Avec son second roman Combats (Seuil), Néhémy Pierre-Dahomey livre une fable forte sur l’indépendance, acquise à prix d’or, d’Haïti. Le combat de coq, érigé en sport national, offre une métaphore puissante des rapports de force entre la Métropole et l’ancienne colonie. Une langue originale et imagée à découvrir.
Il est des pays, des îles en particulier, singulièrement fertiles en écrivains. Haïti, comme l’Irlande, en sont les parangons. Lyonel Trouillot, Dany Laferrière, Yanick Lahens, Louis-Philippe Dalembert et Néhémy Pierre-Dahomey, directeur de collection chez Zulma, qui signe ici son second roman témoignent du talent hors norme des écrivains haïtiens. Combats est une fable forte et efficace sur l’indépendance d’Haïti. En filigrane, c’est la fierté d’un peuple qui figure au centre de ce roman en forme de métaphore.
Néhémy Pierre-Dahomey a le sens du récit. Il brosse des personnages à la personnalité singulière. Ludovic et Balthazar, frères ennemis, qui s’affrontent par volatile interposée. Le premier, propriétaire, notaire et pédagogue a le don de susciter la haine du second. Chacun ses talents. Il y a Aïda, la fabuleuse fabuliste, enfant naturel dont le passé, comme la manière d’être, sont nimbés de mystère.
Néhémy Pierre-Dahomey a l’art de la fable. Les rivalités au cœur de cette histoire sont aussi le prétexte à faire vivre un monde haut en couleurs. Il y a d’abord le dépaysement géographique. Un dépaysement social à regarder vivre les gens de peu et les notables qui jouent leur rôle de chef d’orchestre bon teint. Il y a aussi le dépaysement historique. Car l’auteur s’y entend tout autant à exhumer la hiérarchie sociale et les coutumes, notamment animistes, qui, en cette année 1842 offrent un cadre de vie à la fois vivant et sans pitié aux habitants de la plaine de Cul-de-Sac.
Ici, chacun s’y entend à mener les petites et grandes batailles de l’existence. Et il ne viendrait à personne l’idée de désarmer. Autre temps… Par-delà le tempérament des personnages… et de l’époque, la langue de Néhémy Pierre-Dahomey sait se faire tour à tour violente, tendre, crue, désuète et baroque - vive et inventive. Chose rare.
Combats, de Néhémy Pierre-Dahomey. Seuil, 206 pages, 18 euros.
Légende photo : Jérôme Garcin, Hervé Le Tellier, Rachida Brakni, Marthe Keller, Gaël Faye, Kamel Daoud, Rebecca Dautremer, Emmanuel Lepag
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