, admirablement bien.
L’auteur : Né en 1955 à Marseille, Régis Jauffret s'est imposé comme l'une des voix de la littérature contemporaine française. Qualifié d'écrivain de la folie et de la cruauté il écrit des œuvres parfois inspirées de faits divers. Ses romans lui ont valu de recevoir de nombreux prix, comme le prix Décembre pour "Univers, univers" (2003), le prix Fémina pour "Asiles de fous" (2005), ou encore le prix France Culture/Télérama pour ses fameuses "Microfictions".
L’histoire : Noémie est une artiste peintre de vingt-quatre ans. Elle vient de rompre avec Geoffrey, un architecte de près de trente ans son aîné avec qui elle a eu une liaison de quelques mois. Le roman débute par un courrier d’elle adressé à la mère de cet homme pour s’excuser d’avoir rompu. Un courrier postal plutôt qu’un courrier numérique qu’elle craindrait de voir piraté. Une correspondance se développe entre les deux femmes qui finissent par nouer des liens diaboliques et projeter de dévorer Geoffrey. Les deux femmes sont des amoureuses passionnées. La vieille dame a donné à son fils le prénom du seul homme qu’elle n’ait jamais aimé, mort accidentellement avant son mariage. Noémie est une « collectionneuse d’histoires d’amour », toujours à la recherche de l’idéal tandis que Geoffrey s’efforce sans succès d’oublier cette amante qu’il a adorée.
Pourquoi il a ses chances : « Cannibales » ne laissera personne indiffèrent. Cette docufiction, sous forme épistolaire, enchaine les lettres pleines de passion d’amour et de haine. Ce livre décrit parfaitement le cynisme des relations humaines. L’auteur manie avec brio les métaphores et le rythme déroutant. Que l’on aime ou non ce genre de récit cruel l’écrivain arrive à interpeller le lecteur de par la beauté de sa plume. Ce style si particulier fait, de Régis Jauffret, sa singularité.
L’auteur : Née à Rabat en 1981, Leïla Slimani est une journaliste et écrivain franco-marocaine. Diplômée de l'Institut d'études politiques de Paris, elle s'essaie au métier de comédienne (Cours Florent), puis se forme aux médias à l'École supérieure de commerce de Paris. Elle est engagée au magazine Jeune Afrique en 2008 et y traite des sujets touchant à l'Afrique du Nord. En 2014, elle publie son premier roman chez Gallimard, "Dans le jardin de l'ogre". L'ouvrage est proposé pour le Prix de Flore 2014.
L’histoire : Lorsque Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide malgré les réticences de son mari de reprendre son activité au sein d'un cabinet d'avocats, le couple se met à la recherche d'une nounou. Après un casting sévère, ils engagent Louise, qui conquiert très vite l'affection des enfants et occupe progressivement une place centrale dans le foyer. Peu à peu le piège de la dépendance mutuelle va se refermer, jusqu'au drame.
Pourquoi il a ses chances : Bouleversant et captivant, voilà les deux adjectifs qui qualifient le mieux le roman de Leila Slimani. L’écrivaine a le sens du récit et sait scotcher son lecteur. Son style est simple, singulier et parfaitement travaillé ce qui permet de dévorer le livre en très peu de temps. Le lecteur est captivé du début à la fin avec un suspense qui ne faiblit jamais. Ne vous laisser pas avoir par ce titre si doux car le contenu de cette œuvre est glaçant. Ce thriller psychologique est d'autant plus réussi que le livre ne juge pas et laisse le lecteur dans l'inconfort.
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