Nous avons rencontré Helle Helle, venue de son Danemark natal pour un passage en France à l'occasion de la publication de son cinquième roman, Chienne de vie, aux éditions du Serpent à Plumes. Première lauréate danoise du Prix Per Olov Enquist, l'auteure conduit ses lecteurs dans un monde à part, qui tend irrémédiablement vers un idéal. Entretien avec la créatrice d'un univers littéraire calme et apaisé, jusqu'à ce que les voiles des apparences soient levés...
Chienne de vie s'ouvre sur un acte violent et révélateur: Bente est écrivain, et mène une vie confortable avec son mari dermatologue. Un matin, elle fait sa valise, quitte l'appartement, ne préviens personne. Bente part en effaçant ses traces, pour mieux se perdre. La raison qui a motivé ce départ précipité? Une panne d'inspiration, la fameuse feuille blanche de l'écrivain. Les vastes paysages enneigés de la campagne où elle se perd lui rappellent cette cruelle absence de créativité. Heureusement pour Bente, Cocotte et Johnny, un couple, se proposent de l'héberger pendant convalescence, sa thérapie. A leur contact, en partageant leur quotidien, Bente va s'essayer à un autre rythme de vie, plus lent, mais plus riche. Temps du repos, temps de la création? Helle Helle n'exprime jamais explicitement l'analogie, et sait parfaitement manier la distance du style. Le roman a été désigné comme minimaliste: c'est vrai, au moins pour le côté dramatique de l'ouvrage, mais la profusion étudiée des détails de cette vie hors-temps, hors-espace dessine une image de l'espace propice à la création. Pour Bente, la maison de Cocotte et Johnny, dans laquelle les objets ont tous une histoire, agit comme une muse bienveillante. On se souvient de Balzac qui écrivait en habit de moine ou de Schiller qui conservait des pommes pourries dans son bureau, et ces autres rituels d'écrivains qui "favorisent" l'inspiration et l'écriture. Chienne de vie pose la question de l'inspiration, du bien-être comme combustible de la création, tout en suggérant subtilement la possibilité lointaine d'un lieu idéal pour l'artiste et son oeuvre.
Cocotte et Johnny forment « a nice couple » (un couple parfait). Bien que leur vie ne soit pas simple, ils ne posent pas beaucoup de questions.
J'écris chez moi lorsque je suis seule, lorsque mes enfants sont à l'école, au calme. Depuis que j'écris j'ai toujours eu des enfants, je suis donc très occupée toute la journée.
Je sais que Nathalie Sarraute existe, je la connais de nom mais je ne suis pas familière de son travail, je n'ai jamais lu une de ses oeuvres. Quant à Igmar Bergman, il fait partie de mon top five des réalisateurs aux côtés de Lynch ou Hitchcock.
Je n'aime pas beaucoup les changements brusques, les situations d'insécurité. Je préfére, j'ai besoin de voir les choses et de les comprendre.
Le prix Per Olov Enquist veut dire beaucoup pour moi. C'est un auteur très connu, très reconnu. Je suis ravie et flattée d'être considérée comme « une jeune » artiste. Ce prix a été d'une grande aide pour moi.
Lorsque je pense à mon écriture et à ma littérature, je pense à l'auteur. J'écris dans le but de créér une rencontre, « a quiet meeting » (une calme entrevue). J'ai besoin d'un lecteur qui imagine la même chose que moi.
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Helle Helle, Chienne de vie, Le Serpent à Plumes
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