Les haïkus savent saisir l' émotion d'un instant, l'éternité d'une fugacité. « Un jardin au Japon » (La Martinière) réunit 100 des plus beaux poèmes de Koayashi Issa, l'un des maîtres du haïku, illustrés par des œuvres inspirantes. Une invitation au voyage et à la méditation. En ces temps troublés, une lecture qui fait du bien.
Aller à l'essentiel, saisir la fugacité d'un instant ou d'une émotion... Le haïku- poème court de 17 mores, versets, en trois segments 5-7-5 - distille un art ancestral qui ne cesse de rencontrer de nouveaux adeptes. Ces poèmes nous parlent à l'oreille et à l'âme, ils posent l'axe d'une éternité comme une étreinte avec le temps et la contemplation de la nature. A chaque lecture, une redécouverte, un état méditatif qui s'inscrit de plus en plus profondément en nous.
Même si les poètes contemporains de haïkus poursuivent la tradition, relire les poèmes des grands maîtres reste un bonheur sans cesse renouvelé. Kobayashi Issa (1763-1828) est l'un des maître incontesté du genre. Ses poèmes atteignent une sorte de perfection, qui marie concision et intensité. Celui qui signe Issa, a composé plus de 20 000 haïkus : on peut dire qu'il représente l'apogée du haïku, entre classicisme maîtrisé et le début de l'émotion qui effleure.
Voici quelques exemples de ces courts poèmes d'Issa qui reflètent des fragments de nature.
« En priant, je lève
La tête et reçois du ciel
Un pétale de fleur. »
« Pour les siècles des siècles
L'orme protège ma porte...
Vent de la saison morte. »
« Devant l'illustre jardin,
Avec ses fleurs, il bloque le passage,
Le cerisier sauvage ! »
« Rien que neige et buissons,
Neige et buissons... Pourtant,
C'est la fin du printemps. »
« Sur la tête immense
Du chrysanthème
Dort une chenille. »
« Tout simplement
Tout d'un coup vient le printemps-
Ciel pâle, encore blanc. »
Les éditions de Lamartinière ont eu la bonne idée de rassembler dans « Un jardin au Japon » 100 haïkus d'Issa, dédiés au jardin, au passage des saisons, à la nature. Des poèmes qui sont illustrés par une sélection variée d'œuvres d'art (estampes, rouleaux, photos, dessins à l'encre) anciennes et contemporaines, signées Hiroshige, Katsushika Hokusai, Kawase Hasui ou encore André Kertész. Mots et images instaurent un dialogue qui permet au lecteur de s'évader. Résonance implicite, correspondance silencieuse. Un mariage heureux qui se découvre page après page.
Issa a toujours célébré la nature. Lire ses poèmes, aide à mieux regarder les fragments des branches, les fleurs, les ruisseaux, les animaux... et la lune dans le ciel, horloge du temps qui passe. Le saisons se succèdent, automne mordoré, hiver enneigé, printemps joyeux, été étincelant... le lecteur s'enivre en quelques vers pour mieux contempler ce qui l'entoure et rêver d'un ailleurs qui n'est plus.
Cet ouvrage se situe dans la lignée d'Un chat au Japon, qui avait repris aussi une sélection d'haïkus d'Issa sur le thème des chats. Il donne à ressentir autant qu'à imaginer. C'est un beau livre, mais c'est aussi un livre qui fait du bien, car il peut se lire d'une traite, ou par haltes. On y revient de manière presque méditative. C'est un livre qui permet de s'envoler par dessus les soucis du présent, comme l'annonce l'illustration de couverture, qui nous montre un moineau prêt à butiner une rose.
>Un jardin au Japon: Haïkus de Kobayashi Issa, Traduction de Seegan Mabesoone, La Martinière, 160 pages, 25 euros. Pour acheter le livre, cliquer sur ce lien
Lire notre interview de Pascale Senk, spécialiste de l'art des haïkus
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