Cet automne fait la part belle à la littérature étrangère. Ne manquez pas l'inédit de Toni Morrison, ainsi que les dernières livraisons de Julian Barnes, Orhan Pamuk, Sally Rooney et quelques pépites signées Colm Toibin ou Jennifer Egan, entre autres... Découvrez notre sélection.
Quelle histoire ? Twyla et Roberta ont huit ans lorsqu'elles se rencontrent un jour au foyer de St-Bonaventure. Quatre mois durant, les deux fillettes deviendront et resteront inséparables, avant que la vie ne les éloigne. Au fil des années, elles se recroiseront au gré du hasard. Des retrouvailles souvent malaisées, jetant une lumière trouble sur un épisode de leur enfance, une scène en apparence anodine mais dont le souvenir ne les a jamais quittées – si tant est que ce souvenir soit fidèle à ce qui s'est réellement passé ce jour-là.
Pourquoi ce livre ? Ce livre est un inédit de la grande prêtresse de la littérature afro-américaine. Une histoire touchante, et surprenante, dans laquelle nous nous retrouvons tous. Ce Récitatif qui est préfacé par Zadie Smith nous monte combien la grande Toni Morrison est une voix forte, au phrasé toujours aussi moderne, même après sa mort.
Quelle histoire ? Elle se tenait debout, sans notes, ni trac. Elle sourit, immobile et commença : "Vous aurez remarqué que le titre de ce cours est “Culture et civilisation”. Ne vous inquiétez pas, je ne vais pas vous bombarder de graphiques et de diagrammes. Je ne vais pas vous gaver de faits comme on gave une oie de maïs... Je m'adresserai aux adultes que vous êtes sans nul doute. La meilleure forme d'éducation, comme les Grecs le savaient, est collaborative. Nous pratiquerons donc le dialogue... Mon nom est Elizabeth Finch. Merci. " Et Neil, la trentaine, comédien sans succès s'éprend aussitôt de cette enseignante, largement cinquantenaire. Mais qui est vraiment Elizabeth Finch ? Mystérieuse, indéchiffrable, on ne sait rien de sa vie. Que découvrira Neil, vingt ans plus tard, quand il héritera de ses papiers personnels ? Pourquoi en revenait-elle sans cesse au personnage de Julien l'Apostat, empereur romain qui n'alla jamais à Rome et qui, s'il n'était pas mort à trente et un ans aurait peut-être modifié le cours de l'Histoire en voulant renoncer au christianisme pour revenir aux dieux d'autrefois ?
Pourquoi ce livre ? Oui, qui était réellement Elizabeth Finch ? Et Julian Barnes nous donnera-t-il des réponses dans ce roman autour d'un amour si étrange et si romanesque ? Come toujours Julian Barnes, l'un des plus grand auteurs britanniques nous entraîne dans un petit bijou d'érudition, d'esprit et de surprise. Un régal.
Quelle histoire ? Depuis 2009, l'écrivain écrit et dessine dans des carnets dont 200 doubles pages sont ici reproduites. Il évoque son travail d'écrivain et l'avancée de ses livres, consigne son quotidien, note ses pensées et réflexions inspirées par l'actualité. Il retravaille certains dessins et crayonne les espaces vides pour créer un univers intime fondé sur l'union du texte et du dessin.
Pourquoi ce livre ? L'ancien prix Nobel de littérature a créé un livre magnifique, autant en termes de contenu que de contenant. Un texte qui donne à lire, autant qu'à voir. Une manière d'entrer dans l'intimité de l'écrivain turc. De pénétrer son regard, son monde, sa poésie.
Quelle histoire ? « C'est à l'âge de quinze ans que le chant s'est éveillé en moi. Je m'ouvrais à la poésie et entrais, comme par effraction, dans la voie de la création... » Depuis son premier essai sur l'eau et la soif (unique témoin de son adolescence chinoise qu'il a emporté en France, et dont il nous livre aujourd'hui la traduction) en passant par ses rencontres avec Gide, Lacan, Vercors, Emmanuel, Michaux, Bonnefoy, et tant d'autres, François Cheng nous fait partager la longue route qui l'a conduit à devenir, lui l'exilé qui ne savait dire ni « bonjour » ni « merci » lorsqu'il est arrivé à Paris, un poète français. Cette route, malgré les horreurs de la guerre en Chine, l'extrême précarité matérielle en France, et de cruels tourments intérieurs, est toujours éclairée par la poésie française qu'il intériorise au fond de sa nuit solitaire. Elle l'est aussi par un amour passionné pour la langue d'un pays dont Cheng a fini par épouser le « chant » et le destin.
Pourquoi ce livre ? La lumière singulière qui émane de ce récit est celle d'une symbiose qui unit la Voie du Tao et la voie orphique et christique, orientant sans cesse le poète vers l'authentique universel. L'Académicien poète et ami des écrivains, nous livre un texte magnifique sur son amour de la culture française.
Quelle histoire ? Alice, jeune romancière ayant connu un succès fulgurant, quitte Dublin pour s’installer dans un petit village d’Irlande. Elle fait la connaissance de Felix sur un site de rencontres. Eileen, la meilleure amie d’Alice, préfère rester dans la capitale et travaille pour un magazine littéraire. Elle renoue avec Simon, un copain d’enfance qui n’a jamais caché son attirance pour elle. Malgré la distance, Alice et Eileen se parlent presque tous les jours, ou plutôt elles s’écrivent. Des e-mails aussi drôles qu’intimes où elles laissent libre cours à leurs réflexions sur l’amour, le sexe, l’argent, l’amitié, la politique, la vie.
Mais le monde s’assombrit. L’inégalité, l’injustice, la violence ne cessent de grandir. Comment continuer à se comprendre, s’aimer et admirer la beauté qui nous entoure quand le pire semble inévitable ?
Pourquoi ce livre ? Après Normal People, Sally Rooney nous fait partager les rêves et les déceptions de ces enfants du siècle avec une franchise et une justesse remarquables. La sensibilité mélancolique de l'auteure irlandaise font toujours merveille.
Quelle histoire ? La deuxième épée est le récit d'une expédition vengeresse en solitaire, longuement mûrie mais toujours retenue. Tout au long d'une journée et jusqu'au lendemain matin, nous suivons à travers "l'Île-de-France, pays en soi, île-pays", en passant par Port-Royal-des-Champs, un homme dans ses préparatifs de meurtre vers l'endroit où aura lieu la vengeance de sa mère, insultée publiquement par une autre femme. "Meurtrier je me sentais et me savais né... mais nullement vengeur. "Sur le chemin, tout est diversions, bifurcations mais aussi "Zeitnot", "la sensation d'urgence... elle surgissait sans cause, par derrière. En général, elle ne faisait que m'effleurer, pour me libérer aussitôt, chassée comme sorcière par la contre-magie de la raison."" Toute la vie par les chemins interdits. Et maintenant dans la vallée de la mort. Hors la loi. Contre la loi. Et que cela me semblait juste !"Mais y arrivera-t-il ?" Et soudain la boule roula, les billes roulèrent - dans une tout autre direction que celle envisagée au début de cette histoire. "
Pourquoi ce livre ? Ce nouveau récit de Peter Handke condense la force littéraire de l'écrivain autrichien. Par une attention portée aux détails du monde réel, La deuxième épée déploie une poétique de l'instant et offre une lecture qui suspend le temps. Tranchant et brillant comme une lame.
Quelle histoire ? Au seuil de la mort, Leonard Fife, célèbre documentariste, accepte une interview filmé que veut réaliser l’un de ses disciples, Malcolm. Fife a exigé le noir complet sur le plateau ainsi que la présence constante de sa femme, Emma, pour écouter ce qu’il a à dire, loin des attentes de Malcolm. Après une vie de mensonges, Fife entend lever le voile sur ses secrets mais, sous l’effet de l’aggravation rapide de son état, sa confession ne ressemble pas à ce que lui-même avait prévu…
Pourquoi ce livre ? Puissant, écorché, bouleversant, ce roman testamentaire sur les formes mouvantes de la mémoire pose la question de ce qui subsiste – de soi, des autres – lorsqu’on a passé sa vie à se dérober. Un texte qui peut se lire comme un testament d'un des auteurs américains les plus emblématiques. L'auteur qui était l'un des invités vedette du festival America livre un récit sombre et puissant.
Quelle histoire ? Été 1984 à Breathed, en Ohio. Hanté par la lutte entre le bien et le mal, le procureur Autopsy Bliss publie une annonce dans le journal local, invitant le diable à venir lui rendre visite. Le lendemain, son fils Fielding découvre un jeune garçon à la peau noire et aux yeux d’un vert intense, planté devant le tribunal, qui se présente comme le diable en personne. Cet enfant à l’âme meurtrie, heureux d’être enfin le bienvenu quelque part, serait-il vraiment l’incarnation du mal ? Dubitatifs, les adultes le croient en fugue d’une des fermes voisines, et le shérif lance son enquête. Se produisent alors des événements étranges qui affectent tous les habitants de Breathed, tandis qu’une vague de chaleur infernale frappe la petite ville.
Pourquoi ce livre ? Porté par un souffle sans retenue, L’été où tout a fondu raconte la quête d’une innocence perdue et vient confirmer le talent d’une romancière à l’imaginaire flamboyant, qui sait révéler les âmes de ses personnages.
Quelle histoire ? Personne n’aurait pu prédire un avenir aussi extraordinaire à ce garçon né dans une famille provinciale aisée du nord de l’Allemagne. Mais le jeune homme s’appelle Thomas Mann, et il se forgera un destin hors du commun. Cette existence est peuplée de figures inoubliables. Au tout premier plan, son épouse, la fascinante Katia Pringsheim. Avec et grâce à elle, Thomas Mann construit patiemment une apparence de vie confortable qui le protège de ses démons : son attirance pour les hommes. Pour ses six enfants, il restera à jamais ce chef distant d’une famille où l’on ne sait pas très bien comment s’aimer. Mais Colm Tóibín évoque avec autant de puissance les élans intimes et douloureux d’un homme secret en quête d’un bonheur impossible. Tous ces fils littéraires, sentimentaux, historiques et politiques s’entretissent dans une fresque qui se confond avec l’émouvant roman d’une vie : celle d’un génie littéraire et d’un homme seul qu’on appelait Le Magicien.
Pourquoi ce livre ? Une œuvre littéraire couronnée par le prix Nobel, une vie familiale mouvementée et souvent dramatique, et la traversée de toutes les tragédies politiques de la première moitié du siècle – voilà comment on pourrait résumer la vie du grand écrivain. Colm Tóibín a choisi de nous la raconter de l’intérieur et dans toute sa dimension romanesque. Un texte pour redécouvrir le très grand Thomas Mann, ses ombres comme ses lumières.
Quelle histoire ? Wang Huai est prêt à tous les sacrifices pour que son fils ne soit pas un paysan pauvre comme lui mais accède au statut de citadin et de fonctionnaire. Il mène, seul, des actions de protestation face aux autorités rectorales, jusqu'à grimper sur un mur et chuter pour faire valoir les droits de son fils.
Pourquoi ce livre ? L’histoire d’une famille paysanne qui cherche coûte que coûte à échapper à sa condition pour rejoindre le monde fantasmé de la ville et s’élever dans l’échelle sociale. Une comédie humaine au style alerte, une histoire vivante d’oppression et de résistance écrite dans une langue chatoyante, dépourvue de pathos, burlesque et drôle malgré sa noirceur. Un texte sur la condition humaine.
Quelle histoire ? D’un humour noir et acéré, cet opus venimeux nous plonge dans un imaginaire délicieusement incongru. Avec les Hommes-à-la-Tête-près-du-Sol, l’Autruche, le Chasseur, la petite Anastasia, l’Homme-à-la-Bouche-Ouverte, la Femme-Sans-Tête et tant d’autres, le génial auteur portugais esquisse une mythologie du XXIe siècle qui interroge la violence et la déraison de l’être humain, sa fascination pour la technique et les machines, les liens du sang, la trahison, la peur, la liberté…
Pourquoi ce livre ? Dans les récits qui composent Mythologies, Gonçalo M. Tavares explore un nouvel univers d'une perturbante étrangeté, mêlant légendes archaïques, fables revisitées, contes cruels et drolatiques, visions allégoriques et cauchemardesques. L'auteur confirme son sens d'une écriture hypnotique et son univers envoûtant.
Quelle histoire ? Bix Bouton a 40 ans, quatre enfants, et en apparence tout pour être heureux. Son entreprise, Mandala, connaît un succès tel qu'il est devenu l'un de ces " demi-dieux de la technologie " admirés de tous. Pourtant, il est tourmenté, insatisfait, en quête désespérée d'une nouvelle idée – jusqu'au jour où il tombe par hasard sur un groupe de discussion dont l'un des membres, professeur à l'université, expérimente un nouveau concept : l'externalisation mémorielle. Nous sommes en 2010. En l'espace d'une décennie, OwnYourUnconscious, la nouvelle technologie développée par l'entreprise de Bix permettant non seulement d'accéder à tous ses souvenirs mais aussi de les partager en échange de l'accès à ceux des autres, a séduit les foules. Mais à quel prix ?
Pourquoi ce livre ? Prix Pulitzer 2011, La Maison en pain d'épices est un récit électrisant, foisonnant et terriblement actuel sur la quête d'authenticité, de lien et de sens dans un monde où la mémoire et les identités nous échappent. Jennifer Egan est une plume qui compte.
Quelle histoire ? Un manuscrit ancien traverse le temps, unissant le passé, le présent et l'avenir de l'humanité. Avez-vous jamais lu un livre capable de vous transporter dans d'autres mondes et à d'autres époques, si fascinant que la seule chose qui compte est de continuer à en tourner les pages ? Le roman d'Anthony Doerr nous entraîne de la Constantinople du XVe siècle jusqu'à un futur lointain où l'humanité joue sa survie à bord d'un étrange vaisseau spatial en passant par l'Amérique des années 1950 à nos jours. Tous ses personnages ont vu leur destin bouleversé par La Cité des nuages et des oiseaux, un mystérieux texte de la Grèce antique qui célèbre le pouvoir de de l'écrit et de l'imaginaire. Et si seule la littérature pouvait nous sauver ?
Pourquoi ce livre ? Un récit à la fois historique et pourtant si actuel. Un plaisir de lecture. Une érudition transmise avec la légèreté et la puissance des oiseaux.
Quelle histoire ? Le Débutant, c’est le poison parfait : mortel, instantané, et surtout intraçable. Kalitine, le chimiste qui l’a fabriqué dans un institut secret d’Union soviétique, s’est enfui à l’Ouest au moment de l’effondrement du pays. Le roman raconte son enfance dans une ville secrète d’URSS, sa vocation précoce, son initiation auprès d’un oncle puissant et mystérieux, puis les années passées dans un laboratoire clandestin, dissimulé sur une île dans un grand fleuve…Vingt ans plus tard, le lieutenant-colonel Cherchniov reçoit l’ordre d’empoisonner le traître avec son propre produit, et il se lance à sa poursuite.
Pourquoi ce livre ? Le roman de Sergueï Lebedev est une enquête haletante dans le monde des espions et des services secrets russes. Dans une prose brillante, l’auteur explore les thèmes éternels de la nature du bien et du mal, des liens entre le créateur et sa créature, et entre la science et la morale. Une plongée dans ce monde russe souterrain et sans pitié. A lire avec une particulière attention au vu des événements actuels.
Quelle histoire ? Au plus fort de l'été, alors que de nombreux Suédois aisés sont en vacances, de gigantesques feux de forêt se déclarent. Dans cette situation apocalyptique, la région se mue en une véritable zone de guerre et les autorités peinent à faire face. Didrik, consultant médias, est pris dans le cataclysme avec sa famille, mais semble autant préoccupé par ses tweets en direct que par le destin des siens. L'humanité ne dispose que d'une planète, et chaque individu n'a qu'une vie. Dès lors, que choisissons-nous d'en faire ?
Pourquoi ce livre ? Courage, lâcheté, indifférence, colère, comment réagissons-nous face à ces crises qui nous dépassent ? Sommes-nous, aujourd'hui, capables de modifier profondément nos modes de vie ? En suivant quatre personnages qui incarnent chacun une réaction différente face à la catastrophe qui vient, Jens Liljestrand livre avec ce roman une salutaire mise en garde. Après notre été caniculaire, un roman qui nous touche particulièrement.
Quelle histoire ? Chronique d’une journée d'été caniculaire en ville, « Sud » emporte le lecteur dans un plan séquence d’une virtuosité folle, où se croisent toute une humanité de personnages : des adolescents au bord de l’abîme, des femmes et des hommes qui tentent de saisir leur destin, un tourbillon de voix quasi hypnotique.
Pourquoi ce livre ? Styliste incomparable, Antonio Soler invente une musique, un regard qui plongent au tréfonds de l’âme humaine et donnent à ce roman la saveur unique du réel transcendé par le génie littéraire. Un livre qui nous met en apesanteur. Son écriture oscille entre poésie et fiction. On se laisse emporter... ou pas !
Quelle histoire ? Comment une petite dizaine d'individus originaires des quatre coins du monde se sont-ils retrouvés dans un minibus aux confins du Mexique, en compagnie d'un chaman ? S'ils semblent tous captivés par ce rocher blanc auquel la tribu des Wixárikas attribue des pouvoirs extraordinaires, l'une d'entre eux, écrivaine, tente de prendre soin de sa fille, tout autant qu'elle réfléchit à la course du monde, et à l'écriture de son prochain roman. Autour de ce rocher se sont déroulées d'autres histoires qui pourraient bien l'inspirer.
Pourquoi ce livre ? En remontant le fil du temps, Anna Hope décrit les rêves et la folie qui ont animé les hommes dans leur entreprise de conquête. Elle s'attache pour cela à quelques personnages, et en s'appuyant sur l'intensité dramatique et les élans contradictoires de chaque existence, compose un roman d'une puissance irrésistible.
Quelle histoire ? Dans l'Angleterre de la fin des années 1960, Phyllis Fischer, épouse et mère quadragénaire, s'éprend de Nicholas Knight, le jeune fils d'amis de son mari. Pour lui, elle abandonne son foyer et les conventions d'un ordre social devenu moralement inacceptable. Tout en s'apercevant que son amant n'est pas exactement celui qui lui convient, elle tombe enceinte et décide de garder l'enfant, qu'elle est heureuse d'élever.
Dans ce style fluide et raffiné, la condition féminine est une question centrale, sans être traitée sous l'aspect du militantisme : seule compte la volonté d'une femme désireuse d'être elle-même en découvrant que l'âge mûr ne saurait être un obstacle aux plaisirs. Phyllis découvre le droit de conjuguer jouissance et maternité en bousculant tous les tabous.
Pourquoi ce livre ? Depuis ses premiers livres, Tessa Hadley explore le réseau complexe des vies conjugales, amoureuses et sentimentales de ses contemporains. L'intrigue de ce huitième roman confronte l'histoire de plusieurs générations autour du choix libérateur de son héroïne, qui prend tous les risques pour assumer son épanouissement personnel. Un grand roman de "femme pour les femmes ".
Quelle histoire ? " Et la vérité ? c'est que, même si je suis connu comme un chasseur arctique solitaire et sans égal, je ne suis rien de tel et j'ai rarement été seul. " Lassé de sa vie à Stockholm et d'un travail qui lui broie l'âme, le jeune Sven décide d'assouvir ses envies d'exploration polaire et de rejoindre le Spitzberg. Là-bas, la nuit arctique règne en maîtresse, on doit résister aux assauts des éléments comme un coquillage qui s'agrippe à son rocher, on peut assister à la splendeur d'une aurore boréale et être dévoré par un ours blanc dans la minute qui suit. En route, il rencontrera de nombreux compagnons comme un géologue excentrique, un trappeur finlandais socialiste ou un chien plus utile qu'il n'en a l'air. Il assistera à la naissance d'un iceberg, aux jeux des renards polaires, et apprendra l'art de la chasse. Seul, il ira au bout de lui-même pour mieux retrouver le reste du monde.
Pourquoi ce livre ? En imaginant la vie d'un ermite du début du XXe siècle, Nathaniel Ian Miller livre un roman d'une bouleversante humanité, véritable ode à la nature, aux familles qu'on quitte, à celles qu'on se crée et à celles qui nous retrouvent, même au cœur de l'inhabitable. Une belle exploration dans tous les sens du terme.
Quelle histoire ? Un festival religieux hindou à Darjeeling, une réfugiée népalo-bhoutanaise projetant ses espoirs vers l’Ouest, un marchand de Kalimpong faisant face à un terrible dilemme, une fille de Gurkha essayant de comprendre son père… À travers différentes ethnies ou religions ou encore d’autres révélateurs sociaux, les personnages de ces nouvelles partagent l’aspiration universelle de la survie mais surtout d’une vie meilleure, dans l’amour, la dignité et l’échange. Chaque nouvelle nous met aux prises avec les difficultés quotidiennes des personnages de Parajuly : la relation conflictuelle entre une riche veuve et sa belle-sœur, la soumission des Népalaises dans une société encore patriarcale ou encore le lien d’une fille avec son père….
Pourquoi ce livre ? Aucune terre n’est la sienne, servi par l’humour et l’esprit caustique de Prajwal Parajuly, nous livre de savoureux moments dans le quotidien des Népalais de la diaspora, ceux dont la culture et la langue sont népalaises, mais qui sont dispersés en Inde, au Bhoutan et ailleurs. Une communauté peu connue en France.
Quelle histoire ? En 2019, un cyclone a entièrement détruit la ville de Beira sur la côte du Mozambique. Un poète est invité par l'université de la ville quelques jours avant la catastrophe. Il retrouve son enfance et son adolescence dans ces rues où il a vécu dans les années 70. Il va faire un voyage "vers le centre de son âme" et y trouver son père, un grand poète engagé dans la lutte contre la colonisation portugaise. Il se souvient des voyages sur le lieu de terribles massacres perpétrés par les troupes coloniales. Il se souvient aussi de Benedito, le petit serviteur, aujourd'hui dirigeant du FRELIMO au pouvoir, de l'inspecteur de la police politique, des amoureux qui se sont suicidés parce que leur différence de couleur de peau était inacceptable, de la puissante Maniara, sorcière et photographe, et surtout de Sandro, son frère caché. Les faits que l'enfant qu'il fut nous raconte sont terribles, le racisme, la bêtise coloniale, la police politique, la PIDE, les traîtrises.
Pourquoi ce livre ? Ce roman au souffle puissant peuplé de personnages extraordinaires à l'intrigue aussi rigoureuse que surprenante est écrit comme la poésie. Mia Couto définit cet art poétique comme "une façon de regarder le monde et de comprendre ce qui habite une dimension invisible de ce qu'on nomme la réalité. Sans cette dimension poétique il est impossible de comprendre la vie". Un roman au souffle magnifique.
Quelle histoire ? À la mort de sa tante, Maria Stepanova se retrouve à vider un appartement plein de photographies surannées, de vieilles cartes postales, de lettres, de journaux intimes et de souvenirs : les vestiges d’un siècle de vie en Russie. Cette découverte déclenche chez elle un irrésistible besoin d’explorer les archives dont elle a hérité. Et de retracer l’histoire de sa famille et de l’Europe depuis la fin du XIXe siècle, en révélant les non-dits, les mensonges, les faux-fuyants. Comment faire émerger la vérité et retranscrire ce passé familial ? Doit-elle privilégier une simple description des archives ? Ou s’atteler à la rédaction d’une fiction ? Puisant dans diverses formes – essai, fiction, mémoire, récit de voyage et documents historiques –, Maria Stepanova donne vie à un vaste panorama d’idées et de personnalités et propose une exploration entièrement nouvelle et audacieuse de la mémoire – ou de son impossibilité.
Pourquoi ce livre ? Comment assembler les morceaux épars de l’histoire personnelle et ceux de la grande histoire ? À l’ère du selfie, la mémoire n’est-elle pas évincée par la pseudo-éternité de l’image ? Au gré des chapitres, les portraits de ses ancêtres de l’époque tsariste ou de l’ère stalinienne côtoient de grandes figures, comme celles de Walter Benjamin, Charlotte Salomon ou Francesca Woodman. Convoquant des écrivains comme Roland Barthes, W. G. Sebald, Susan Sontag et Ossip Mandelstam, Maria Stepanova signe un grand texte littéraire, empreint d’une rare curiosité intellectuelle, d’une portée universelle. Un livre brillant.
Quelle histoire ? Octobre 1966. William Lavery, dix-neuf ans, vient de recevoir son diplôme. Il va rejoindre, comme son père et son grand-père avant lui, l'entreprise de pompes funèbres familiale. Mais alors que la soirée de remise des diplômes bat son plein, un télégramme annonce une terrible nouvelle : un glissement de terrain dans la petite ville minière d'Aberfan a enseveli une école. William se porte immédiatement volontaire pour prêter main-forte aux autres embaumeurs. Sa vie sera irrémédiablement bouleversée par cette tragédie qui jette une lumière aveuglante sur les secrets enfouis de son passé. Pourquoi William a-t-il arrêté de chanter, lui qui est doué d'une voix exceptionnelle ? Pourquoi ne parle-t-il plus à sa mère, ni à son meilleur ami ?
Pourquoi ce livre ? Dans ce roman sombre et émouvant, le jeune homme, à l'aube de sa vie d'adulte, apprendra que la compassion peut avoir des conséquences surprenantes et que porter secours aux autres est peut-être une autre manière de guérir soi-même. Le lecteur aussi.
Quelle histoire ? Amanda et Clay, des Blancs newyorkais, partent en vacances avec leurs deux enfants à Long Island. Amanda a loué une jolie villa récemment rénovée. Le temps est superbe, la piscine immense, la nature accueillante. Mais lors de la deuxième nuit, un bruit sourd résonne dans le lointain et peu de temps après, on frappe à la porte. Les propriétaires, un couple d’Afro-Américains plus âgés, surpris sur la route par une soudaine panne d’électricité et de réseau demandent l’hospitalité. Inquiets et agacés par cette intrusion, Amanda et Clay n’ont d’autre choix que d’accepter. Leur séjour de rêve prend fin brutalement.
Pourquoi ce livre ? Désormais sans lien avec le monde extérieur, loin de la ville, sont-ils en sécurité ? Peuvent-ils se fier les uns aux autres ? Hypocrisie, peur de l’autre, panique, chacun affronte l’inconcevable à sa façon dans ce huis clos oppressant et sans concession. Un livre sans concession sur la nature humaine.
Quelle histoire ? Après la guerre contre l’Irak, Ozra et son mari Issah vivent à Téhéran dans une chambre sans confort. Ils partagent leur intimité avec Mariam, leur petite fille née handicapée suite à la chute de sa mère enceinte fuyant sous les bombes. Au fil de quatre monologues, où alterne celui de l’homme et de la femme, le couple revit la tragédie qui a eu raison de leur union conjugale. Au récit de leur présent se mêlent les souvenirs de leur jeunesse et de leurs expériences d’avant le mariage. De plus, la promiscuité leur est funeste parmi les habitants de leur résidence universitaire réquisitionnée par l’État pour les réfugiés. C’est cependant l’occasion de rencontres, certaines allant à l’encontre de la morale en Iran. La jeune Mariam, elle, assiste impuissante aux désaccords de ce couple emporté dans la tourmente quotidienne, abandonné par un pays en plein bouleversement.
Pourquoi ce livre ? Avec Le Sourire de Mariam, Ghazi Rabihavi signe un roman sombre, qui donne à voir un Iran en décomposition, une société d’oubliés de l’Histoire.
Quelle histoire ? Juin 1954. Emmett Watson, dix-huit ans, rentre chez lui, dans le Nebraska, après avoir passé quinze mois dans un centre de détention pour mineurs. Il y retrouve Billy, son frère de huit ans. Leur père vient de mourir, leur mère les a abandonnés des années auparavant, et la banque s’apprête à saisir la ferme familiale. Les deux frères doivent partir, mais où aller ? Leur choix se porte sur la Californie : Billy espère y rejoindre leur mère après avoir découvert les cartes postales que celle-ci leur a envoyées tout au long de la Lincoln Highway, route mythique traversant tout le pays qu’elle a empruntée des années plus tôt pour fuir à l’autre bout des États-Unis. Leur plan est chamboulé lorsque deux codétenus d’Emmett en cavale, le roublard Duchess et son acolyte Woolly, qui semble toujours tombé de la lune, décident de se joindre à eux. À peine le voyage entamé, Duchess et Woolly décampent dans la voiture d’Emmett, emportant le pécule laissé par son père et leurs rêves de vie nouvelle. Les deux frères se lancent alors à leur poursuite.
Pourquoi ce livre ? Tissant avec brio les grands motifs de l’Americana, Amor Towles livre un roman choral aux personnages hauts en couleur et au rythme haletant, une véritable épopée dans la tradition du road novel. Tout au long de l’imprévisible Lincoln Highway, Towles déploie son talent de conteur et d’écrivain virtuose pour embarquer le lecteur dans un voyage tourbillonnant. Cette Amérique nous embarque et ne nous lâche pas.
Quelle histoire ? « On raconte qu’un être humain met à peine plus de huit secondes à tomber amoureux, et tandis que tu regardais et que tu écoutais cette fille aux yeux brillants (…), tu sentis à son égard cette sympathie particulière, ce désir invincible de proximité que revêt l’amour lorsqu’il apparaît. » En compagnie de son fils Silvio, Daniel parcourt l’Alto Tajo, un lieu légendaire où il prévoit de disperser les cendres de sa femme. Ce sont les mêmes lieux où cet homme et cette femme, dans leur prime jeunesse, ont partagé une forte passion amoureuse. Ce voyage imprévu va permettre à Daniel de se remémorer sa bouleversante histoire d’amour, de trahison et de regret.
Pourquoi ce livre ? José Maria Merino trace avec cette œuvre un parcours émouvant et une recherche intime entre un fils et un père brisés par la vie et le temps. Un grand roman familial.
Quelle histoire ? Depuis leur refuge dans les montagnes, la petite Huong et sa grand-mère Diêu Lan regardent Hà Nôi brûler sous le feu des bombardiers américains. Une semaine plus tard, Huong découvre les décombres qui ont remplacé sa maison : la guerre, l’ombre qui a emmené ses parents et ses oncles dans les forêts du Sud, vient de faire une entrée brutale dans sa vie. Pourtant, malgré la destruction, le quotidien reprend son cours dans la capitale. Des colonnes de fumée s’élèvent tous les soirs des abris de fortune, les éclats de rire des enfants résonnent et, peu à peu, les vétérans reviennent du front. Mais, derrière la joie des retrouvailles, Huong entrevoit déjà les sombres souvenirs qui pourraient déchirer sa famille comme les souffrances déchirent sa patrie depuis des décennies…
Pourquoi ce livre ? Avec une grande justesse historique, Nguyên Phan Quê Mai nous offre un voyage poignant à travers un siècle d’histoire vietnamienne, de l’Occupation française à la chute de Sài Gòn. Un hymne intime à la résilience des peuples ravagés par la guerre et la mort. Un grand roman.
Les lauréats du Prix Mare Nostrum 2024 vient de livrer la liste de ses lauréats. Chaque lauréat recevra une dotation de 2 000 € pour sa c
Légende photo : en haut de gauche à droite : Deloupy (Les Arènes), Carole Maurel (Glénat), Pierre Van Hove (Delcourt/La Revue Dessinée), Sébast
La Centrale Canine décerne chaque année son Prix Littéraire aux 3 meilleurs ouvrages mettant à l'honneur la relation humain-chien.