Le Prix Médicis 2016 est attribué à Ivan Jablonka, pour son enquête-fiction Laëtitia ou la fin des hommes (Seuil). Les deux autres lauréats sont Steve Sem-Sandberg dans la catégorie «roman étranger», pour Les élus (Robert Laffont, traduit du suédois par Johanna Chattellard et Emmanuel Curtil) et Jacques Henric dans la catégorie «essais» pour Boxe (Seuil).
Une écriture singulière qui donne valeur universelle à un fait divers
Ancien élève de l’École normale supérieure, éditeur et écrivain, Ivan Jablonka est professeur d’histoire à l’université Paris 13. Il est rédacteur en chef de la revue laviedesidees.fr et codirecteur de la collection "La République des Idées" aux Éditions du Seuil. Son livre Laëtitia ou la fin des hommes est parti d'une enquête à partir d'un horrible fait divers : le meurtre d'une jeune fille de 18 ans, Laetitia Perrais. A partir de faits concrets, Ivan Jablonka se plonge dans une minutieuse enquête, qui mène à l'inconcevable. Et à une dimension universelle. Ce n'est pas de l'histoire, ce n'est pas du journalisme, ce n'est pas un témoignage, ce n'est pas un roman. C'est un peu tout cela. C'est un livre fort, qui avait déjà reçu le prix du Monde.
Une enquête et bien plus
Voici comment l'auteur présente son travail : "Dans la nuit du 18 au 19 janvier 2011, Laëtitia Perrais a été enlevée à 50 mètres de chez elle, avant d’être poignardée et étranglée. Il a fallu des semaines pour retrouver son corps. Elle avait 18 ans.Ce fait divers s’est transformé en affaire d’État : Nicolas Sarkozy, alors président de la République, a reproché aux juges de ne pas avoir assuré le suivi du « présumé coupable », précipitant 8 000 magistrats dans la rue.Ivan Jablonka a rencontré les proches de la jeune fille et les acteurs de l’enquête, avant d’assister au procès du meurtrier en 2015. Il a étudié le fait divers comme un objet d’histoire, et la vie de Laëtitia comme un fait social. Car, dès sa plus jeune enfance, Laëtitia a été maltraitée, accoutumée à vivre dans la peur, et ce parcours de violences éclaire à la fois sa fin tragique et notre société tout entière : un monde où les femmes se font harceler, frapper, violer, tuer."
Le mot d'Audrey Azoulay, ministre de la Culture et de la Communication
Audrey Azoulay, ministre de la Culture et de la Communication a adressé ses félicitations à Ivan Jablonka, lauréat du prix Médicis 2016 pour Laëtitia ou la fin des hommes (Seuil) : "Ce roman intense, passionnant, est tout à la fois l’œuvre d’un sociologue, d’un romancier et d’un historien. Ivan Jablonka fait partager au lecteur la courte vie de Laëtitia, qu'il refuse de voir réduite aux conditions atroces de son assassinat.
Son talent d'auteur et son travail en profondeur permettent de créer une empathie exceptionnelle envers Laëtitia ainsi que sa sœur jumelle Jessica. Le livre montre aussi la violence faite aux femmes encore trop souvent à l'œuvre dans notre société et qui nous est rappelée parfois de façon spectaculaire à travers ce que l’on appelle des faits divers."
La ministre a tenu également à féliciter aussi Jacques Henric pour son ouvrage Boxe (Seuil), lauréat du prix Médicis de l’essai et l'écrivain suédois Steve Sem-Sandberg, lauréat du prix Médicis du roman étranger pour Les Elus (Robert Laffont). Une double distinction pour la maison d’éditions du Seuil, à laquelle la ministre a tenu à rendre hommage ainsi qu’aux éditions Robert Laffont.