Spécial Rentrée Littéraire

L'autoportrait de Philippe Delerm

A l’occasion de la sortie de son livre, «Les eaux troubles du mojito» (Seuil), Philippe Delerm, livre pour Viabooks son autoportrait par le texte et l’image.
Réalisation Annick Geille

1. Je suis où, là?

Dans ma maison, côté jardin.

2. Je suis écrivain, depuis quand et pourquoi ?

Je suis un écrivain depuis 1974, date à laquelle j'ai compris que la qualité de l'oeuvre de Proust ne devait pas m'empêcher d'écrire, mais au contraire me donnait toutes les raisons d'écrire.

3. Mon premier livre,déjà ?

« La cinquième saison » en 1983.

4. Le début de "Les eaux troubles du mojito"? 

«Elle est trop belle. Étrange. Est-ce qu’on la boit, est-ce qu’on la mange ? Elle est comme une fausse piste du désir. Le rouge-rose de cette chair meurtrie, évanescente et gorgée d’eau, vient mourir en pâleur maladive au bord de la solide écorce vert profond. Au centre elle est si sombre, incrustée de grains inquiétants d’un noir d’ébène, pépins ou fers de lance empoisonnés. Comment peut-on être si lourde de tant de rien impudent, magnifi é ? Toujours ouverte sur les marchés de l’été, la pastèque s’exhibe en recours absolu contre une soif qui jamais ne s’étanche. À quoi bon l’acheter ? On sent déjà qu’elle se dissoudrait sur la langue, neige écarlate bien trop tôt fondue. La mangue et la goyave ont goût de goyave et de mangue. La pastèque n’a goût de rien, et c’est donc elle qu’on désire en vain.. »

5. La 4ème de couverture ?

«Elles sont nombreuses, les belles raisons d’habiter sur terre. On les connaît, on sait qu’elles existent. Mais elles n’apparaissent jamais aussi fortes et claires que lorsque Philippe Delerm nous les donne à lire.
Goûter aux plaisirs ambigus du mojito, se faire surprendre par une averse et aimer ça, contempler un enfant qui apprend à lire en bougeant imperceptiblement les lèvres, prolonger un après-midi sur la plage...
« Est-ce qu’on est plus heureux ? Oui, sûrement, peut-être. On a le temps de se poser la question. Sisyphe arrête de rouler sa pierre. Et puis on a le temps de la dissiper, comme ce petit nuage qui cachait le soleil et va finir par s’effacer, on aura encore une belle soirée. »»

6. Le numérique et l’écriture ?

 L'écriture n'est pas affaire de support !

11. Etat présent de mon esprit ?

Je viens d'écrire un roman pour tenter de le définir.
(Propos recueillis par A.G.)

 

L'autoportrait de Viabooks. A l'initiative d'Olivia Phélip, directrice de Viabooks, la romancière, critique et journaliste Annick Geille propose l'exercice de l’autoportrait par le texte et l’image. Un passionnant jeu de miroirs entre l'auteur et lui-même. L'ensemble des autoportraits réalisés par Annick Geille compose en quelque sorte le premier cercle littéraire virtuel des écrivains d'aujourd'hui.(Photo: Maurice Rougemont-Opale/Fayard).

 


 >>Découvrir aussi les autoportraits de :

>Charles Dantzig
>Colette Fellous
>Nicolas Idier
>Gail Godwin

4.5
 

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