Phillip Pullman est l’un des « meilleurs écrivains Britanniques depuis 1945 » selon The Times, avec ses best-sellers pour jeunes et moins jeunes. Sa trilogie A La Croisée des mondes, a été adaptée en film, puis en bande dessinée, et bientôt en série télévisée. Le deuxième tome des Royaumes du Nord est sorti récemment en BD. A l'occcasion du Festival de Cannes 2016, quelques questions à un écrivain qui se pose souvent la question de l'adaptation du récit littéraire vers le cinéma.
Avec l'adaptation en bande dessinée du deuxième volet de "A La Croisée des mondes", plongez ou replongez dans l'univers fantastique de Lyra et sa vie dans une version parallèle d'Oxford. Une histoire si réussie que la BBC, prestigieuse chaîne de télévision britannique, a même décidé de lui consacrer sa propre série TV. Philip Pullman, l'auteur de cette trilogie vendue à près de 17 millions d'exemplaires dans le monde entier, donne ses impressions sur le passage de son livre vers différents supports.
« Je le perçois comme une reconnaissance de ma chance. On peut être très talentueux et pourtant avoir la malchance de ne jamais être aimé du public. Quand un de mes livres est adapté, je suis content d’avoir écrit une histoire avec laquelle des gens veulent jouer.
Un petit peu, mais mon réel intérêt se porte plutôt sur le livre que je suis en train d’écrire maintenant et non pas celui que j’ai écrit il y a dix ans. Ça m’intéresse, bien sûr, de savoir si cela est bien fait, et si ça ne l’est pas, je ressens un soupçon de regret, mais le livre est toujours là après tout.
Je n’ai jamais le temps de me concentrer vraiment sur une adaptation. Dans tous les cas, le vrai patron en ce qui concerne le film, c’est le réalisateur. Les cinéastes seront souvent polis envers l’écrivain, mais ce qu’il a à dire ne les intéresse pas vraiment. La meilleure chose à faire pour un écrivain quand un de ses bouquins est adapté en film, selon le proverbe, c’est de « prendre l’argent et courir ».
Une ou deux fois, j’ai dit non à un projet qui voulait tant modifier l’histoire (« Clockwork » par exemple) qu’on arrivait même plus à la reconnaître. Alors j’ai dit “Non, vous ne pouvez pas le faire” et fin de l’histoire. C’est bien mieux de cette façon plutôt que de passer des mois à se disputer et à essayer sans succès de ramener un peu l’histoire à ce qu’elle devrait être.
Le cinéma peut faire ces deux choses. La perception visuelle et la perception obtenue pendant la lecture sont différentes, ce qui est une question très intéressante à se poser et à examiner, mais bien trop large pour l’aborder ici.
Oui. Mais comme je l’ai dit, le livre est toujours là. Il n’y a pas de loi qui dit que quand une adaptation cinématographique est réalisée, le livre doit être détruit ou brûlé. Et en fait, je pense que notre expérience commune, après un siècle de réalisation de films, c’est d’être déçu quand on voit une adaptation d’un livre qu’on a adoré. “Ils ont oublié ce passage – elle n’aurait pas dû ressembler à ça – ils ont changé la fin”, et tout le reste… Mais ça paye bien !
Ça le serait sans aucun doute, mais je me demande qui voudrait faire ça. Et pourquoi. Peut-être pour explorer la différence entre les deux médias ? En tout cas, moi ça ne m’a jamais tenté.
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>Philip Pullman, A la croisée des mondes, l'intégrale, Gallimard
>Philip Pullman, Royaumes du Nord, Gallimard
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