C'est l'histoire d'une rencontre entre une artiste en résidence à la villa Kujoyama, Manuela Paul-Cavallier inspirée par les vibrations mystiques de la feuille d'or et l'oeuvre de Marcel Proust, dont les mots célèbrent l'éternité des souvenirs. Un triptyque en est né.
Légende photo: Manuela Paul-Cavallier, Les trois bouchées de la madeleine de Proust. In courtesy Pierre-Yves Caër Gallery.
Chemin faisant, une belle rencontre. Dans une galerie dédiée à l'art japonais, la découverte du travail d'une artiste revenue de sa résidence à Kujoyama : Manuela Paul-Cavallier. Celle qui se définit comme une "créatrice de reflets d’or" a appris à apprivoiser l'énergie de la lumière dorée, qu'elle exprime dans de nombreux supports et formes, souvent mystiques, habités. Une de ses œuvres a particulièrement retenu notre attention car elle évoque une filiation littéraire.
Les trois bouchée de la madeleine de Proust propose un voyage en lumière dédié à Marcel Proust. Formes en liberté, vibration d'un temps suspendu, saveur d'un imaginaire presque sacré... ces madeleines parlent d'immanence et d'éternité. Elles se conjuguent et se contemplent en goûtant la texture de leur souffle. Elles convoquent ce qui reste du souvenir de la forme ou de la sensation, en un fragile mouvement apparemment immobile.
Manuela Paul-Cavallier rend ici un hommage singulier à l'auteur de La recherche. Preuve s'il en est de la fécondité imaginaire de Marcel Proust et de ses infinies convergences. Inspiration, fragilité, intemporalité, modestie, vibration, poésie... Manuela Paul-Cavallier fait escale dans la galerie parisienne de Pierre-Yves Caër en conjuguant ses ors picturaux avec les mots vibratoires du grand Marcel. Une curiosité à voir. Et à savourer. Nous l'avons goûtée comme il se doit : en silence.
Exposition "Le silence de la lumière"
Pierre-Yves Caër Gallery 7, rue Notre-Dame de Nazareth 75003 Paris
Plus d'informations sur le site de la galerie.
> Lire l'extrait de A la Recherche du temps perdu où Marcel Proust évoque sa mémoire de la madeleine:
"Et tout d'un coup le souvenir m'est apparu. Ce goût, c'était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray (parce que ce jour-là je ne sortais pas avant l'heure de la messe), quand j'allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m'offrait après l'avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul. La vue de la petite madeleine ne m'avait rien rappelé avant que je n'y eusse goûté ; peut-être parce que, en ayant souvent aperçu depuis, sans en manger, sur les tablettes des pâtissiers, leur image avait quitté ces jours de Combray pour se lier à d'autres plus récents ; peut-être parce que, de ces souvenirs abandonnés si longtemps hors de la mémoire, rien ne survivait, tout s'était désagrégé ; les formes — et celle aussi du petit coquillage de pâtisserie, si grassement sensuel sous son plissage sévère et dévot — s'étaient abolies, ou, ensommeillées, avaient perdu la force d'expansion qui leur eût permis de rejoindre la conscience. Mais, quand d'un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l'odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l'édifice immense du souvenir. "
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