En cette rentrée très consensuelle, le livre de Virginie Despentes, Cher connard (Grasset), souffle un vent d'irrévérence qui fait du bien. L'évocation des années 80, les réseaux sociaux, les souvenirs de transfuge de classe, l'homosexualité, les hommes, l'amitié... on trouve un peu tout cela dans ce texte écrit sous forme d'échange épistolaire. Voici un aperçu de quelques aphorismes qui font mouche.
On connaît le sens des formules qui claquent chez Virginie Despentes.
Dans Cher Connard, qui fait l'événement en cette rentrée, l'autrice iconoclaste s'en donne à cœur joie, car la forme épistolaire qui construit l'échange entre les deux principaux protagonistes se prête aux punchlines bien pensées.
Certes on n'est pas chez Madame de Sévigné, mais avec Virginie Despentes les pensées tombent comme des aphorismes qui stigmatisent le monde contemporain.
Entre provoc, sérieux, humour et révolte. Comme chez Michel Houellebecq, le monde contemporain passe à la mitraillette, mais à la différence de l'auteur de Sérotonine, il ressort toujours chez Virginie Despentes une énergie forte, une jubilation dans la lecture, un éclat qui prend toutes les nuances du rire.
Voici une petite sélection qui donne un avant-goût du ton choisi par Virginie Despentes dans Cher Connard.
A propos de l'écriture et de l'art
1. «Ecrivain, c'est tellement proche de la broderie»
2. «La plupart des artistes ont trois choses à dire. Une fois que c'est fait, ils feraient mieux de changer d'activité.»
A propos des autres
3. «C'est ça la honte, c'est répondre aimablement à quelqu'un qui mérite une baffe dans sa gueule.»
4. « Ce que je suis, ce sont les gens qui m'entourent.»
A propos des réseaux sociaux
5.«J’ai lu ce que tu as publié sur ton compte Insta. Tu es comme un pigeon qui m’aurait chié sur l’épaule en passant. C’est salissant, et très désagréable. Ouin ouin ouin je suis une petite baltringue qui n’intéresse personne et je couine comme un chihuahua parce que je rêve qu’on me remarque. Gloire aux réseaux sociaux : tu l’as eu, ton quart d’heure de gloire.»
A propos de la famille et des origines sociales
6. «Je n’avais qu’une idée en tête, me tirer de cette ville de province et aller voir des concerts à Paris ou à Londres. Je voulais vivre avec des musiciens. Alors ce n’était certainement pas le carré Hermès d’une bouffonne courte sur pattes en terrasse au Commerce qui risquait de me déstabiliser. C’était toute cette vie que je voulais laisser derrière moi. »
7. «Mais maintenant quand je retourne dans ma famille, je vois nos maisons d’enfance à travers le regard des autres. Ce n’est pas la misère. C’est encore autre chose. C’est abandonné. C’est avoir grandi dans des endroits dont tout le monde se fout.»
A propos du lesbianisme
8. «Autant ma sœur hurle à qui veut l’entendre qu’elle ne reproduira jamais ce camp concentrationnaire de névroses dégueulasses qu’est la cellule familiale, et que la supériorité de la lesbienne sur la femme hétérosexuelle réside en ce qu’elle ne se sent pas obligée d’être maman pour exister – autant elle a pris son rôle de tante avec un sérieux qui confine au zèle.»
A propos des hommes
9. «Garçon, garde tes excuses, garde ton monologue, garde tout : il n’y a rien en toi qui m’intéresse.»
10.«Le cul c'est le seul domaine où les mecs se rendent utiles.»
>Virginie Despentes, Cher connard, Grasset, 352 pages, 22 euros >>pour acheter le livre, cliquer sur ce lien
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