«Quatre amours»

Cristina Comencini : son appel à la vie et au cœur

Cristina Comencini est une romancière qui écrit les émotions, les couleurs des sentiments et le mouvement de la vie. Avec Quatre amours (Stock), son dernier livre, elle nous propose un merveilleux roman choral sur l'éclatement de deux couples à la soixantaine, leur tristesse, leurs joies et leurs nouvelles aspirations. Elle signe aussi un appel à la vie avec une lettre ouverte aux Français publiée dans le journal Libération. Les mots de Cristina Comencini sont une belle antidote à la peur ambiante. 

Cristina Comencini est une romancière qui sait avec talent raconter les émotions, les couleurs des sentiments et le mouvement de la vie. Que ce soit dans Etre en vie Soeurs, Lucy ou encore Quand la nuit, elle n'a pas son pareil pour saisir la fugacité d'un instant, l'éternité d'un plaisir et la finitude des sentiments. Avec Quatre amours (Stock), son dernier livre, elle nous propose un merveilleux roman choral sur l'éclatement de deux couples à la soixantaine, leur détresse, leurs joies et leurs nouvelles aspirations. Tellement juste.

Quatre amours :  deux couples se séparent et la vie repart - malgré tout

Deux couples d'amis. Marta et Andrea. Laura et Piero. Ils sont inséparables et ont partagé chaque moment clef de leur vie : rencontre, mariage, enfants. A l’approche de la soixantaine, leurs mariages respectifs volent en éclats au même moment. Etat de choc. Pourquoi cette fin de partie inattendue ? C'est d’abord Marta qui décide de partir, sans raison véritable, si ce n’est cette envie irrépressible d’être enfin seule. Puis c’est au tour de Piero, mari chroniquement infidèle, de quitter Laura, son épouse dévouée, sous prétexte qu’il ne se sent plus aimé.
Comment vit-on la séparation après vingt-cinq ans de vie commune ? Que reste-t-il de toutes ces années passées ensemble ? Comment apprivoiser et profiter de cette solitude nouvelle ? A plus de soixante ans, qu'attend-on de la vie à venir ?
Les quatre protagonistes prennent la parole à tour de rôle pour revisiter leur histoire, du mariage à la séparation et raconter cette nouvelle vie qui s’offre à eux et qu’ils auront peut-être l’audace de saisir. Cristina Comencini livre dans ce roman chorale une magnifque promenade dans les ressacs de la vie. Ce n'est pas l'écume des jours qu'elle décrit, mais celle des amours. Ce qui reste quand tout s'en va. Ce goût d'un fruit un peu trop mûr, d'un sillage de parfum... Un livre qui coule comme un fleuve sinueux et lumineux. Sensuel, doux-amer et profondément humain.

L'appel à la vie dans une lettre ouverte au temps du corona

Si pour Cristina Comencini, écrire c'est dire la vie, écrire c'est aussi défendre cette vie coûte que coûte. En pleine crise du coronavirus, les livres de la romancière romaine sonnent comme un appel, à goûter comme une lente volupté sous le soleil noir de l'épidémie. Peut-être est-ce la raison pour laquelle Cristina Comencini a voulu transmettre la force de ses mots qui chantent, à travers une lettre ouverte qui a été publiée dans le journal Libération.  En voici un extrait :

«Chers cousins français,

Si on arrive à survivre, le problème, en Italie, sera de comprendre si les couples, avec ou sans enfants, les femmes et les hommes seuls, résisteront à l’enfermement dans leur maison, s’ils réussiront à rester ensemble, à jouir encore de la compagnie réciproque ou de la solitude choisie, après une convivance forcée et ininterrompue d’un mois entier.(...) Nous sommes tous appelés à nous inventer une nouvelle vie, à nous sentir proches même si nous sommes éloignés, à régler nos comptes avec un sentiment que nous évitons à tout prix : l’ennui. Et la lenteur aussi, le silence, les heures vides – ou pleines des cris des enfants enfermés à la maison. Nous avons en face de nous la vie que nous nous sommes choisie, ou que le sort nous a donnée, notre «foyer» – non celui de la maladie mais celui que nous avons construit au cours des années. Je nommerais cela une épreuve de vérité.(...)»

La fin du couple dans Quatre amours sonne aussi comme une épreuve de vérité pour chacun des protagonistes. Maladie ou fin de ses amours, chacun sera un jour confronté au couperet de "sa" vérité. Que restera-t-il de ces moments intenses ? Le souvenir de la beauté des bonheurs passés, ces  «feuilles mortes qu'on ramasse à la pelle», mais aussi l'appel plus fort que tout de la vie qui va revenir. Un jour. Toujours.

>Cristina Comencini, Quatre amours,  Stock, 256 p. Traduit de l’italien par Dominique Vittoz
> Lettre ouverte de Cristina Comencini, dans Libération. Lire l'intégralité de ce texte en cliquant sur ce lien.

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