Le thème du double est l'un des plus fascinants de la littérature, peut-être même le thème essnetiel, ontologique, puisque l'écrivain vit une sorte de dédoublement lorsqu'il écrit. Viabooks s'associe cet été au site Mon Best Seller qui lance un concours de nouvelles : « Mon double a pris ma place ». Nous espérons que, parmi les nombreux participants, nous allons découvrir un nouveau talent qui viendra rejoindre les grands auteurs, qui, d'Oscar Wilde à Dostoïevski, n'ont eu de cesse de chercher les ombres de l'altérité dans leurs récits envoûtants.
La rencontre avec le double est un des thèmes majeurs de la littérature. Peut-être même le thème ontologique de toute écriture : l’écrivain ne pratique-t-il pas en soi un acte de dédoublement, lorsqu’il construit un récit et se projette dans ses personnages imaginaires puisés au plus profond de lui-même? Le double est une question, une mise en tension entre deux entités. Double jeu, sujet du miroir et de l’altérité, et au-delà, celui de l’identité. Quel est ce double qui me ressemble, mais qui n’est pas moi ? Quel est cet imposteur qui se fait passer pour moi ?
Le double peut être aussi compris dans son sens littéral, évoquer la fusion amoureuse, cet état où les deux s’unissent pour chercher à ne plus faire qu’un, alors qu’ils seront toujours deux, cette quête initiale de la fusion avec la mère. L’enfantement incarnant la scène primitive de la transmutation de un en deux. Fusion et défusion, éternelle histoire de l'homme.
Le double fascine et effraie tout à la fois. Il fascine, parce qu'il déplace les frontières du réel – c’est pourquoi la littérature fantastique s’en est souvent emparée. Il effraie, parce qu'il menace celui qui craint d’être dépossédé de lui-même. Cette figure de la dépossession que l’on retrouve par exemple dans Aurélia de Gérard de Nerval, ou dans le Horla de Guy de Maupassant ou encore dans Le portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde. Oscar Wilde a poussé à l’extrême cette externalisation du « soi ». Toute transformation ne relève-t-elle pas d’ailleurs d’un pacte avec le diable, la limite entre soi et l’autre ? Celui-là même qui sort l’âme du corps pour la vider de sa conscience et l’abandonner à son funeste sort ? Dostoïevski a parfaitement décrit ce processus d’expulsion de soi-même dans Crime et châtiment et même dans Le double, consacré justement à une histoire de mise en abyme personnelle soumise au doute des autres. Comme dans La moustache d'Emmanuel Carrère, où le héros qui s'est rasé la moustache note que personne de son entourage ne l'a remarqué et qu'il finit par se penser en dédoublement de celui qui continue de vivre aux yeux des autres avec une moustache. Le doute, toujours le doute... Dans Le guetteur, Vladimir Nabokov laisse flotter une ambiguité sur un narrateur observant, guettant la vie d’un autre, qui se révèle être lui-même à la fin du roman. Le double se situe en effet aussi dans une dialectique de dualité et de combat. Le fameux combat avec l’ange décrit par Jean-Paul Kaufmann dans son livre éponyme qui évoque le tableau de Delacroix de l’Eglise Saint-Sulpice. Et surtout cette fameuse Métamorphose décrite par Kafka, dont on ne sait jamais s’il s’agit de la sensation du narrateur ou d’une réalité. Car qu’est-ce que la réalité, si ce n’est ses nombreuses représentations ? Double jeu ou double je ?
Les jumeaux symbolisent le double, pas de corps, mais d’âme ; l’une éphémère, l’autre immortelle précise Otto Rank, psychanalyste d’origine autrichienne. En amenant sur terre son double immortel. Dans la mythologie, les jumeaux sont souvent des héros et accomplissent une tâche qui fait avancer la civilisation ou le nœud de l'intrigue d'un récit ( comme les légendaires Remus et Romulus); mais bien souvent, le meurtre de l’un d’eux est la conclusion de la survie de l’autre.
Au-delà des légendes, la notion de "Doppelgänger", né de la litterature allemande au XVIIIème siècle, désigne ceux qui se voient eux-mêmes. C’est en général de mauvais augure, symbole de mort ou de maladie. Ce double en miroir est censé être le conseil ou la conscience, mais il n’est pas toujours avisé et peut conduire à de mauvaises décisions.
A l’ère des greffes totales, des clones et des robots, la question du double n’a jamais semblé aussi « réelle ». C'est pourquoi, l'équipe Viabooks a décidé de soutenir le concours d'écriture de Mon Best Seller sur ce thème aux innombrables variations.
Le thème choisi est précisément : « Mon double a pris ma place ». Un concours auquel tous les écrivains volontaires sont invités à participer gratuitement, en envoyant le texte d'une nouvelle. La date de clôture d'envoi est le 31 août. A Viabooks, nous lirons avec attention tous les manuscrits qui nous seront transmis par Mon Best Seller, nous voterons pour nos préférés et mettrons en avant les lauréats dans notre rubrique Découverte.
> Date limite d'envoi des nouvelles : mercredi 31 août 2016 à minuit.
> Règlement et conditions sur le site MonBestSeller
>Présentation du projet sur le site Mon BestSeller
> Contact pour envoyer les nouvelles : concours@monbestseller.com
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