Récapitulatif

Prix littéraires : tous les lauréats 2015

Alors que la plupart des prix littéraires de la saison ont été annoncés, retrouvez notre récapitulatif. Cette année, ce sont des thèmes comme le monde musulman, la mémoire ou la famille qui ont été récompensés par les jurés. Redécouvrez tous les lauréats. 

Peu de surprises cette année quant aux choix des jurés. Les écrivains récompensés étaient plutôt attendus. Récapitulatif des lauréats. 

1. Grand prix du Roman de l’Académie française : Hédi Kaddour et Boualem Sansal ex-aequo

>Hédi Kaddour, « Les Prépondérants » (Gallimard)


Pourquoi il a gagné : L’écriture vive et minutieuse d’Hédi Kaddour fait de son roman Les prépondérants un ouvrage captivant, comprenant de nombreuses histoires. Il s'agit aussi d'un document fort sur le Maghreb colonisé de 1920, tiraillé entre d’éternelles  traditions et l’envie de modernité. L’auteur signe  un ouvrage sur les affrontements du XXème siècle et le réussit avec finesse, en évitant les écueils des clichés. Incontestatblement l'un des livres majeurs de la saison.
>Lire notre article sur le livre

>Boualem Sansal, « 2084 » (Gallimard)


Pourquoi il a gagné : L’Abistan, immense empire, tire son nom du prophète Abi, «délégué» de Yölah sur terre. Son système est fondé sur l’amnésie et la soumission au dieu unique. Toute pensée personnelle est bannie, un système de surveillance omniprésent permet de connaître les idées et les actes déviants. Officiellement, le peuple unanime vit dans le bonheur de la foi sans questions. Boualem Sansal s’est imposé comme une des voix majeures de la littérature contemporaine. Au fil d’un récit débridé, plein d’innocence goguenarde, d’inventions cocasses ou inquiétantes, il s’inscrit dans la filiation d’Orwell pour brocarder les dérives et l’hypocrisie du radicalisme religieux qui menace les démocraties.
>Lire notre article sur le livre

 

2. Prix Décembre : Christine Angot, « Un Amour impossible » (Flammarion)

Pourquoi elle a gagné : Christine Angot nous offre un récit très personnel, où elle raconte à ses lecteurs la relation intime qu’avaient ses parents, et la relation incestueuse qu’elle a eue avec son père. Christine Angot y expose également la relation compliquée qu’elle avait avec sa mère qui n’était alors au courant de rien. C’est dans toutes ces confessions plus bouleversantes les unes que les autres que le roman de Christine Angot tient sa force.
>Lire notre article sur le livre

 

3. Prix Goncourt : Matthias Enard, « Boussole » (Actes Sud)

Pourquoi il a gagné : Ce roman de découverte plonge le lecteur des les contrées d’Orients, région dans Mathias Enard est spécialiste. On y découvre l’histoire et la culture du pays. « Boussole » représente clairement une des grandes réussites de la rentrée. Rien d'étonnant à ce les jurés Goncourt l'ait choisi comme lauréat.
>Lire notre article sur le livre

 

4. Prix Renaudot : Delphine de Vigan, « D’après une histoire vraie » (JC Lattès)

Pourquoi elle a gagné : Dans son huitième livre, Delphine de Vigan aborde la question de l’après succès. Que faire après le succès de son dernier roman ? Delphine va rencontrer la mystérieuse L., à qui elle va beaucoup s’attacher. Elle expose alors dans son roman l’idée de la domination d’un individu sur un autre. Delphine de Vigan parvient très adroitement à se mettre en jeu dans son nouveau roman. En alternant réel et fiction et en jouant avec le thriller, l’auteur dresse de façon intelligente la relation entre manipulant et manipulé. 
>Lire notre article sur le livre

>Renaudot de l'essai

Didier Blonde, reçoit le prix de l'essai pour Leïlah Mahi 1932 : enquête (Gallimard). Un livre qui se présente comme une enquête littéraire et sur le pouvoir de l'imaginaire. "Au détour des allées du Père-Lachaise, le narrateur découvre sur une plaque funéraire du columbarium un portrait photographique qui l'attire irrésistiblement. Il représente une femme énigmatique, coiffée d’un turban. Sous la photo, un nom : Leïlah Mahi et une date unique : 12 août 1932. Obsédé par cette vision, le narrateur décide de retrouver sa trace. "

 

5.Prix Femina : Christophe Boltanski, « La Cache » (Stock)

Pourquoi il a gagné : Il y a de nombreux ouvrages et récits sur la Seconde guerre, mais Christophe Boltanski réussit dans ce livre une remise en contexte vivifiante et touchante. Le lecteur est comme aspiré sous le toit des Boltanski qui fait de « La cache » un récit fort qui s’inscrit dans les témoignages les plus marquants sur cette époque. « La cache » est un véritable hymne à la liberté pendant cette période de guerre. Ce récit familial révèle aussi un talent d'auteur. Car ici Christophe Boltanski n'est plus journaliste, il remonte le fil de son histoire familiale et reconstitue la trame des non-dits.
>Lire notre article sur le livre

>La lauréate pour la catégorie "étranger"


Kerry Hudson reçoit le Fémina étranger pour La Couleur de l'eau (Philippe Rey), dans une traduction de Florence Lévy-Paoloni, un récit réaliste sur les destins croisés de personnages "marginaux", en l'occurrence un vigile londonien et une SDF d'origine russe. L'auteure écossaise donne voix aux classes souvent délaissées par la littérature. Elle raconte ses personnages avec leurs fragilités et leurs faiblesses. De l’East London à la Sibérie en passant par Moscou, elle tresse un récit réalsite, qui mêle portrait social et histoire d’amour moderne.

 

>La lauréate pour la catégorie "essai"


Le prix Femina dans la catégorie essai récompense Emmanuelle Loyer pour sa biographie consacrée à Claude Lévi-Strauss (Flammarion), un travail monumental qui témoigne de l'apport exceptionnel à la pensée contemporaine de ce géant du XXe siècle.

 

6.Prix Médicis : Nathalie Azoulai, « Titus n’aimait pas Bérénice » (P.O.L.)

Pourquoi elle a gagné : Du mélange entre un chagrin d’amour du XXIème siècle et la pièce théâtrale, Bérénice, de Racine datant du XVIIème siècle en sort un roman inspiré, passionné et très pointilleux à propos de chaque recherche apportée sur Racine. Un texte érudit et sensible, qui montre la force des textes classiques et leur résonance avec l'époque contemporaine.Le roman de Nathalie Azoulai était sélectionné pour les Prix Goncourt et le Prix Femina 2015. Elle obtient le Médicis pour un texte qui réussit à parler au coeur et à l'esprit sur un sujet universel. On comprend que les jurés aient été séduits par lui.
>Lire notre article sur le livre

>Le lauréat pour la catégorie "roman étranger" 

« Encore », par Hakan Günday (Galaade). L’enfant terrible de la nouvelle génération des écrivains turcs, a écrit un grand roman coup de poing qui résonne avec l'actualité tragique des migrants :  l’histoire d’un enfant monstre né au cœur d’un réseau de trafic de clandestins. Avec Encore, on retrouve l’immense talent de conteur, le regard sans concession sur le monde contemporain et l’insolence de ton qu’Hakan Günday a révélés dans D’un extrême l’autre (Prix du meilleur roman de l’année 2011, Turquie) et dans  Ziyan (Prix France-Turquie 2014). Les jurés n'ont pu rester insensibles à ce texte qui ne cherche ni la complaisance, ni le jugement.

>La lauréate pour la catégorie "essai "

« Sauve qui peut la vie », par Nicole Lapierre (Seuil) est primé. Un livre que nous avions remarqué, qui traite d'un sujet difficile, une histoire familiale chargée de suicides successifs, traitée avec élégance et goût de la vie. L'auteure qui est sociologue, analyse sa propre histoire avec distance et écrit un livre qui se situe entre l'essai, le roman et le documentaire.

 

7. Prix Interallié : Laurent Binet, « La Septième fonction du langage » (Grasset)


Pourquoi il a gagné : Après avoir séduit les jurés du Prix Fnac, c’est le prix Interrallié que Laurent Binet remporte, pour un polar culturel et satirique. L’auteur y imagine de nouvelles circonstances à la mort de Roland Barthes. Après avoir raté de peu le Renaudot, on comprend sa double récompense largement méritée.

>Découvrez notre entretien avec l’auteur  
>Lire notre article sur le livre 

 

8. Prix de Flore : Jean-Noël Orengo, « La Fleur du Capitale » (Grasset)

Pourquoi il a gagné : Le premier roman de Jean-Noël Orengo, déjà lauréat du prix Sade 2015, met en scène cinq personnages perdus à Pattaya, en Thaïlande, station balnéaire la plus populaire du pays et capitale mondiale de la prostitution. Ces cinq histoires vont s’entrelacer pour raconter toutes les formes du désir, de la beauté et de l’abjection. 

 

9. Prix Wepler : Pierre Senges « Achab, (séquelles) » (Gallimard)

Pourquoi il a gagné : Le livre se présente comme une sorte de suite du « Moby Dick » de Herman Melville, dédié aux « séquelles » de la lecture de celui-ci. Un roman plein d’érudition et d’humour pince-sans-ire. 

La Mention spéciale du jury revient à Lise Charles pour « Comme Ulysse » (P.O.L), où l’on rencontre la jeune Lou, en voyage à New York. Elle va devenir le modèle d’un peintre, et se mettre à l’écriture dans son manoir du Massachusetts. 

 

10. Grand Prix de Littérature Américaine : Laird Hunt, « Neverhome » (Actes Sud)

Pourquoi il a gagné : Ce livre évoque le destin extraordinaire de Constance, une fermière de l'Indiana, qui va s'engager dans la Guerre de Sécession à la place de son mari, en se faisant passer pour lui. Derrière le récit, un souffle certain porté par l'évocation de cette Amérique dite profonde, qui est surtout si grande.

En savoir plus

>Hédi Kaddour,  «Les prépondérants » (Gallimard), 464 pages
>Boualem Sansal, «2084» (Gallimard), 288 pages
>Christine Angot, « Un Amour impossible » (Flammarion), 216 pages
>Matthias Enard, « Boussole » (Actes Sud), 400 pages
> Delphine de Vigan, « D’après une histoire vraie » (JC Lattès), 484 pages
>Christophe Boltanski, « La Cache » (Stock), 344 pages
>Nathalie Azoulai, « Titus n’aimait pas Bérénice » (P.O.L.), 416 pages
>Laurent Binet, « La Septième fonction du langage » (Grasset), 496 pages
>Jean-Noël Orengo, « La Fleur du Capitale » (Grasset), 768 pages
>Pierre Senges « Achab, (séquelles) » (Gallimard) 624 pages
>Laird Hunt, « Neverhome » (Actes Sud), 272 pages

3
 

& aussi