"Comment Baptiste est mort"

Alain Blottière remporte le prix Décembre 2016

Alain Blottière succède à Christine Angot et obtient le prix Décembre 2016 pour Comment Baptiste est mort (Gallimard). Il était talonné par Jacques Henric, un peu hors concours car déjà primé par le Médicis et Loïc Prigent, dont le texte plein d'esprit était peut-être un peu trop "hors littérature" pour plaire au jury.

Encore une victoire pour Gallimard, qui semble la maison d'édition  gagnante cette saison. Le jury du prix Décembre a choisi de primer Comment Baptiste est mort, d'Alain Blottière (Gallimard), après avoir sélecftioné ausis  Boxe de Jacques Henric (Seuil), J'adore la mode mais c'est tout ce que je déteste de Loïc Prigent. 

>Qui est le lauréat du Prix Décembre ?

Comment Baptiste est mort, par Alain Blottière (Gallimard)

L’auteur : Né en 1954 à Neuilly-sur-Seine, Alain Blottière est un écrivain français. Auteur de romans, de récits de voyage et d'essais, son œuvre se caractérise par son inspiration exotique et souvent historique, où se révèle sa profonde nostalgie pour un âge célébré (l'enfance et l'adolescence), et des époques (l'Antiquité, le XIXe siècle...) ou des pays (l'Égypte, les Îles de la Sonde...) lointains : autant de mondes dont il aime retrouver ou inventer les émotions disparues. Salué par des critiques tels que Matthieu Galey, Jacques Brenner ou Hugo Marsan, son premier roman, Saad (Gallimard, 1980), est couronné par le Prix Littéraire de la Vocation en 1981. En 1995, Alain Blottière est à nouveau récompensé par un prix littéraire important, le Prix Valery Larbaud : L'Enchantement (Calmann-Lévy, 1994) nous emmène cette fois en Égypte, au bord du Nil. En 1998 il publie Si-Amonn (Mercure de France, 1998). Ce roman est une plongée dans les bas-fonds de la ville de Cyrène, colonie grecque de Libye, au IVe siècle avant notre ère.

L’histoire : Enlevé dans le désert par un groupe de djihadistes avec ses parents et ses frères, Baptiste, après plusieurs semaines de captivité, est le seul à être libéré. Ponctué d’hésitations, de silences, son débriefing laisse apparaître des zones d’ombre, des secrets qu’il tient à garder. Le garçon semble aussi avoir perdu la mémoire d’événements importants. Peu à peu, néanmoins, se révèle l’histoire extraordinaire et cruelle de celui à qui ses ravisseurs ont donné le nom d’un renard du désert : Yumaï.

Pourquoi il a eu le prix : « Comment Baptiste est mort » est un roman très émouvant et très dur à la fois. L’écriture originale alterne entre dialogues et souvenirs de Baptiste. Au début nous sommes un peu déroutés face à cette forme singulière, puis l’histoire prend son sens au fur et à mesure que les pages se tournent. Ce livre est à la fois troublant et fascinant de par sa réalité dramatique. Malgré la noirceur des évènements, certains moments magiques et poétiques font de ce texte un roman beau et juste.   

>Les deux challengers

Boxe, par Jacques Henric (Le Seuil)

L’auteur : Né en 1958, Steve Sem-Sandberg  est un journaliste, romancier et traducteur suédois. Il a commencé sa carrière de romancier en 1976 avec deux récits de science-fiction : Sländornas värld et Sökare i dödsskuggan. Il a reçu le prix Dobloug en 2005. Son roman De fattiga i Łódź traduit en français sous le titre Les Dépossédés est une fiction datant de 2009 qui a reçu le prix littéraire suédois Augustpriset. Ce roman, publié chez Robert Laffont en 2011, traite du personnage de Chaim Mordechai Rumkosvki et la vie dans le ghetto de Łódź pendant la Seconde Guerre mondiale.Né en 1938 à Paris, Jacques Henric est un critique, essayiste et romancier français. De 1954 à 1959 il suit successivement les cours de l'École normale d'instituteurs de Chalons-sur-Marne, puis ceux de la Faculté des lettres de l'université de Dijon. Après avoir été enseignant pendant dix ans, il a collaboré à divers journaux et revues comme Les Lettres françaises, dirigé par Aragon, et Tel Quel où il publie ses premiers romans. Il est aujourd’hui membre du comité de rédaction d’Art Press que dirige Catherine Millet avec laquelle il est marié depuis 1991.

L'histoire: Boxe est né de la rencontre de Jacques Henric avec le boxeur français d'origine guadeloupéenne Jean-Marc Mormeck. Plusieurs fois champion du monde dans la catégorie lourds-légers, celui-ci souhaitait remettre en jeu son titre dans la ville de Kinshasa, là où se déroula en 1974 le "match du siècle", Ali contre Foreman. L'écrivain devait l'accompagner en vue de produire le récit de ce combat, mais le projet échoue. Jacques Henric se lance alors dans l'écriture d'un livre sur la vie et les combats des grands pugilistes de l'histoire de la boxe, Georges Carpentier, Al Brown, Marcel Cerdan, Ray Sugar Robinson, Mohamed Ali, Sony Liston, Jake la Motta, Carlos Monzon, Mike Tyson, beaucoup d'autres, et bien sûr, Jean-Marc Mormeck. Sa passion pour ce sport, qui est plus qu'un sport, conduit alors Jacques Henric à revenir sur les événements marquants de son enfance et de son adolescence.

Pourquoi il aurait pu l'avoir « Boxe » est un livre passionnant.  Le livre a déjà reçu le prix Médicis Essai qui le met donc un peu hors concours... Mais sait-on jamais. Le texte de Jacques Henric mêle adroitement autobiographie, références littéraires et journal intime. Bien que la boxe soit le sujet principal du récit, l’auteur évoque la violence, la mort, la peur, le racisme et se pose de nombreuses questions qui font également réfléchir le lecteur. L’écrivain y alterne les anecdotes sur les champions, les histoires et les légendes de ce monde,  mais il aborde également la déchéance des champions, l’alcool et la drogue. 

J’adore la mode mais c’est tout ce que je déteste, par Loïc Prigent (Grasset)

L’auteur : Né en 1973 à Plouescat, Loïc Prigent est un journaliste et cinéaste spécialisé dans la mode. Ses documentaires (Signé Chanel, 2005, Karl Lagerfeld se dessine, 2013) sont des classiques du genre. Ses émissions sur Arte et Canal + (Habillé(e)s pour, avec Mademoiselle Agnès) sont de grands succès. En 2010, il dirige l’exposition L’homme par Loïc Prigent au Bon Marché, à Paris. L’idée est de représenter l’homme sans trop de stéréotype. L’exposition allie une sélection hétéroclite de livres (Maigret, Norman Mailer et Madame Bovary), de photographies et la diffusion de trois petits films inédits.

L’histoire : Voici les saisons de couture de Loïc Prigent. Depuis 2011, celui qui est le plus influent documentariste de la mode tient un compte twitter qui fait grincer des dents tout le milieu de la mode et rire tous les autres (et parfois le milieu lui-même). Laissant ses oreilles traîner dans les défilés et les studios, il y recueille les bons mots, les rosseries, les énormités, les béatitudes et les coups de griffe des participants de ce petit cercle qui gouverne le goût du monde entier. Mannequins ? Attachés de presse ? Créateurs ? Qui parle ? Ecoutez-les, orchestrés par Loïc Prigent, porte-voix de cette nouvelle comédie humaine. Il y invente un nouveau genre littéraire : le pépiement.

Pourquoi il aurait pu l'avoir : "Bienvenue dans l'asile psychiatrique le mieux habillé du monde.". Avec cette phrase , le ton de ses pépiements est donné. Loïc Prigent nous fait entrer dans les coulisses de la mode, un monde que l’on connait si peu finalement. Il note depuis plusieurs années tout ce qu'il a entendu chez les couturiers, lors des défilés de la fashion week ou dans les rédactions de magazines de mode. Ce livre met de côté le glamour de la mode et se concentre sur la compétition quotidienne que subissent ceux qui veulent y faire leur place. Les petites anecdotes recueillies par l’auteur sont aussi drôles que stupides et pour la plupart édifiantes. Entre « Ne pleure pas. Pense à ton maquillage. », et « J'ai tellement faim, je pourrais manger. », ou encore « Qu'est-ce qu'il lui est arrivé, il y a eu des soldes chez Lindt » on n’hésite encore entre rire ou pleurer. Redoutable portrat au vitriol. Les maximes des temps modernes qui ne devraient pas laisser les jurés insensibles. Et depuis que le prix Nobel de littérature a été décerné à Bob Dylan, les frontières du "littéraire" se sont considérablement élargies.

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>Lire un extrait de Comment Baptiste est mort d'Alain Blottière

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