Invitée du festival Livres en tête, le vendredi 25 novembre 2016, Marie NDiaye revient sur son dernier roman La cheffe, roman d’une cuisinière publié chez Gallimard. Un monologue distendu et élégant dans lequel apparait peu à peu la figure, mutique et déifiée, d’un génie de la cuisine. Rencontre avec une auteure à l'écriture "puissante".
La cheffe, roman d’une cuisinière publié chez Gallimard est le dernier roman de Marie NDiaye. Un monologue distendu et élégant dans lequel apparait peu à peu la figure, mutique et déifiée, d’un génie de la cuisine. Nous partons à la rencontre de Marie NDiaye, auteure à l'écriture "puissante".
M.D. : Un narrateur dont nous savons peu de chose entreprend de raconter la vie d’une cuisinière, la Cheffe, dont il a été l’employé durant de longues années.
M.D. : Cela ne me serait pas venu à l’idée d’intituler ce livre « biographie », terme qui, à mes yeux, implique qu’on parle de quelqu’un ayant existé ou existant encore, et non d’un personnage de fiction, ce qu’est ma Cheffe absolument. Ce n’est pas parce qu’il y a un narrateur qu’il ne s’agit pas d’un roman.
M.D. : Je pense, au contraire, que le narrateur est plutôt le prétexte pour raconter la vie de la Cheffe, qui est le personnage essentiel de cette histoire. Nous ne savons pas grand-chose, au fond, de la vie du narrateur, nous ne connaissons ni son nom ni son enfance.
M.D. : Pas précisément mais il est vrai que, comme dans La chute, mon narrateur s’adresse à un personnage, ou à des personnages anonymes.
M.D. : La frontière parfois ténue ou difficilement discernable entre le génie et le simple talent : cette question m’a toujours intéressée, intriguée. Comment en juge-t-on, avec quels outils, est-ce profondément subjectif ou indiscutable- je n’ai aucune réponse sûre.
M.D. : Je souhaitais plutôt qu’on ne soit jamais tout à fait convaincu de ce que nous dit le narrateur. Il mène son enquête, il fait des suppositions mais il y a beaucoup de choses qu’il ignore. Presque rien de ce qui concerne la Cheffe n’est certain.
M.D. : Tout au long du roman le personnage se définit en effet par sa vocation, c’est la raison pour laquelle je ne lui ai donné ni prénom ni nom. C’est aussi ainsi que le narrateur, son employé, l’a toujours appelée en lui-même. A la fin, la Cheffe est morte, le récit de sa vie s’achève, on peut connaître son prénom.
M.D. : Je ne sais pas trop. L’aspect classique d’une histoire d’amour, peut-être.
M.D. : Un récit hagiographique, je pense.
M.D. : Oui, c’est cela. Quand le narrateur interrompt son récit (oral, il parle à quelqu’un), les pensées concernant sa vie actuelle envahissent de nouveau son esprit.
M.D. : Oui, j’ai tâché de donner sa voix propre à mon narrateur et, d’une certaine façon, créer l’illusion qu’il est en train de parler.
M.D. : Non, jamais.
M.D. : Je ne me relis jamais à voix haute. Le rythme est essentiel, oui, mais, en ce qui me concerne, tout se passe uniquement mentalement.
M.D. : Je n’aime pas beaucoup lire à haute voix. Certains auteurs ne servent guère leurs textes en les lisant eux-mêmes, il est parfois bon de laisser faire ceux qui ont l’habitude de cette pratique.
>Marie NDiaye, La cheffe, roman d’une cuisinière, Gallimard
Propos recueillis par Solène Reynier pour Les Livreurs
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