Claude Lanzmann est mort. Celui qui fut un grand témoin du XXe siècle fut autant homme de combats que de lettres.
"La tâche de déchiffrement du monde, que nous n'avons jamais cessé de faire nôtre, implique en même temps engagement et résistance." Claude Lanzmann
Claude Lanzmann nous a quittés à 92 ans, au terme d'une vie intense, complexe et puissante. De nombreuses personnalités rendent hommage au résistant, collaborateur de Jean-Paul Sartre aux Temps Modernes et amant de Simone de Beauvoir et réalisateur de Shoah.
Né à Paris le 27 novembre 1925, Claude Lanzmann fut un des organisateurs de la Résistance au lycée Blaise-Pascal à Clermont-Ferrand en 1943. Il participa à la lutte clandestine urbaine, puis aux combats des maquis d’Auvergne.
Lecteur à l’université de Berlin pendant le blocus de Berlin, il rencontre en 1952 Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, dont il devient l’ami. Il n’a jamais cessé depuis lors de collaborer à la revue Les Temps modernes dont il prend la direction en 1986. Jusqu’en 1970, il partage son activité entre Les Temps modernes et le journalisme, écrivant de nombreux articles et reportages, vivant sans contradiction sa fidélité à Israël, où il s’est rendu pour la première fois en 1952, et son engagement anticolonialiste. Signataire du Manifeste des 121, qui dénonçait, en appelant à l’insoumission, la répression en Algérie, il fut l’un des dix inculpés ; il dirigea ensuite un numéro spécial des Temps modernes de plus de mille pages consacré au « Conflit israélo-arabe », dans lequel, pour la première fois, Arabes et Israéliens exposaient ensemble leurs raisons, et qui demeure aujourd’hui encore un ouvrage de référence.
En 1970, Claude Lanzmann se consacre exclusivement au cinéma : il réalise le film Pourquoi Israël, destiné en partie à répondre à ses anciens compagnons de luttes anticolonialistes qui se refusaient à comprendre qu’on puisse, ayant voulu l’indépendance de l’Algérie, vouloir la survie d’Israël. Cette œuvre présentait d’Israël une image vraie et non manichéenne. Elle obtint dans le monde entier un succès critique et public considérable. La première eut lieu aux États-Unis, au Festival de New York, le 7 octobre 1973, quelques heures après le déclenchement de la guerre du Kippour.
Claude Lanzmann a commencé à travailler à Shoah au cours de l’été 1973 : la réalisation du film l’a occupé à plein temps pendant douze ans. Dès sa sortie dans le monde entier, à partir de 1985, ce film a été considéré comme un événement majeur, historique et cinématographique tout à la fois. Le retentissement de Shoah n’a pas, depuis, cessé de croître. Des milliers d’articles, d’études, de livres, de séminaires dans les universités lui sont consacrés. Shoah a obtenu les plus hautes distinctions et a été couronné dans de nombreux festivals.
Après Pourquoi Israël, Shoah, Tsahal et Un vivant qui passe, Claude Lanzmann a réalisé Sobibor, 14 octobre 1943, 16 heures — consacré à la révolte du camp d’extermination de Sobibor et présenté pour la première fois en sélection officielle hors compétition au Festival de Cannes en mai 2001 —, Le Rapport Karski (2010), Le Dernier des injustes (2013).
En 2009, Claude Lanzmann a publié dans la collection Blanche, aux Éditions Gallimard, Le Lièvre de Patagonie, qui a été un best-seller au succès foudroyant (250 000 exemplaires vendus en grand format et en Folio), traduit en onze langues, et en 2012 La Tombe du divin plongeur.
Antoine Gallimard et les Éditions Gallimard ont appris ce matin jeudi 5 juillet 2018 avec une infinie tristesse le décès de Claude Lanzmann à l’âge de 92 ans.
Antoine Gallimard tient à saluer la mémoire d’une grande figure du XXe et du XXIe siècle, celle d’un résistant, d’un écrivain, auteur du magnifique Lièvre de Patagonie en 2009, d’un journaliste et d’un philosophe, qui fut, dès 1952, membre du comité de rédaction de la grande revue intellectuelle Les Temps Modernes, fondée par Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, puis en assura la direction de 1986 à sa mort. Celui qui fut l’ami de Jean-Paul Sartre, le compagnon de Simone de Beauvoir, a joué un rôle déterminant dans l’approche et la compréhension du génocide juif, et de sa mémoire, avec son film Shoah, commencé en 1973 et sorti en salles en 1985, qui restera le film de référence. Cet homme remarquable, au grand tempérament, engagé pleinement dans les luttes sociales et politiques de son temps, a été de nombreuses fois décoré pour son œuvre et son action.
Voici le message de la Directrice générale de l'UNESCO, Audrey Azoulay : "Paris, 5 juillet-Cinéaste d’exception, Claude Lanzmann nous a rendu accessible l’inaccessible à travers ses œuvres comme Shoah, puis Sobibor, Le rapport Karski, Le Dernier des Injustes, et encore tout récemment Les Quatre Sœurs, qu’il nous avait fait l’honneur de projeter à l’UNESCO en janvier dernier à l’occasion de la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de la Shoah.
L’œuvre cinématographique de Claude Lanzmann montre à quel point les œuvres d’art contribuent à la construction de notre mémoire collective, donnant à chaque histoire sa résonance individuelle, sa voix particulière. C’est le travail des artistes de restituer ces voix et je tiens à saluer l’intransigeance sans faille de Claude Lanzmann dans le combat qu’il a mené en faveur de la mémoire et de la recherche historique.
Lui qui a profondément marqué l’histoire du cinéma était aussi journaliste, philosophe, directeur des Temps Modernes, écrivain engagé, sans concession, au tempérament passionné.
Je tiens à adresser mes sincères condoléances à sa famille, à celle du cinéma et à ses proches."
>Revoir l'une des dernières interviews de Claude Lanzmann. Echange avec Léa Salomé pour Stupéfiant!
>Revoir la bande-annonce de Shoah
Le Prix Castel 2024 est décerné à Grégoire Bouillier pour s
Le Prix de Flore 2024 a été décerné au premier tour, à l’unanimité moins une voix, au premier
La 42e édition de la Foire du livre de Brive vient de se terminer.