Accompagné par un succès mérité en Hollande, Le dîner d'Herman Koch vient d'être publié en France par les éditions Belfond. Un repas partagé par deux couples, réunis par un évènement tragique qui menace les familles, les carrières et, finalement, les existences toutes entières. Rencontre avec l'auteur d'un roman résolument contemporain, qui n'hésite pas à prendre à bras-le-corps les enjeux de la responsabilité individuelle et de la vie en communauté à l'heure de la mondialisation.
-Herman Koch : Dans un premier temps, j'ai essayé de faire en sorte que l'action se développe au sein de ces trois unités (temps, lieu, action - ndlr), mais je ne voulais pas trop me forcer, pour que l'ensemble ne paraisse pas artificiel. En fait, il y a beaucoup d'évènements dans les flashbacks qui se déroulent dans d'autres lieux, à d'autres moments.
-H. Koch : Je suis convaincu qu'un narrateur qui est également personnage à plus de facilités pour vous dire une chose et faire exactement son contraire. Même en tant que lecteur, il est probable que vous connaissiez mieux Paul (le personnage principal - ndlr) que lui-même ne se connaît. Je pense que c'est la partie du roman qui rend le plus fidèlement compte de la vie au quotidien.
-H. Koch : Paul est très attentif à son image: la façon dont les gens vont le regarder, ou le juger d'après telle action ou décision qu'il prendra. Il est beaucoup plus conscient de lui-même que la plupart d'entre nous, cela vient peut-être de son instabilité.
-H. Koch : En raison de la violence qui est présente dans le film, une violence qui peut surgir juste après une banale conversation à propos du pourboire qu'il convient de laisser au café. La seconde raison, c'est que le pourboire a un rôle central dans le roman. Paul croit dur comme fer en la tradition du pourboire.
- H. Koch : Certains critiques hollandais ont avancé l'idée que Paul voterait peut-être pour un parti d'extrême-droite, puisqu'il affiche ouvertement un mépris pour le politiquement correct. Je ne suis pas vraiment certain qu'il le ferait, même s'il y a des similitudes entre leurs pensées. Dans Délivrance et Les Chiens de paille, les populations locales se dressent contre les riches touristes étrangers, à l'image des Hollandais en Dordogne et en France, ou en Espagne. C'est un certain type d'immigration qui est rarement abordé dans les débats sur ce sujet.
-H. Koch : Oui, j'utilise pour ce faire différents registres de langue selon mes personnages. Ce que quelqu'un dit, ou plutôt comment il ou elle le dit apporte beaucoup d'informations sur cette personne. Par exemple, l'homme politique du roman évoque la serveuse comme si elle lui "appartenait", un trait de langage que l'on peut observer très souvent chez les politiciens de notre époque.
-H. Koch : Ce qui m'a le plus frappé dans les restaurants français, c'est que tous les produits sont frais: la tomate a le goût d'une tomate, et l'oignon a le goût d'un oignon, ce qui n'est pas le cas aux Pays-Bas. Et j'apprécie la rapidité et l'efficacité du service, non pas pour vous forcer à manger et à quitter vite le restaurant, mais simplement parce que tout le monde doit retourner à son travail: en tout cas, il en est ainsi au déjeuner, le moment de la journée que je considère comme le meilleur pour se restaurer.
Herman Koch, Le dîner, éditions Belfond
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