Les Écrits

La ronde du temps (Une ronde folle)

L'histoire est ancienne, au point d'en ignorer le temps:

A l'impossible matrice d'un commencement,

L'improbable semence d’un univers béant.

Le monde d'avant le monde, d'avant tout : où rien n'existe.

Infini resserré dans l'infime : pris au 'noir-aimant' du néant.

Hors-là d'une éternité immobile et opacité originelle en aplat sur un plan indéfini:

A l'impensable d'un point sans coordonnées et qui cependant se condense…    

Jusqu'à l'implosion ou peut-être l'explosion?

Qui fait origine à l'Origine, quoi qu'il en soit :

Coït cosmique d'avant l'espace et fracas déchirant les ténèbres de glaces pour cracher les ferments de genèses inconnues dans l'immensité accouchée...

Qui s'étend, toujours plus et partout à la fois.

Qui s'invente en univers : pluie de fulgurances scintillantes en dérive sidérale!

Car la matrice implose et renaît en myriades d'étoiles:

Chorégraphie du chimérique s'en allant mourir au cœur affamé d'un trou noir  -errance meurtrière.

Avec pourtant l'ombre portée d'un commencement...

L'univers à son début, où des énergies en chaos stellaire esquissent l'inédit :

       Lucioles de matière évanescente...

       Energie presque pure...

       Et matière encore fantôme!

 

Reste à imaginer :

       Une braise à cet instant où en naît une flamme.

       Qui se tord en arabesques.

       Peut basculer.

       Se dresser?

       S'éteindre peut-être...

    Moment fragile de l'éphémère, moment de grâce : tout est possible, même l'impossible.

   Mais la voilà qui rougeoie dans un trompe-l’œil de transparence ; et qui vibre à l'indéfini du peut-être, presque liquide.

  Ça y est   -enfin, déjà:

       Elle se centre autour d'un axe, prise au piège d'un soleil hyper actif.  

       Est énorme, est immense   -est la Terre à l'origine.


 

Big-Bang donc, univers en genèse.

Possibles à l'infini...

Réel en tangente !

Apollon...    

Eros...  

Thanatos...

Et  Zeus ; qui  rit quand la mort gagne peu à peu contre l'éternité du néant.

 

Passent alors les ans : des millions, des milliards.

Qui la refroidissent et la réchauffent  et la verdissent...

Chimie du carbone ?

Agrégats, organites, organismes   -bientôt, avec des si...

Fiction!

Fiction qui des lettres de la vie ne sait encore que les pointillés.

            

C'est là l'histoire de l'improbable :

           Car le temps a pris son cours entre les roches, où l'eau s'abreuve à la source des volcans. 

           Et la lune l'allume de quelques lueurs magiques : l'ombre solaire y plonge en frémissant.

           Aura lunaire où s'éveilleront quelques rêves   -plus tard, plus loin.

           Soleil prodigue où se réchauffera la vie   -demain, partout.

           Car le liquide fourmillera, car l'avenir y prendra racine.

           Elle, sortie d'un chapeau qui ne la savait pas;

           Lui, issu d'un tour qui ne le portait pas.

           Elle : féconde et vulnérable  -si forte!

           Lui : ramifié et incertain  -toujours plus loin!

 

Mais le temps passe, qui maintenant existe...

Jouant d'essais qui n'en sont pas;

Marquant les crêtes et les abysses.

Où des colosses de pierres explosent leurs cœurs de poussière;

Où des géants de chair déchirent la nuit noire de leurs peines perdues.

Où tant de promesses s'en vont sombrer dans le gouffre froid de l'apocalypse...

 

Viennent d'autres saisons, d'autres raisons.

Et des ombres malhabiles, des hommes si fragiles !

Qui se redressent, avancent : de luttes en obstinations, avec quelques songes de paille pris aux vents mauvais.

Morts que l’on enterre, dieux que l’on prie.

Terre que l’on vénère, que l’on maudit : de dolmens en cathédrales.

Entre les rêves qui grandissent, les clans qui disparaissent...

Avec des espoirs en fleur, des peurs à foison...

Et  des villes qui s'élèvent ; des villes qui tombent plus abruptement qu'un tonnerre au soir d'été...   ... autant de  travaux d'Hercule abîmés dans l'instant d'une folie meurtrière ou d'un frisson de l'écorce-mère.

Vague à l'âme : lame de couteau dans la substance des sentiments?

Parfois pourtant,  les éléments se calment et la folie des hommes enfin retombe; reportant à plus loin ses talents assassins. Le jour revient  alors à ses promesses d'ensorcellements et l'aube peut s'enflammer d'un nouveau soleil ;  réveillant la chair d'un frisson étonné   -au bord d'un cœur devenu fou, au creux de deux paumes ouvertes à l'instant qui s'y prend d'éternité.

A s'aimer jusqu'au bout des rêves...

A miser sur l'avenir...

    Las! 

Les dés sont jetés au hasard d’une mare aux fées où se noient les chants des sirènes et autant de possibles    –à l'indéfini des ébauches sans lendemain. Ainsi, l’ouragan immobile rend la matière dispersée à sa ténébreuse odyssée : voyage solitaire au bout de la nuit et de l’oubli, sans retour possible   -alea jacta est!

Jeté le sort, et d'impassibles forces;

D'intangibles raisons;

D'impossibles chimères.

Par Zeus peut-être...

Et Apollon?

Ou plus sûrement par Eros, et Thanatos…

Qui font la vie, qui font l’amour : à emballer le temps, à réinventer la mort   -divine comédie d’une histoire sans fin !

Avec des saisons en enfer aux portes de l’éden;

Avec des éternités brisées, des instants figés.

Et des rêves d’automne plus brûlants qu’un volcan.

Zeus donc !

Ou Jupiter et ses deux besaces : tout et son contraire   –mirage !

A la folie d’y croire    –d’y prendre part ?

Avec les hommes et les loups.

Contre les rêves, sans espoirs : à creuser tant de tombes, à remuer un ciel vide et une terre trop lourde…

 

Fortune et infortunes, entêtées !

Car tout se mélange : tant d’Idéaux noyés en quelque magma infâme …

Mais les dieux de marbre sont à leurs orgies sanglantes et les statues de chair se cherchent et se perdent aux portes d’un enfer glacé : lambeaux de rêves et rêves de pierres se jouent des hommes et de leurs dieux.

Reste la peur du paradis, la peur des autres ou d’autres lendemains.

Avec des vies comme des miroirs brisés : kaléidoscope où se mire en éclats dispersés toute la désespérance du monde.

Avec des bûchers de cendre sous la neige rougie.

Et tous les Diogène du monde éclairant de leurs lanternes vacillantes la fragile lueur du jour.

Reste les ombres !

Et les anciens.

Et les modernes…

Et les nouveaux ?

Dieux de pacotilles prix aux paillettes des rampes ultra-médiatiques : plus vieux que leurs pères, trop souvent.

Qui jouent au Diable ; qui s’y prennent   –et retournent au balbutiement du monde, nous y donnant rendez-vous !

... Rendez-vous avec la mort, pour tous, les yeux grand ouverts : dispersion des choses fragiles qui font une vie d’homme, entre les lignes de chance et les détours d’amour…

Mais les hommes ont parlé une fois encore : les dieux ont soif !

Mais les hommes ont perdu une fois de plus : les dieux sortent cuirassés de leurs mains tremblantes.

Mais les hommes se sont tus une fois de trop à trop hurler : leurs dieux ont la force de leurs cris de haines…

Et tout se mêle qui des cauchemars redessine le réel : tonneau sans fond d’une humanité perdue. Désormais, les promesses de lendemains enchantés se jouent en grandes pompes sur les scènes de carton-pâte : les temps ont sombré dans les méandres d’un fleuve devenu fou.

 

Dieux de l'Olympe, ou pulsions d'ici...

Mirages en désespoir    -illusions des rêves?

De quelques peurs s'inventant des ombres de lumière, de quelques  rages aussi.

Avec des "Au-delà" qui se jouent de l'immédiat pour inventer le monde des hommes:

Au-delà de l'instant, de soi, d'ici...  

Avec des élans ouverts à l'infini, et des replis où se racornissent les âmes de chair. 

Qui se combattent, qui se mélangent.

Edifiant un monde à leurs démesures, tellement étriquées...

Ou le détruisant?

Portant la vie de leurs obstinations, de leur sang, à bout de bras, à bout de cœur et assoiffés d'éternité  -ou la brisant de haines et d'avidités aveugles!

Qui dessinent  les hommes   -et les peut-être, et les pierres, et les Idées.

Avec un peu d'amour, ici ou là ?

Et des unions en corps à cœur soulés jusqu'à l'âme  -avec aussi l'enfant tenant demain d'une main….

 

Mais revient l’infernale ronde  des ans et des morts où quelques revenants s'unissent en une farandole obscène pour exploser le cœur des vivants : où se dressent des envies avides de pouvoir et des brasiers puants   -prenant en tribut d'un immonde carburant  autant de martyrs sacrifiés sur leur autel enivré de majuscules.

Car  là comme partout, des statues de marbre ou d'ivoire gardant les portes d'un paradis en mirage d'argent   : the end !

 «The end» ou histoire sans fin d'un éternel recommencement, toujours semblable, jamais pareil.

Histoire aussi de tous les peut-être qui prennent chair  dans la rondeur féconde d'un ventre où quatre mains se posent   : rond comme une promesse parfois tenue. Où se mêlent passé immémorial et présent palpitant. Où se joue une course éperdue quelquefois gagnée vers un futur de monts et merveilles grand ouvert sur des possibles incertains : quand le souffle d'un rêve enfantin s'en va cueillir un rayon de lumière pour l'offrir aux larmes des hommes, y dessinant quelques mirages d'eau  où s'apprivoise demain...  

Car le petit d'homme ébauche de ses jambes minuscules un arc où se prend la lumière : projetant sur le sol  l'ombre d'un pont ouvert sur l'infini.

Tellement vulnérable, si fort…

Mais il la voit qui s'étend, s'en réjouit, se redresse    : avec sérieux.

Puis, décidé, avance d'un pas.

Et  son rire en éclats victorieux s'en va chatouiller les yeux des mères du bout d'un songe hésitant...

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