Fidèle à lui-même, Haruki Murakami revient avec un recueil de nouvelles captivant qui parle d’hommes seuls et nostalgiques se souvennat de femmes qui ont rythmé leur vie. On retrouve dans ces récits au style épuré et fluide l’univers onirique de l’écrivain japonais. Des hommes sans femmes est un voyage intérieur. Son auteur nous y emmène avec cette magie qu'on lui connaît.
Traduit du Japonais par Hélène Morita pour Belfond, le dernier ouvrage de Murakami est enfin arrivé en France, pour notre plus grand plaisir.
Pourquoi c’est une merveille ? Les sept nouvelles qui composent ce livre se rassemblent autour d’un thème commun ; des hommes vivant sans femmes. Murakami nous dresse le portrait de sept hommes de tous âges et de tous horizons différents qui sont abandonnés ou sur le point de l'être par une femme. Bien qu’elles s’en aillent, les femmes sont extrêmement présentes dans les textes, évoquées par le biais de souvenirs ou de fantasmes. L’auteur met les femmes à l'honneur en abordant l’impact de leur absence dans la vie des hommes. Souvent évoqué, le lien entre l’œuvre de Murakami et la psychanalyse réapparait également dans cette œuvre et nous questionne sur l’importance de l’autre dans la construction de soi. Peut-on être réellement qui nous sommes quand on est seul ? Mêlé à cette réflexion l’auteur développe de manière poétique et humaniste le sentiment de vide, de solitude et d’abandon. Comme à son habitude, le style et l’univers particuliers de Murakami nous accompagnent au fil des pages pour notre plus grand plaisir. La solitude, l’errance et le jazz sont au rendez-vous et se mêlent à la mélancolie, au réalisme et à l’absurde… Cet univers banal flottant à la limite du fantastique est d’ailleurs une des raisons du succès de l’auteur.
Extraits Des hommes sans femmes
« « Il était rare que Kafuku ait l’occasion de faire une différence entre hommes et femmes. Il ne ressentait pas non plus entre les sexes un écart dans leur niveau de compétence. Du fait de sa profession, Kafuku travaillait aussi bien avec des hommes qu’avec des femmes, et, en réalité, il se sentait plus à l’aise avec celles-ci. Elles étaient en général plus attentives aux détails et elles écoutaient mieux. Ce n’était que lorsqu’il était dans une voiture et qu’une femme se trouvait au volant que Kafutu était particulièrement conscient de son sexe. »
« À ce que je sais, votre épouse était vraiment une femme merveilleuse [...] vous devez vous sentir reconnaissant d'avoir vécu presque vingt ans auprès d'une femme comme elle. Je le crois profondément. Néanmoins, vous aurez beau penser que vous avez compris quelqu'un, que vous l'avez aimé, il n'en reste pas moins impossible de voir au plus profond de son cœur. Vous aurez pu vous y efforcer, mais vous n'aurez réussi qu'à vous faire du mal. Vous ne pouvez voir qu'au fond de votre propre cœur, et encore, seulement si vous le voulez vraiment, et si vous faites l'effort d'y parvenir. En fin de compte, notre seule prérogative est d'arriver à nous mettre d'accord avec nous-même, honnêtement, intelligemment. Si nous voulons vraiment voir l'autre, nous n'avons d'autre moyen que de plonger en nous-même. Telle est ma conviction. »
Haruki Murakami est né à Kyoto en 1949, et grandit à Kobe. Ses deux parents enseignaient la littérature japonaise. Durant sa jeunesse il étudie le théâtre à Tokyo à l’Université Waseda. En 1974 il ouvre un club de jazz (le « Peter Cat ») à Tokyo avec sa femme avant de se consacrer à l'écriture. Son premier roman, « Ecoute le chant du vent », remporte le prix Gunzo des Nouveaux Écrivains. Murakami ne supporte plus le Japon et le conformisme de sa société, il s'expatrie donc en Grèce, en Italie, puis aux États-Unis, en 1991. Là-bas il enseignera la littérature japonaise à l’Université de Princeton pendant quatre ans. Cependant, en 1995, après le tremblement de terre de Kobe et l'attentat du métro de Tokyo, il décide de rentrer au Japon. Après le succès de son premier roman, il écrit : "Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil" (1992), "Chroniques de l'oiseau à ressort" (1994-1995), "Les Amants du Spoutnik" (1999). "Kafka sur le rivage" (2002) l’inscrit définitivement parmi les grands écrivains japonais. Après le succès de la trilogie "1Q84", Murakami revient en 2014 avec un livre plus "réaliste", nostalgique et grave "L'Incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinages". L’oeuvre d’Haruki Murakami oscille entre la pensée bouddhiste qui voit des répercussions à nos actions sur une échelle plus large et la chronique sociale dans un cadre fantastique. Hormis son premier prix, le prix Gunzo, Murakami est également récompensé par plusieurs prix littéraires comme le prix Yomiuri Literary Prize, le prix Kafka 2006 et le prix Jérusalem de la liberté de l’individu dans la société en 2009.
Extrait : « Pourtant, si j'avais pu recommencer ma vie, aucun doute, j'aurai mené exactement la même. Parce que ma vie - cette vie faite d'une succession de pertes - c'était moi-même. Je n'avais pas d'autre chemin pour devenir moi-même. Même s'il fallait pour cela abandonner toutes sortes de gens et que toutes sortes de gens m'abandonnent, même si je devais effacer ou limiter les beaux sentiments, les caractères sublimes et les rêves, moi, je ne pouvais devenir autre chose que moi-même. »
Extrait : « Celui qui aime cherche la partie manquante de lui-même. Aussi, quand on pense à l'être dont on est amoureux, on est toujours triste. C'est comme si on entrait à nouveau dans une chambre pleine de nostalgie qu'on a quittée il y a longtemps. »
Extrait : « Le problème, c'est la manière dont on vit. Le plus important est d'être toujours en mesure de se protéger soi-même. Quand on se résigne à être agressé, ça ne vous mène nulle part. Le sentiment d'impuissance finit par détruire un être humain. »
L'écrivain Boualem Sansal d'origine algérienne qui a obtenu récemment la nationalité française, célèbre pour ses critiques en profondeur des d
Les organisateurs du Festival International de la Bande Dessinée d'Angoulême viennent de faire connaître leurs sélections d'ouvrages et o
Vous avez aimé Le Bureau des Légendes et Le Chant du Loup ?
Le Prix Castel 2024 est décerné à Grégoire Bouillier pour s