C'est la plume avisée d'une historienne spécialiste du XVIIIème siècle qui nous décrit Versailles dans les deux jours qui suivirent la prise de la Bastille. Et c'est à travers le regard d'une lectrice de la reine Marie-Antoinette, cultivée mais n'appartenant pas à la noblesse, que nous sont dépeints les coulisses d'un Château Rêve qui s'effondre. Petit à petit, grâce au journal d'Agathe Laborde, les étapes de la perte d'une Cour qui court, qui fuit, nous sont dépeintes. La lectrice apparaît comme cette deuxième voix qui raconte l'histoire autrement.
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La rumeur court, elle vient de Paris et s'insinue dans l'esprit des gens de la Cour. Elle s'appelle progressivement la Panique. Elle se personnifie sous la forme d'une femme qui vient jeter un rat dans le plat du Roi.
Puis, c'est la débâcle. Versailles est atteint d'une maladie qui tantôt révolte, tantôt fait fuir. Cette maladie tient à son rapport au réel: Versailles ne voit pas le peuple qui souffre, qui gronde et a finit par se révolter.
Instruite mais n'appartenant pas à la noblesse, Agathe Laborde est fascinée par la Reine. C'est avec peur et angoisse qu'elle voit sa chute et craint pour sa vie, tandis qu'elle se demande ce qu'il adviendra d'elle. Elle n'a aucune emprise sur l'environnement qui l'entoure, dû à sa petite position à la Cour, et connaît pourtant le peuple dont elle vient. Introduite il y a quelques années, elle n'appartient plus à cette vie qui existe en dehors du Château. C'est pourtant avec effroi qu'elle voit la violence se propager et assaillir un endroit qui n'était que paix et beauté.
Par la figure d'Agathe Laborde, la position du lecteur est dans un entre-deux. Il perçoit l'effroi et l'angoisse des nobles tandis qu'il est témoin de la souffrance de ceux qui sont à leurs ordres et qui sont encore, d'une certaine manière, reliés au peuple. Ces personnes se révoltent, tandis que Mademoiselle Laborde reste subjuguée par la beauté de la Reine. Sa position est confortable auprès de Marie-Antoinette, elle a été conquise par la beauté de ce paradis qui se perd.
Il n'est plus question d'empathie pour le peuple, la jeune-femme a été séduite par la Cour. Le lecteur peut être frappé par son manque de discernement. En effet, Agathe Laborde ne se sent pas concernée par les revendications d'un peuple auquel elle a appartenu.
En filigrane, le lecteur est emporté par la plume de la lectrice qui raconte l'histoire autrement, dans l'intimité.
Son journal apparaît comme le moyen ultime de rentrer dans les détails de ce monde en fuite, il raconte la seule histoire que la Reine n'aurait jamais voulu entendre entendre.
>Roman de Chantal Thomas, Les adieux à la Reine, Seuil, 2003
>Film de Benoît Jacquot, Les adieux à la reine, 2012
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