Dans La vie, au fond (Editions Intervalles), Hugues Serraf raconte les tribulations de Rico, un Alain Delon marseillais sur le retour, qui se frotte aux sites de rencontre et part à la recherche d'un amour de jeunesse... Un récit jubilatoire, comme sait si bien les écrire l'auteur-journaliste qui sait jongler avec les mots, les émotions et les histoires. Jean-Marc Holsters a-do-ré ce livre. Sa chronique au rythme enlevé nous donne furieusement envie de se plonger dans le récit.
Pas beaucoup, d’accord, je suis très feignant, mais bon, je lis.
Du coup, quand je découvre - généralement par hasard - que l’un de mes « amis » Facebook écrit, ben, je me procure ses livres.
Ces temps-ci, j’ai acheté du Sophie Kepes et de l’ Hugues Serraf.
Kepes, j’peux rien dire, encore rien lu.
Mais les hasards de la grosse pile de livres sur ma table de chevet m’ont amené à ouvrir : « La vie, au fond » de Serraf.
Ça m’emmerde un peu, mais ce livre est remarquable
Ça m’emmerde un peu, mais ce livre est remarquable.
C’est largement aussi bon que trois des dix derniers Goncourt, par exemple. Meilleur, en fait.
C’est un roman, et tout est vrai. Les personnages, les décors, les péripéties, tout existe vraiment dans un vrai monde qui n’est pas le monde…
Hein ? ça n’a l’air de rien, mais c’est un boulot de démiurge, quand même.
C’est fait avec juste de l’encre sur du papier, faut pas oublier !
C’est fait avec juste de l’encre sur du papier, faut pas oublier !
Comme dans Michaux, tu vois ? « Je vous construirai une ville avec des loques, moi… Avec de la fumée, avec de la dilution de brouillard et du son de peau de tambour, je vous assoirai des forteresses écrasantes et superbes »…C'est toujours un peu de la magie, un bon roman...
T’as lu ça, t'as passé deux heures à Marseille, sans payer le TGV, Rico Donadini, tu le connais, tu le reconnaîtrais dans la rue, t’irais boire un coup avec lui.
Y en a combien, des pauvres cloches qui se prennent pour des romanciers, et qui se secouent la nouille devant leurs pauvres petits bonshommes en allumettes, et puis viennent faire le beau sur les réseaux… ?
Merde. Un écrivain, un vrai, ça devrait être respecté, non… ?
Merde. Un écrivain, un vrai, ça devrait être respecté, non… ? C’est pas à la portée du premier rodomont venu, c’est du boulot, du gros boulot, de la sueur, des larmes.
C’est ça, qui m’emmerde un peu, tu vois… J’en connais trois quatre, des bons. Ici même.
Pittau, Michael Uras, Rivelaygue, j’en oublie, ah si, l’atrabilaire caractériel, là, Denis Humbert ; des pros, des qui savent faire, tiens, même des qui sont connus dans d’autres domaines, que ça devrait aider, comme Bronner…Eh ben, c’est Joël Dicker qui en vend, des romans, ou Musso, ou l’autre conne avec son Quijote-là, beurk…
Pittau, tiens, il en a écrit deux, Tête-dure et Longtemps et des poussières. Si tu regardes que la qualité, ça aurait dû suffire pour qu’on le voie dans « La grande librairie », qu’il ait des articles dans Lire, qu’il soit sur les listes des magazines…Ben bernique.
Serraf, pareil, je connaissais pas… Pas de presse, pas de télés, pas de Wikipédia...
C’est comme si un restau étoilé était au même prix que MacDo, et qu’il ne vende pas un amuse-gueule, pas un entremet, pas un bout de pain. Nib.
Bon, bref…
J’ai découvert que Serraf écrivait par un statut qui disait...
J’ai découvert que Serraf écrivait par un statut qui disait :
« Chaque fois que je publie un nouveau roman (et c'est rodé maintenant, c'est tout de même le cinquième), je commence par m'auto-convaincre qu'il sera LE roman de l'année et qu'il me mettra enfin sur orbite. J'ai tendance à déchanter par la suite parce que c'est un peu comme jouer au loto et que 100% des perdants ont forcément tenté leur chance eux aussi. Et puis, des romans de l'année "potentiels", il y en a plein les librairies. Des bons, des mauvais, des bien promus, des mal distribués, des qui paraissent pile au bon moment, des qui loupent carrément le coche, des tout ce qu'on voudra... »
Donc, j’ai lu La vie, au fond.
Merde, les mecs, c’est un putain de bon roman
Merde, les mecs, c’est un putain de bon roman. Je sais bien que vous vous en foutez de ce que je raconte, mais essayez, quoi ! Vous verrez, vous passerez un bon moment, promis.
Et puis, quoi, si on s’y met tous, peut-être qu’à la fin il y aura une justice.
Serraf aura un prix, il pérorera à la télé, il nous snobera, ce sera merveilleux…
>Hugues Serraf, La vie, au fond , Editions Intervalles, 184 pages, 17 euros