Avec Le fracas du temps (Mercure de France), Julian Barnes livre une partition sincère, flegmatique et grave qui retrace l'histoire du compositeur Chostakovitch, à travers un contexte de guerre soviétique. Un livre qui revient sur la vie de ce musicien génial et sur une page d'Histoire, le stalinisme, qui n'a pas fini d'être exhumée.
L'auteur du Perroquet de Flaubert (1984), Love etc (1992) et plus récemment d'Une fille qui danse (2011) a vu sa dernière oeuvre, Le fracas du temps, paraître en librairie le 8 avril 2016. Un livre sincère, flegmatique et grave qui retrace l'histoire du compositeur Chostakovitch, à travers un contexte de guerre soviétique. Faut-il adhérer à des partis politiques que l’on déteste pour protéger sa famille ? Ou faut-il au contraire se révolter devant des personnages qui nous indignent et que l’on exècre ? Qu'aurait-on fait à sa place ? Telles sont les questions essentielles et existentielles qui ponctuent le récit du talentueux et apprécié Julian Barnes, dont le style unique sait emplir complètement le regard de ses lecteurs.
Dans ce nouveau roman, le compositeur Dimitri Chostakovitch est au centre de l’histoire. Un personnage tourmenté au destin difficile, toujours otage malgré lui de plusieurs régimes communistes qui se succéderont au fil de son existence. Ses qualités musicales sont reconnues, et le placent haut sur l’échelle hiérarchique. C’est pourquoi il devra batailler, contre sa propre conscience : est-il un lâche d’approuver, hocher la tête, faire bonne figure, quand son pays subit le joug d’un dictateur ? Qui doit-il prioriser ? Sa patrie, ou sa vie de famille ? Un statut passif, de « collabo » dont le musicien aura honte jusqu’à la fin de sa vie.
Lorsque Julian Barnes manie les mots, c'est toujours un réel plaisir que de le lire et de se plonger dans ses écrits. Le romancier anglais sait parler à ceux qui le lisent. Il a cette caractéristique française qui plaît tant à ses compatriotes, et a contrario, ce style et ce cynisme britannique que les français adorent. A cheval entre deux cultures, Barnes joue aisément avec ces deux facettes de sa personnalité d'écrivain. Les thèmes qu’il choisit, biographiques, et qui tournent autour d’un contexte particulier enchantent souvent le lecteur (Le perroquet de Flaubert, prix Médicis en 1986), et c'est avec brio qu'il parvient toujours à susciter l’étonnement, avec une inventivité sans cesse renouvelée.
En s’emparant du destin de Chostakovitch, Julian Barnes développe un thème implicite dans lequel chacun peut se reconnaître à travers lui. Les questions soulevées et engendrées par une « collaboration » involontaire, ou une politique de « neutralité » peuvent arriver à chaque individu en situation de guerre ou de dictature. Qui pourrait prétendre à une attitude exemplaire dans un cas comme celui-ci ? Barnes montre plus que jamais, dans cette oeuvre, les failles de l’être humain, sa vulnérabilité, et le dilemme : faut-il soutenir une cause au détriment d’une autre ? Un livre qui nous touche et nous envoûte, de même qu'il ose aussi la question de la conscience des artistes. Une question qui résonne avec une particulière acuité aujourd'hui.
> Julian Barnes, Le fracas du temps, Mercure de France
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