Chronique d'Agnès Séverin

«Le Romantique» de William Boyd : un roman qui se dévore !

Le grand romancier anglais William Boyd signe avec Le Romantique (Seuil), un livre d’époque qui se dévore, une épopée enlevée, qui galope de rebondissement en rebondissement. Jouant des codes du roman d’aventure et d’initiation, l’écrivain anglais né au Ghana, mêle passion et coups de griffes, au romantisme anglais. Porté par une narration puissante, Le Romantique compose une intrigue irrésistible parfaite pour l’été. Un délice.

Portrait de William Boyd : capture d'écran d'un passage de l'auteur à La Grande Librairie ( France 5) Portrait de William Boyd : capture d'écran d'un passage de l'auteur à La Grande Librairie ( France 5)

Le grand romancier anglais William Boyd signe une épopée enlevée, parfaite pour l’été. Le Romantique est un livre d’époque qui se dévore. Jouant des codes du roman d’aventure et d’initiation, l’écrivain anglais né au Ghana mêle passion et coups de griffes au romantisme anglais. Un délice ! 

Un récit qui mène aux quatre coins du monde

Dans ce roman d’aventures et d’initiation dans la plus pure tradition romantique, William Boyd entraîne son lecteur aux quatre coins du monde. Porté par une narration puissante, une intrigue irrésistible qui galope de rebondissement en rebondissement Le Romantique est une lecture parfaite pour l’été. Dépaysement garanti.

Une intrigue qui galope de rebondissement en rebondissement

Maître conteur incomparable, William Boyd mène son histoire – plutôt les histoires et les multiples vies de son héros, Cashel Greville – au rythme d’un cheval au galop. Le Romantique est un grand roman d’évasion qui emprunte aux codes classiques, tout en se jouant des classiques avec une ironie mordante. Les figures romantiques par excellence, Byron, Shelley et de l’aventurier et écrivain Richard Burton, en seront pour leurs frais. Post-modernisme oblige, ce roman diablement efficace s’inspire des romans d’initiation et picaresques, où les révélations se multiplient quant aux origines du héros, avatar du preux chevalier qu’aucun obstacle n’arrête.
« C’était comme si lady Stiwell avait flairé les énormes secrets de la famille, qui couraient telle une rivière empoisonnée sous la surface de leur vie aristocratique faite d’ordre et de privilèges. »
Or, les secrets sont la matière première d’une intrigue digne de ce nom. Mais Cashel est surtout l’archétype du héros individualiste hérité du rousseauisme.
« Ce serait peut-être un avantage de s’éloigner de toute cette dissimulation, d’avoir une existence à lui, de vivre à son gré et de se débarrasser de ces demi-vérité, mensonges et affabulations, qui semblaient l’entourer en permanence. Je dois trouver ma voie, songea-t-il. » 

Romantisme et ironie

Ce grand roman d’aventures se aussi teinte d’ironie, lorsqu’il s’agit de déboulonner les postures d’écrivain. Un sujet, il est vrai, inépuisable tant les légendes ont la vie dure, surtout quand elles sont bâties par des professionnels. On n’est jamais mieux servi… 
Cashel naît et grandit à une époque où la vie n’est pas un don pour enfants gâtés, mais a un prix. Á la fin du dix-huitième siècle, il faut à sa maman, une bonne non dénuée de charme, de l’imagination, pour juste survivre. Son rejeton n’en manquera pas non plus. Amateur de grands sentiments, accro à la vérité, naturellement courageux, il se plonge dans les aventures, sans l’ombre d’une hésitation. 

Un enthousiasme et une passion contagieux

Un brin railleur de la pureté de son héros, William Boyd prend plaisir à le placer dans les situations les plus périlleuses, où il pourra donner libre cours à son appétit de vivre sans limite. Cashel quitte, Cashel aime, Cashel se bat, Cashel devient agriculteur. On suit avec délice les aventures de Cashel sur tous les continents. D’où le regard peut-être un brin moqueur du romancier post-moderne, qui ne lui épargne aucune entreprise héroïque, de la plus prosaïque et mercantile à la plus désintéressée : l’amour, la découverte scientifique, l’écriture – romantique of course ! – tout y passe. Et le lecteur en redemande, tant l’enthousiasme et la passion de ce héros trop romantique sont contagieux. 

Le goût de la liberté

Sa curiosité et son absence totale de conformisme lui donne une totale liberté. Le sentiment de flottement est aussi le prix de l’aventure. « Un esquif jeté sur les mers tempêtueuses, une feuille arrachée à son arbre et ballotée par le vent, un bout de bois flotté échoué sur la grève d’une terre inconnue… (…) Écoute ton cœur, songea-t-il. Continue à réfléchir, à planifier, à spéculer. Tout est possible. » 
Le sens théâtral du dialogue et des scènes pittoresques rend ce roman passionnant et irrésistible. De grandes pages d’aventures dans un monde qui en manque singulièrement.

>Le Romantique, de William Boyd, traduit de l’anglais par Isabelle Perrin. Seuil, Cadre vert, 528 pages, 23,90 euros. >> Pour acheter le livre, cliquer sur ce lien

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