Le 12 Août 2022 Salman Rushdie a failli perdre la vie après une attaque terroriste. Il a reçu douze coups de couteaux. Après six semaines d'hospitalisation, il est sorti affaibli avec un œil en moins et d'autres blessures, mais vivant. Daniel Sarfati nous parle de celui qui a recommencé à écrire, malgré ses blessures ou peut-être même à cause d'elles. L'écriture est plus forte que tout. Salman Rushdie est un vainqueur des mots.
Salman Rushdie a écrit son autobiographie, en 2012, sous le titre de « Joseph Anton ».
Il s’agit des prénoms de ses deux écrivains préférés, Joseph Conrad et Anton Tchekhov.
Il parle de lui à la troisième personne et évoque la fatwa de l’ayatollah Khomeini, qui le poursuit depuis 1989, suite à la publication des « Versets sataniques ».
« Il y avait divers degrés d’insécurité. Il devait apprendre à vivre avec ça. Il avait bien compris que sa disparition ne nécessiterait pas les efforts coordonnés des Gardiens de la Révolution Islamique et du Hezbollah.
Un solitaire fêlé pourrait facilement faire le travail. »
Le 12 août 2022, Rushdie participe à une lecture avec son ami Henry Reese à la Chatauqua Institution, dans le sud-ouest de l’Etat de New-York. Il s’agit de récolter des fonds pour « City of Asylum », une association qui aide les écrivains en exil.
Rushdie a fait un cauchemar la veille. Il a rêvé être dans une arène et qu’un gladiateur le transperçait de son trident.
Mais il préfère plaisanter avec Reese et lui avouer qu’il lui arrivait de commander des livres sur Amazon. Ce qui méritait bien une nouvelle fatwa contre lui.
Il fait beau et clair. L’amphithéâtre est bondé.
Soudain de l’agitation, un homme vêtu de noir court dans l’allée et saute sur scène.
Il est armé d’un couteau et poignarde Rushdie une douzaine de fois.
Reese croit, au départ, à une mauvaise blague, à un comédien jouant un sketch. Mais quand il voit le sang couler, il se jette sur l’agresseur pour le maîtriser et sera lui-même blessé.
L’assassin est un homme de 24 ans, d’origine libanaise, né en Californie.
Un loup solitaire.
Salman Rushdie a été hospitalisé 6 semaines, et n’a que partiellement récupéré.
Il s’est remis à l’écriture.
Son nouveau livre s’appelle « Victory City », un conte merveilleux tiré de la mythologie hindoue.
L’histoire de Pampa Kampana.
« Moi Pampa Kampana, je suis l’auteur de ce livre.
J’ai vécu pour voir un empire monter et tomber.
Comment se souvient-on d’eux maintenant, ces rois et ces reines ?
Ils n’existent plus que dans les mots…
Je ne suis moi-même plus rien.
Il ne reste que cette cité des mots.
Les mots sont les seuls vainqueurs. »
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Daniel Sarfati est médecin ORL, passionné par le langage, par les signes, la lecture des mots qui s’écrivent, se lisent sur une page ou sur des lèvres, les histoires qui se vivent ou qui s’inventent.