Elena Ferrante, Dimitri Bortnikov, Grégoire Delacourt, Asli Erdogan... voici venue le temps de la rentrée littéraire de janvier ! On le sait bien, il n'est jamais facile de choisir parmi toutes les nouveautés qui nous sont proposées. Pour vous aider dans ce choix cornélien, Viabooks vous en dit plus sur nos 17 livres coup de coeur.
Il fait froid. Formidable. La saaison idéale pour lire bien au chaud chez soi ou dans un café. Nous nous sommes plongés dans les nouveautés de la rentrée littéraire de janvier. De nombreuses pépites vous proposent leurs pages. Découvrez les dix-sept livres qui nous ont particulièrement plu et que nous ne saurions trop vous recommander.
De quoi parle le livre ? Dans l’un de ses derniers livres parus en France, Asli Erdoğan évoquait déjà ce lieu effrayant entre tous, le “Bâtiment de pierre” – autrement dit la prison de Bakırköy à Istanbul. Or voici qu’en août 2016, à la suite de la tentative de coup d’État de juillet, la romancière turque est arrêtée et s’y trouve incarcérée. Son délit : avoir écrit dans un journal pro-kurde (Özgür Gündem) pour clamer son indignation et dénoncer toutes les atteintes à la liberté d’opinion. Depuis lors, la situation en Turquie s’aggrave et Aslı Erdoğan – entre autres intellectuels, journalistes et universitaires – encourt une condamnation aussi infondée qu’inacceptable.Ce volume rassemble quelques-unes des chroniques qui lui ont valu cette accusation. Le lecteur y retrouvera l’exigence poétique d’Asli Erdoğan, son amour de la liberté, sa lucidité et la beauté de sa langue. Que ce livre puisse briser l’étau du silence : tel est désormais le voeu de ses éditeurs, en France et à l’étranger, partout où son oeuvre a droit de cité.
Pourquoi on aime ? Ecrire pour refuser de se taire, c’est le choix de l’écrivaine Asli Erdogan, incarcérée pour avoir attenté « à l’intégrité de l’Etat ». Cette œuvre est un recueil de textes qui ont valu la prison à l’écrivaine. Le silence n’est plus toi-même nous dresse le portrait de l’auteur turc et de sa lutte acharnée contre le régime autoritaire d’Erdogan et les faits graves qu’il tente de passer sous silence. Dans l’œuvre d’Asli Erdogan vous découvrirez vingt-sept textes, écris ces dix dernières années pour le journal Ozgur Gundem, et qui retracent l’itinéraire d’une femme voulant restituer l’histoire tragique de son pays. Ces textes très politiques dégagent une force qui dépasse les témoignages. L’auteure parvient à faire jaillir des cris que l’on a essayé d’étouffer pendant trop longtemps. Ce livre mérite d’être publicité pour obtenir la libération définitive d’Asli Erdogan qui se trouve encore aujourd’hui en liberté provisoire.
De quoi parle le livre ? Pour Elena, comme pour l’Italie, une période de grands bouleversements s’ouvre. Nous sommes à la fin des années soixante, les événements de 1968 s’annoncent, les mouvements féministes et protestataires s’organisent, et Elena, diplômée de l’École normale de Pise et entourée d’universitaires, est au premier rang. Même si les choix de Lila sont radicalement différents, les deux jeunes femmes sont toujours aussi proches, une relation faite d’amour et de haine, telles deux sœurs qui se ressembleraient trop. Et, une nouvelle fois, les circonstances vont les rapprocher, puis les éloigner, au cours de cette tumultueuse traversée des années soixante-dix.
Pourquoi on aime ? La magie opère une nouvelle fois pour Elena Ferrante et la suite de L’amie prodigieuse. Ce troisième opus est une vraie réussite qu’on a du mal à refermer. Nous nous laissons, encore une fois, facilement porter par la vie de ses deux protagonistes. Elena Ferrante parvient merveilleusement bien à faire évoluer ses personnages dans l’Italie des années 70 et ses violents courants politiques. L’authenticité de cette histoire est dû à la présence de la lutte des classes et à ces deux jeunes femmes qui découvrent progressivement la réalité dans laquelle elles évoluent. Elena Ferrante nous raconte simplement mais justement la vie et ses émotions. Elle parle d’amitié comme personne, sans faux-semblant ou effet de style et avec une grande rigueur elle dévoile un peu de la cruauté qui règne dans les relations humaines. Le plus difficile pour le lecteur c’est d’attendre le prochain tome, annoncé pour l’automne.
De quoi ça parle ? Pour avoir jeté à la mer le promoteur immobilier Antoine Lazenec, Martial Kermeur vient d'être arrêté par la police. Au juge devant lequel il a été déféré, il retrace le cours des événements qui l'ont mené là : son divorce, la garde de son fils Erwan, son licenciement et puis surtout, les miroitants projets de Lazenec. Il faut dire que la tentation est grande d'investir toute sa prime de licenciement dans un bel appartement avec vue sur la mer. Encore faut-il qu'il soit construit.
Pourquoi on aime ? Ne vous fiez pas au titre, le dernier livre de Tanguy Viel est loin d'être prise de tête. Paradoxalement il parvient à poser la question de la légitimité de la violence face à celle, croissante, de la société dans un livre assez court et écrit très simplement. Ce roman bouleversant nous fait réfléchir sur le sens de la justice des hommes. La construction du récit est étonnante, au fil des pages, comme le juge, on suit la confession et les paroles de Martial Kermeur, qui se déversent comme un torrent dans des phrases à rallonge. Ce style particulier donne un côté mystérieux aux interventions du narrateur et du juge, que l’on oublie presque. Les paysages de Bretagne sont quant à eux très présents, vents, marées, bateaux, et habitants discrets et fiers. À moins que vous soyez juge, vous ne saurez qu'à la fin du roman en quoi consiste l’article 353 du code pénal. En attendant laissez-vous emporter dans ce formidable huis-clos entre le meurtrier et son juge.
De quoi parle le livre ? Japon, aux alentours de l’an Mil, Shimae, un village paysan sur les bords de la rivière Kusagawa.Cet humble village a un talent : celui d’abriter le pêcheur Katsuro, virtuose dans l’art d’attraper et de transporter des carpes de grande valeur, d’inestimable beauté, vers la ville impériale d’Heiankyo, la cité de tous les raffinements, de tous les plaisirs, et surtout, la ville où se trouve le bureau des jardins et des étangs. À la mort de Katsuro, qui se noie dans la rivière, qui parmi les villageois va pouvoir prendre sa suite et relever le défi ? Poser sur son dos le lourd fardeau des nacelles d’osier où tournoient les carpes boueuses, et en équilibre, marcher jusqu’à l’épuisement, traverser tous les dangers jusqu’à la capitale ? Qui ? Sinon la veuve de Katsuro, la ravissante, l’effarouchée, la délicate Miyuki.
Pourquoi on aime ? Le bureau des jardins et des étangs fait partie de ces œuvres qui vous dépaysent. On se laisse emporter par la sensualité, la cruauté et l’exotisme de ce récit, comparable à une estampe. L’auteur nous plonge dans la culture nipponne et nous fait découvrir les coutumes et la religion de ce pays. Cependant il opte pour un aspect du Japon que l’on n’a pas l’habitude de retrouver dans les livres et qui par conséquent est agréablement surprenant. L’histoire est quant à elle très séduisante, on se captive pour la quête et les aventures de cette jeune femme veuve. Dans son récit, Didier Decoin, porte une grande importance au sens. En effet à travers le concours de parfum qui est organisé dans le livre, l’auteur développe tout une réflexion autour des odeurs qui est très agréable à lire. La sensualité des corps est également très présente, voire parfois un peu crue. Ce qui est sûr c’est que Le bureau des jardins et des étangs est un très beau conte sensuel et dépaysant.
De quoi parle le livre ? Quand j’étais enfant, ma mère ne cessait de me répéter : « Arrête avec tes mensonges. » J’inventais si bien les histoires, paraît-il, qu’elle ne savait plus démêler le vrai du faux. J’ai fini par en faire un métier, je suis devenu romancier. Aujourd’hui, voilà que j’obéis enfin à ma mère : je dis la vérité. Pour la première fois. Dans ce livre. Autant prévenir d’emblée : pas de règlement de comptes, pas de violence, pas de névrose familiale. Mais un amour, quand même. Un amour immense et tenu secret. Qui a fini par me rattraper.
Pourquoi on aime ? Arrête avec tes mensonges est une très belle œuvre qui met son auteur à nu. On dévore le livre tant l’histoire, autobiographique, est bouleversante. En effet ce récit amoureux est la clef de l’univers littéraire de Philippe Besson. Les thèmes récurrents dans ses romans tels que l’absence, le manque, la perte, ou l’abandon surviennent notamment de cet amour de jeunesse. Comme à son habitude Philippe Besson nous offre une analyse d’une grande justesse des sentiments et de la psyché humaine. Comme dans tous ses récits précédents on a l’impression que le livre a été écrit pour nous. Ce livre nous captive aussi grâce à la plume de l’écrivain, une écriture simple, précise, sans fioritures, harmonieuse et au service d’un récit riche et saisissant. Laissez-vous emporter par cette délicieuse histoire d’amour disloquée entre Thomas et Philippe.
De quoi parle le livre ? Violoniste virtuose, fervent de musique kleizmer autant que du répertoire classique, Hochea Meintzel accepte l’invitation d’un festival de musique carnatique à Chennai, en Inde du Sud. Blessé dans sa chair par un attentat, c’est avec l’intention de ne plus revenir qu’il quitte Jérusalem. Comme aimanté par les circonstances, après une cahotante équipée qui le mène de Pondichéry à la côte de Malabar, en passant par un ranch de montagne aux frontières du Kerala, il finit par trouver refuge à Fort Cochin, non loin de l’antique synagogue bleue. Un soir de tempête, parce que la grande prière exige un minyan, quorum de dix fidèles, ceux qui sont restés supplient Hochea d’être le dixième. Avec la promesse de lui raconter l’histoire ancestrale des juifs de Kochi.
Pourquoi on aime ? Premières neiges sur Pondichéry est un roman qui fait du bien. Il fait partie de ces livres qui rompent avec l’actualité morose et déprimante et l’individualisme humain. Nous découvrons l’atmosphère très singulière de l’Inde à travers les descriptions rigoureuses et agréables. En s’appuyant sur l’exil et sur la rencontre d’un nouveau pays, l’auteur mêle adroitement les images, les sons et les parfums dans l’imaginaire du lecteur. La musique prend elle aussi une place très importante puisque le violon mélodieux du protagoniste nous suit pendant tout le roman. On se laisse très facilement emporter à Jérusalem et à Kochi. Le livre est notamment intéressant pour ses repères historiques et légendaires à propos du peuple juif. Dans son œuvre philosophique, Hubert Haddad nous offre un chant d’amour et d’espérance qui est toujours le bienvenu.
De quoi parle le livre ? Emma à quarante ans et a tout pour etre heureuse ; un mari qui l’aime et trois enfants. Cependant ce petit bonheur tranquille cache un grand mal être, une usure de la part d’Emma. Un jour, elle croise le regard d'un homme dans une brasserie et sa vie bascule devant l'évidence. Aussitôt, elle sait. Après On ne voyait que le bonheur, Grégoire Delacourt explore dans ce roman virtuose la puissance du désir et la fragilité de nos existences.
Pourquoi on aime ? Grégoire Delacourt, l’auteur du livre à succès La liste de mes envies, revient avec un roman qui devrait énormément plaire puisqu’il creuse encore plus loin dans les tourments humains. A une histoire d’amour assez classique s’ajoutent la gravité, la douleur et le deuil. Malgré un sujet éculé, l’auteur réussit à en faire un roman touchant et même surprenant. Sa plume n’y est pas pour rien puisqu’on ne peut que saluer la subtilité, la finesse et la sensibilité de celle-ci. La première partie du roman est la plus intéressante, elle porte sur le dilemme que vit Emma, partir ou rester. Grégoire Delacourt n'a pas son pareil pour parler des femmes, il décrit les sentiments et les analyse avec justesse et réalisme. Cette rigueur permet au lecteur d’entrer dans la vie privée d’Emma et dans sa tête. Page après page le récit, en parallèle avec l’histoire de la Chèvre de Monsieur Seguin, prend de l’intensité et provoque le rire ou les larmes.
De quoi parle le livre ? « Parfois le silence règne, nous sommes paisibles et concentrés, la lumière est belle et notre regard vigilant : alors l’émerveillement nous saisit. D’où vient ce sentiment fugitif ? Il ne résulte pas forcément de la nature grandiose de la situation ou du spectacle. Souvent c’est un état intérieur favorable qui nous permet de percevoir une dimension secrète et poétique du monde. Soudain on vit pleinement, ici et maintenant, dans le pur présent. Cette disposition intime est une conséquence du désir de vivre et de la faculté de joie. Le risque de l’enténèbrement a frappé notre époque mais il faut d’autant plus persister à évoquer l’émerveillement. Car la construction du bonheur, le respect de chaque vie précaire, précieuse et susceptible d’accueillir les plaisirs en même temps que le labeur, sont la marque de notre conception de l’existence. Ici est notre séjour, y porter un regard attentif est le plus sûr remède contre le nihilisme. »
Pourquoi on aime ? Selon Belinda Cannone une forme d’enténèbrement s’est abattue sur notre société. Pour répondre à ce nihilisme ambiant elle a décidé d’écrire S’émerveiller afin d’aider le lecteur à s’émerveiller davantage et reprendre gout aux petits bonheurs simples de la vie. Bien que cette œuvre pourrait ressembler à un guide de développement personnel, Belinda Cannone ne souhaite pas se faire coach bien-être. Que ce soit à travers un paysage ou un rire il existe une multitude de moyens pour apporter un peu d’émerveillement dans notre vie. Avec son livre, l’auteur nous offre les clés pour réussir à contempler en nous confiant son propre chemin pour parvenir à l’émerveillement. S’émerveiller permet de débuter l’année 2017 sur une note positive et de répondre aux idées noires de la société.
De quoi parle le livre ? « Si Dieu ne s'était pas mis en tête de planter ce foutu jardin en Éden, on n'en serait pas là. Si, au milieu de ce jardin, Il n'avait pas fait pousser l'arbre de la connaissance, la femme n'aurait pas croqué dans le fruit et ne l'aurait pas tendu à l'homme. Tout le monde serait resté nu. On aurait continué à cultiver sagement la terre et à dompter les fleuves. Si l'homme-poussière et la femme-côtelette n'avaient pas entrepris de se venger en lançant la rumeur de l'Éden, leurs descendants n'auraient pas eu cette idée fixe : retrouver le jardin ! Ils n'auraient pas construit de beaux bateaux pour partir à sa recherche. Ils n'auraient donc jamais trouvé Tahiti, ni ne l'auraient baptisée ainsi : Paradis perdu. S'il n'avait pas été perdu, personne n'aurait songé à le retrouver. Pas même Marlon Brando. »
Pourquoi on aime ? Il faut se méfier des hommes nus est un roman à mi-chemin entre le thriller introspectif et la biographie d’une icône du cinéma hollywoodien. Cependant la diversité de son sujet est telle qu’il est difficile de le classer dans un genre précis. Dans cette œuvre on découvre trois personnages, Marlon Brando, Cheyenne et bien sûr, le protagoniste principal, Tahiti. L’auteure nous offre un récit qui se déroule sur ce paradis terrestre et pourtant très loin de clichés habituels. Nous découvrons l’envers du paradis de l’ile. Comme Marlon Brando, Tahiti est mi ange mi monstre qui dévore les siens. On sent au fil des pages une vraie contradiction entre l’horreur et la beauté. L’histoire, quant à elle, est vraiment passionnante et se dévore, il est presque impossible de s’en défaire avant de l’avoir finie. L’œuvre d’Anne Akrich est très enrichissante et nous fait passer du rire aux larmes.
De quoi parle le livre ? "Elle construit un palais de mémoire qui, à mesure qu’il se peuple de sexes nouveaux, se complique de couloirs, d’annexes et de dépendances. Les portes y sont toujours plus nombreuses. Elle aurait pu prendre des photos et en faire collection, elle aurait pu tenir un carnet de comptes ou de croquis, utiliser comme support un tableur ou un journal intime, confier à d’autres ses souvenirs plus ou moins retouchés, elle aurait pu oublier – elle a préféré construire un palais." De chambre en chambre, Jeanne rencontre des hommes. Elle verrouille des portes qui l’enferment avec des inconnus et les rouvre un peu plus tard, emportant avec elle le souvenir du sexe qu’elle a mis à nu, oubliant la personne. Imaginons une vie qui ne serait que sexuelle. Jeanne circule dans Paris et y trame une géographie fantasmatique. Parfois, elle tombe dans les filets qu’elle a elle-même tendus.
Pourquoi on aime ? Mise en pièce est un livre qui fait beaucoup parler de lui. Présenté par Gallimard comme une « romance », on pourrait plutôt le qualifier de roman érotique classique. Pour sa deuxième œuvre la jeune romancière nous décrit le quotidien de son héroïne de manière crue et glaciale comme si elle était une simple visiteuse d’exposition. Au lieu de pointer l’obsession de son héroïne comme un mal Nina Leger préfère nous dévoiler une analyse psycho-sexo-sociale du personnage qui est très intéressante. La plume de la jeune femme est vraiment efficace. En effet l’œuvre, très bien écrite, est ponctuée de belles formules qui font leurs effets. Nina Leger offre également un panel de références littéraires et artistiques. Ce livre est à la fois novateur, fascinant, voir même troublant.
De quoi parle le livre ? Le fabuleux parcours - riche, vivant, et passionné - d’un jeune Russe dans le Paris d’aujourd’hui. Au fil de ses rencontres et de la solitude de ses déambulations se dessine une fresque hallucinée projetée sur le mur de la condition humaine. Maquereaux, marquises, écrivains, chats et chiens, tsars, grand-père combattant de trois guerres, femmes et hommes, enfants, bêtes venus de l’autre côté du Styx, tous entrent dans cette danse, farandole moderne des âmes tragiques et drolatiques qui tourbillonne de Paris jusqu’au pôle Nord, de Saint-Peterbourg jusqu’à la grande steppe tel un ouragan qui déracinerait les dents du dragon du passé et sèmerait ceux à venir…
Pourquoi on aime ? Face au Styx est un livre aux notes de folies. Dimitri Bortnikov nous propose une déferlante littéraire d’un peu moins de 800 pages qui enchaine les points d’exclamation, oublie les majuscules, multiplie les aphorismes et réinvente la langue française. Tout va très vite, l’auteur nous fait autant peur qu’il nous fait rire, à la manière d’un génie fou. Au début vous serrez tenté de refermer très vite se livre tant son style est dérangeant et troublant. Mais n’abandonnez pas votre lecture car vous risqueriez de passer à côté d’une œuvre majestueuse, continuez malgré l’envie d’arrêter le récit et la magie opèrera à coup sûr. L’auteur amène le lecteur à vaciller avec lui entre la Russie de son enfance et le Paris actuel. Face au Styx est une œuvre picaresque et puissante qu’on ne peut pas résumer tant elle est singulière. Ne passez surtout pas à côté de cette expérience littéraire incroyable !
De quoi parle le livre ? Zachée et Thadée, deux frères, étudiants brillants et surfeurs doués, déploient les charmes de leur jeunesse sous l’été sauvage de la Réunion. Mais l’été et la jeunesse ont une fin, et il arrive qu’elle survienne plus vite et plus tragiquement que prévu.
Pourquoi on aime ? Avec Les garçons de l’été, Rebecca Lighieri nous dévoile le monde particulier du surf et des surfeurs. Derrière l’histoire de cette famille de la bourgeoisie biarrote on découvre tout le travail de renseignements qu’a fait l’auteur sur ce milieu tant l’histoire est vraisemblable et juste. A cette atmosphère étrange s’ajoute un thriller effrayant et sanglant à souhait qui nous donne envie de lire ce récit d’une traite. Rebecca Lighieri prend plaisir à nous dévoiler un monde bourgeois fait de faux-semblants où les conventions mensongères deviennent cruelles. On note dans ce livre que l’auteur, qui écrit également sous le nom d'Emmanuelle Baymamack-Tam, est à l’aise dans tous les registres et détient une vraie efficacité narrative. Orgueil, colère, cruauté, laissez-vous emporter par l’auteur dans ce monde glaçant.
De quoi parle le livre ? La mère de Jenna, Alice, a disparu lorsque celle-ci n'avait que trois ans. Aujourd'hui, elle en a treize et est bien décidée à retrouver sa trace. Elle n'a qu'une certitude : jamais sa mère ne l'aurait abandonnée. Jenna se met à relire le journal de bord d'Alice, une scientifique qui étudiait le deuil chez les éléphants. Pour progresser dans sa quête, elle s'adjoint les services de Serenity Jones, une voyante qui prétend être en lien avec l'au-delà, et de Virgil Stanhope, l'inspecteur qui avait suivi l'enquête à l'époque.
Pourquoi on aime ? Le dernier roman de Jodi Picoult va vous surprendre et vous émouvoir à la fois. L’œuvre vous tient en haleine de la première jusqu’à la dernière page, on est vraiment pris dans la lecture du début à la fin et le dénouement est très surprenant. Ce torrent littéraire est notamment du au choix de l’écrivaine de jongler avec les narrateurs. Dans La Tristesse des éléphants l’auteure met en avant les émotions (qu’elles soient humaines ou animales avec les éléphants). Elle nous parle de la mort, du deuil mais aussi de l’amour entre les parents et leurs enfants. Tous ces sentiments rendent le livre émouvant, sans tomber dans le pathétique. Etonnamment l’auteur parvient même à nous faire croire à l’impossible. Les éléments surnaturels, qu’elle dissémine dans son livre à petites touches, paraissent logiques, tant cette pratique est faite avec finesse. Vous ne pourrez-vous résoudre à lâcher ce roman magnifique de Jody Picoult.
De quoi parle le livre ? 1 Samuel Richard écrit un roman dont la prolifération ne cesse d’échapper à son contrôle. Il jongle avec les idées, les tâtonnements, les digressions qui s’inscrivent dans sa chair et le rendent littéralement malade. Plusieurs récits se mêlent et se répondent, hantés par une obsession : l’assassinat de Malik Oussekine, qui doit être au cœur de ce livre. Au fil des « voix » qui s’imposent à lui apparaissent toutes sortes de personnages plus ou moins inventés. Eric Woerth, Sakineh Mohammadi Ashtiani, le Shah d’Iran, Joseph Boda qui tient un blog consacré aux victimes de la République, Charles Pasqua, Nora Bey, mère d’un jeune homme qui meurt suite à un tabassage policier… Le Roman impossible est la confession captivante de Samuel Richard, qui a choisi l’écriture pour vocation. Parviendra-t-il à écrire le livre qui l’obsède depuis des années, un roman total, un roman de l’accomplissement?
Pourquoi on aime ? Le roman impossible de Thierry Hesse est avant tout un roman singulier et inclassable. De nombreuses références historiques, philosophiques et sociologiques sont disséminées partout dans le livre. Vous pourrez également retrouver aux fils des pages des noms qui ont fait l’actualité ; Malik Oussekine l’étudiant mort des suites de violences policières en 1986, l’ancien ministre Eric Woerth, ou encore Sakineh Mohammadi Ashtiani, cette Iranienne condamnée à la lapidation. En plus de nous rappeler certains évènements historiques Le roman impossible nous fait voyager en passant de l’Algérie à Chantilly et de Metz à Tabriz dans l’Azerbaïdjan iranien. Cependant le vrai voyage que nous propose Thierry Hesse se trouve dans la tête de l’écrivain, au cœur de ses tourments et de la nécessité d’écrire. Que choisir ? Continuer d’écrire un livre qui ne se termine pas ou accepter une opportunité financière quitte à vendre son âme ? Vous ne sortirez pas indemne de ce récit à la fois exigeant et passionnant.
De quoi ça parle ? Dans les années 90, Justine, vingt-cinq ans, rêve d’une grande histoire d’amour. Elle tombe éperdument amoureuse d’Alex, mais vingt ans plus tard, c’est avec son frère, Nicolas, qu’on la retrouve mariée et mère de deux enfants. Elle vit un bonheur tranquille, jusqu’au jour où Nicolas est licencié et plonge irrémédiablement. Le talent de François Roux est de s’emparer de l’histoire immédiate et d’en faire le récit, au plus près de la réalité sociale, affective et politique.
Pourquoi on aime ? Tout ce dont on rêvait est une œuvre de François Roux poignante. Il décrit à merveille la cruelle société dans laquelle on évolue. L'auteur aborde donc des sujets majeurs comme le chômage, le racisme social, racial ou sexuel mais surtout la perte d’identité liée à la perte du travail. Le réalisme de l'écrivain face à ce monde en est presque inquiétant tant il est proche de ce que l’on peut vivre à notre échelle. L'œuvre nous expose le processus de dévalorisation de soi, d'auto destruction, les difficultés à rebondir, le mépris et l'indifférence de ses "amis", le tout avec une plume très belle et fluide. Ce contexte social est d'autant plus angoissant qu'il est décrit dans un rythme nerveux, alternant rapidité et suspension du temps. François Roux parvient à nous toucher par un récit à la fois poignant et criant de douleurs. L’histoire de ce couple sert donc de prétexte à l’auteur pour décrire avec acuité et sensibilité notre époque. Un livre vraiment réussi.
De quoi ça parle ? «Ma plus jeune sœur Verdun est née toute hurlante dans La Fée Carabine, mon neveu C’est Un Ange est né orphelin dans La Petite Marchande de Prose, mon fils Monsieur Malaussène est né de deux mères dans le roman qui porte son nom, ma nièce Maracuja est née de deux pères dans Aux fruits de la passion. Les voici adultes dans un monde on ne peut plus explosif, où ça mitraille à tout va, où Police et Justice marchent la main dans la main sans perdre une occasion de se faire des croche-pieds.»
Pourquoi on aime ? On ne l’attendait plus, la tribu Malaussène est enfin de retour et nous promet du mouvement. Comme à son habitude le style inimitable de Pennac est présent avec une histoire à rebondissement, loufoque et rocambolesque à souhait. L'auteur nous fait passer un bon moment en suivant l'histoire des Malaussène et il faut lutter pour ne pas le lire d'une traite. En effet l'intrigue policière est très bien ficelée et tient le lecteur en haleine continuellement. Le suspense est au rendez-vous et on ne s'ennuie pas une seule seconde. Dans son nouvel ouvrage Daniel Pennac en profite pour dynamiter avec joie les milieux politiques et judiciaires, l'édition et les médias. Le petit plus, pour ceux qui n'ont pas lu les livres précédents, ou qui ne s'en rappelle plus vraiment, vous trouverez en fin d'ouvrage un répertoire très utile pour se remémorer les nombreux personnages. La dernière œuvre de Daniel Pennac est donc le remède parfait pour lutter contre la morosité qui guette en hiver.
De quoi ça parle ? Charlène, la soixantaine, est restée jeune. Mais quand le vide l'envahit soudain, elle enchaîne les appels téléphoniques à sa fille. Mère touchante et toxique à la fois, elle l'atteint toujours là où ça fait mal.
Pourquoi on aime ? Carole Fives nous offre un très beau monologue téléphonique au côté de Charlène dans Une femme au téléphone. Cette sexagénaire qui continue de se prendre pour une jeune fille et qui s'est trompée d'avenir est un personnage auquel on s'attache au fil des pages. Complètement dérangée, ne voulant pas vieillir et doté d'un humour noir, l'auteure parvient à créer des liens entre le lecteur et cette mère envahissante qui suscite chez nous des montagnes russes émotionnelles. On passe des larmes à la colère, on est même à deux doigts de raccrocher. Dans ce dernier roman, Carole Fives produit un texte très fort et limpide. Elle parvient vraiment à mettre en avant ce rapport mère-fille, qui parfois s'inverse. Le livre, qui n'est pas sans rappeler La voix humaine de Jean Cocteau, basé également sur un monologue téléphonique, va à toute allure, on est même déçue que ça se finisse si vite. Une femme au téléphone est un roman qui sonnera juste pour de nombreuses lectrices.
Légende photo : Jérôme Garcin, Hervé Le Tellier, Rachida Brakni, Marthe Keller, Gaël Faye, Kamel Daoud, Rebecca Dautremer, Emmanuel Lepag
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Légende photo : Abnousse Shalmani, lauréate du prix Simone Veil 2024, entourée de Pierre-François Veil (à gauche sur la photo) et Jean Vei