Les débuts discrets de Murakami

Un livre, deux romans : « Ecoute le chant du vent » et « Flipper », écrits respectivement en 1979 et 1973. Deux textes totalement inédits en France, alors que Murakami avait jusqu’à présent interdit leur publication en dehors du Japon, estimant qu’ils n’étaient pas à la hauteur des livres qui ont suivi. Les voila réunis aujourd’hui, après trente-sept ans, sous une même couverture, publiée chez Belfond, pour composer les deux premiers tomes de la « trilogie du Rat ».  

Haruki Murakami c’est plus d’une dizaine de romans, essais et traductions, qui ont fait de lui l’écrivain qu’il est aujourd’hui, une star de la littérature contemporaine, adulé au Japon, son pays natal, et partout dans le monde. Pourtant, Murakami est devenu écrivain par hasard, par l’envie soudaine d’écrire un roman, raconte-t-il dans son dernier essai « Romancier de profession », paru en 2015 au Japon. Ces premiers écrits, l’auteur les a rédigés la nuit, sur un coin de la table de sa cuisine. « Pour moi, ce texte représentait une sorte de défi, écrit seulement pour répondre à un désir » précise Murakami dans la préface de l’édition française, dont voici un extrait : 

« J’écrivais toujours sur la table de la cuisine, tard dans la nuit, jusqu’au petit matin. C’est la raison pour laquelle je nomme ces deux romans « écrits sur la table de la cuisine ». Avec beaucoup d’amour et une certaine gêne… Pour rien au monde je ne voudrais les changer. Un peu comme de très vieux amis. Peut-être que je ne les rencontrerai plus, que je ne leur parlerai plus, mais il est certain que jamais je ne les oublierai. Ils sont précieux pour moi, irremplaçables. Ils m’encouragent, me réchauffent le cœur. » 

 

Prémices d’un grand écrivain

 

Ces deux courts romans suivent le parcours du héros et de son compagnon surnommé « Le Rat », leurs espoirs, leurs obsessions, leurs rencontres et leur échecs. Un livre d’abord écrit en anglais, pour ensuite être traduit dans sa langue maternelle, qu’il ne jugeait à priori pas adaptée. Une oeuvre de jeunesse, qui a été très vite reconnue au Japon puisque Ecoute le chant du vent a reçu le prix Gunzo en 1979. Le talent du romancier est ainsi immédiatement repéré.  

Ces livres sont donc l’occasion de plonger aux sources de ce grand écrivain. Avec les premiers récits de Murakami, il est désormais possible de découvrir ses débuts, ses premiers écrits. On retrouve là déjà tous les grands avariants de toute cette réflexion sur les amitiés, la mélancolie. L’univers de Murakami est là, avec ses détails du quotidien, son fantastique et sa quête du personnage. Les prémices de ce qui va suivre donc : une oeuvre couronnée de succès dès ses débuts avec La Course au mouton sauvage (Seuil) en 1990, puis Danse, danse, danse (Seuil), paru en France en 1995. Plus tard, c’est le dixième roman de l’écrivain, Kafka sur le rivage (Belfond, 2006) qui séduit le monde entier, avant le succès incroyable de la trilogie 1Q84, dont le premier tirage est épuisé le jour même de sa mise sur le marché, en 2009. L’auteur, qui est pressenti pour le prix Nobel depuis quelques années, n’en finit donc pas de séduire les lecteurs. Aucun doute, ces deux premiers romans ne feront pas exception, et raviront ses fans, mais aussi ceux qui le connaissent moins.

 

>>Haruki Murakami, Ecoute le chant du vent et Flipper (Belfond)

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