Alors que les éditions Calmann-Lévy ont la bonne idée de rééditer l'œuvre majeure de Vassili Grossman (1905-1964), Vie et destin, Daniel Sarfati s'interroge sur cette étrange histoire concernant celui qui regarda le communisme comme un rempart contre le fascisme... avant de se retrouver de l'autre côté de l'horreur. Vie et destin, ose faire le parallèle entre nazisme et stalinisme. Le livre ne parut jamais du vivant de l'auteur, puisque sa première édition en russe fut publiée en Suisse en 1980. Il représente aujourd'hui un des textes les plus édifiants sur le communisme en Russie, fresque historique remarquable, à l'instar de Guerre et paix de Tolstoï.
L’écrivain russe, Vassili Grossman a longtemps cru que le communisme et l’Union Soviétique constituaient le rempart au fascisme et à l’antisémitisme.
Réformé, pour raisons de santé ( il est tuberculeux), il sera malgré tout présent, comme journaliste, aux côtés de l’armée soviétique, sur tous les fronts et en particulier pendant la bataille de Stalingrad.
Il entre avec l’Armée rouge, dans les camps d’extermination de Maïdanek et de Treblinka, et sera témoin de l’ampleur du génocide du peuple juif.
Il va parcourir l’Ukraine, à la recherche de témoignages et publier dans le journal Novy Mir des articles qui racontent, pour la première fois, ce que fut la Shoah.
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« Je m’incline bien bas devant ces paysans arméniens, qui en pleines festivités de mariage, ont pris la parole pour dire les supplices du peuple juif au temps des atrocités hitlériennes, les camps de la mort où les nazis tuaient les femmes et les enfants juifs. Tous ceux qui ont péri dans des trous, des fossés boueux…»
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Ces articles seront censurés.
Et il ne pourra que constater, avec le procès des blouses blanches et la liquidation des intellectuels juifs soviétiques, l’antisémitisme d’état du régime stalinien.
Il rédige un roman « Vie et destin », une fresque, sur le modèle de « Guerre et paix » de Tolstoï, en mettant en parallèle le totalitarisme nazi et stalinien.
Le manuscrit sera saisi par le KGB et ne paraîtra jamais du vivant de Grossman.
Il dira qu’il a été pour la première fois témoin de « l’arrestation d’un roman ».
Des proches de l’écrivain réussiront à exfiltrer le roman à l’étranger, qui sera finalement publié en Suisse, en 1980.
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C’est une œuvre littéraire immense, que j’ai mis des mois à lire, mais que l’on n’achève jamais et qui nécessitera des relectures.
>Vassili Grossman, Vie et destin, Calmann-Lévy, 1200 pages, 31 euros.>> Pour acheter le livre, cliquer sur ce lien.
>Vassili Grossman, Souvenirs et correspondance, Calmann-Lévy, >> Pour acheter le livre, cliquer sur ce lien
>Vassili Grossman, Années de guerre, Autrement >> Pour acheter le livre, cliquer sur ce lien
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Daniel Sarfati est médecin ORL, passionné par le langage, par les signes, la lecture des mots qui s’écrivent, se lisent sur une page ou sur des lèvres, les histoires qui se vivent ou qui s’inventent.