Cannes 2016

Livres et films : les liaisons heureuses

Et si le festival de Cannes nous donnait envie de lire des livres ? Si le festival de Cannes est un festival de cinéma, les livres y occupent aussi une place de choix. Ils sont en effet souvent une grande source d'inspiration pour les réalisateurs du monde entier. Découvrons quelques livres qui ont été adaptés dans la cuvée 2016.

Elle par Paul Verhoeven, adapté de Oh de Philippe Djian

De quoi parle le livre? Décembre est un mois où les hommes se saoulent - tuent, violent, se mettent en couple, reconnaissent des enfants qui ne sont pas les leurs, s'enfuient, gémissent, meurent... "Oh..." raconte trente jours d'une vie sans répit, où les souvenirs, le sexe et la mort se court-circuitent à tout instant.
De quoi parle le film? Michèle fait partie de ces femmes que rien ne semble atteindre. À la tête d'une grande entreprise de jeux vidéo, elle gère ses affaires comme sa vie sentimentale : d'une main de fer. Sa vie bascule lorsqu’elle est agressée chez elle par un mystérieux inconnu. Inébranlable, Michèle se met à le traquer en retour. Un jeu étrange s'installe alors entre eux. Un jeu qui, à tout instant, peut dégénérer.
Pourquoi c’est réussi? Paul Verhoeven entre plus encore dans l’intimité de l’héroïne, intensifiant ainsi le suspense et l’ambiguité de l’histoire imaginée par Philippe Djian. Pour l’anecdote, Philippe Djian avait pensé à Isabelle Huppert pour interpréter Michèle lorsqu’il a écrit ce roman.


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Julieta par Pedro Almodovar, adapté du recueil Fugitives d’Alice Munro


De quoi parle le livre? Elles fuguent, s’échappent, s’en vont voir ailleurs. Elles : des femmes comme les autres. Par usure ou par hasard, un beau matin, elles quittent le domicile familial ou conjugal, sans se retourner. En huit nouvelles, Alice Munro met en scène ces vies bouleversées. Avec légèreté, avec férocité, elle traque les marques laissées par le temps et les occasions perdues.
De quoi parle le film? Julieta s’apprête à quitter Madrid définitivement lorsqu’une rencontre fortuite avec Bea, l’amie d’enfance de sa fille Antía la pousse à changer ses projets. Bea lui apprend qu’elle a croisé Antía une semaine plus tôt. Julieta se met alors à nourrir l’espoir de retrouvailles avec sa fille qu’elle n’a pas vu depuis des années. Elle décide de lui écrire tout ce qu’elle a gardé secret depuis toujours. Julieta parle du destin, de la culpabilité, de la lutte d’une mère pour survivre à l’incertitude, et de ce mystère insondable qui nous pousse à abandonner les êtres que nous aimons en les effaçant de notre vie comme s’ils n’avaient jamais existé. 
Pourquoi c’est réussi? Pour ce film, le réalisateur espagnol Pedro Almodovar s’est inspiré des nouvelles d’Alice Munro mais a réussi le pari de s’approprier l’histoire et les personnages. Il aborde aussi un thème qu’il maitrise avec brio: celui de la femme et des relations complexes.
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Le bon gros géant de Steven Spielberg, adapté du livre de Roald Dahl


De quoi parle le livre? Sophie ne rêve pas, cette nuit-là, quand elle aperçoit de la fenêtre de l'orphelinat une silhouette immense vêtue d'une longue cape noire et munie d'une curieuse trompette. Une main énorme s'approche... et la saisit.Et Sophie est emmenée au pays des géants. Terrifiée, elle se demande de quelle façon elle va être dévorée. Mais la petite fille est tombée entre les mains d'un géant peu ordinaire : c'est le BGG, le Bon Gros Géant, qui se nourrit de légumes, et souffle des rêves dans les chambres des enfants.
De quoi parle le film? Le Bon Gros Géant ne ressemble pas du tout aux autres habitants du Pays des Géants. Il mesure plus de 7 mètres de haut et possède de grandes oreilles et un odorat très fin. Il n’est pas très malin mais tout à fait adorable, et assez secret. Les géants comme le Buveur de sang et l’Avaleur de chair fraîche, sont deux fois plus grands que lui et aux moins deux fois plus effrayants, et en plus, ils mangent les humains. Le BGG, lui, préfère les schnockombres et la frambouille. À son arrivée au Pays des Géants, la petite Sophie, une enfant précoce de 10 ans qui habite Londres, a d’abord peur de ce mystérieux géant qui l’a emmenée dans sa grotte, mais elle va vite se rendre compte qu’il est très gentil. Comme elle n’a encore jamais vu de géant, elle a beaucoup de questions à lui poser. Le BGG emmène alors Sophie au Pays des Rêves, où il recueille les rêves et les envoie aux enfants. Il va tout apprendre à Sophie sur la magie et le mystère des rêves… Avant leur rencontre, le BGG et Sophie avaient toujours été livrés à eux-mêmes, chacun dans son monde. C’est pourquoi leur affection l’un pour l’autre ne fait que grandir. Mais la présence de la petite fille au Pays des Géants attire bientôt l’attention des autres géants… Sophie et le BGG quittent bientôt le Pays des Géants pour aller à Londres voir La Reine et l’avertir du danger que représentent les géants. Mais il leur faut d’abord convaincre la souveraine et sa domestique, Mary que les géants existent bel et bien ! Tous ensemble, ils vont mettre au point un plan pour se débarrasser des méchants géants une bonne fois pour toutes…
Pourquoi c’est réussi? Adapter le roman de Roald Dahl était un projet de longue date qu’avait Steven Spielberg. En effet c’est dans les années 90 qu’il décide de travailler sur cette adaptation. Après des années de travail acharné, on peut dire que Steven Spielberg a réalisé son rêve d’enfant.
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Mal de pierres de Nicole Garcia, adapté du livre de Milena Agus

De quoi parle le livre? Au centre, l’héroïne : une jeune Sarde étrange « aux longs cheveux noirs et aux yeux immenses ». Toujours en décalage, toujours à contretemps, toujours à côté de sa propre vie...  À l’arrière-plan, les personnages secondaires, peints avec une extraordinaire finesse : le mari, épousé sans amour, sensuel, taciturne, à jamais méconnu ; le Rescapé, brève rencontre sur le continent, qui lui laisse une empreinte indélébile ; le fils, inespéré, et futur pianiste ; enfin, la petite-fille, la narratrice de cette histoire, la seule qui permettra à l’héroïne de se révéler dans sa vérité. Mais sait-on jamais tout de quelqu’un, aussi proche soit-il ?De quoi parle le film? Gabrielle a grandi dans la petite bourgeoisie agricole où son rêve d’une passion absolue fait scandale. A une époque où l’on destine d’abord les femmes au mariage, elle dérange, on la croit folle. Ses parents la donnent à José, un ouvrier saisonnier, chargé de faire d’elle une femme respectable. Gabrielle dit ne pas l’aimer, se voit enterrée vivante. Lorsqu’on l’envoie en cure thermale pour soigner ses calculs rénaux, son mal de pierres, un lieutenant blessé dans la guerre d’Indochine, André Sauvage, fait renaître en elle cette urgence d’aimer. Ils fuiront ensemble, elle se le jure, et il semble répondre à son désir. Cette fois on ne lui prendra pas ce qu’elle nomme « la chose principale ». Gabrielle veut aller au bout de son rêve.
Pourquoi c’est réussi? Pour interpréter Gabrielle, Nicole Garcia a fait confiance à Marion Cotillard. La réalisatrice s’est beaucoup appuyée sur la façon de jouer des acteurs pour adapter le roman de Milena Agus. Une belle adaptation féminine de l’histoire.
>Découvrez un extrait du film Le Mal de pierres en cliquant sur ce lien

La danseuse de Stephanie Di Giusto, adapté de Loïe Fuller, danseuse de la belle époque de Giovanni Lista

De quoi parle le livre? Lorsque Loïe Fuller arriva à Paris, en 1892, elle était encore inconnue. Qui alors aurait pu deviner qu'elle allait révolutionner la danse, connaître le succès et la gloire, inspirer les plus grands sculpteurs de son temps, les plus grands peintres, de Rodin à Toulouse-Lautrec ? Si une vie peut être qualifiée d'extraordinaire, c'est bien la sienne. On ne saurait trop s'étonner, en effet, que cette américaine replète en vînt à personnaliser la " Parisienne ", son charme et sa légèreté ; que du fond de l'Illinois elle sût trouver le chemin des bras de la reine de Roumanie. Il suffit de lire les réactions qu'elle suscitait pour comprendre à quel point ses danses étaient fascinantes. Un journaliste écrivait par exemple : " Voilà la grande attraction du moment. C'est miss Fuller, cette Américaine qui Tourbillonne sous la lumière électrique et fait flotter autour d'elle comme des ailes de papillon, des calices de fleurs ou des nuages irisés, les longs plis de sa robe traînante. Est-elle jolie cette Américaine ? Je n'en sais rien et elle n'a pas besoin d'être jolie. Elle est supérieure à la vie même ". Il fallait la finesse de Giovanni Lista et sa profonde connaissance des arts du début du vingtième siècle pour restituer la figure de Loïe Fuller dans toute sa complexité. Salué par les spécialistes lors de sa première édition, cet ouvrage de référence est aujourd'hui publié dons une version corrigée et augmentée. Il saura à n'en pas douter séduire le lecteur tant par la clarté de son propos que par la richesse de l'iconographie et des documents exploités.
De quoi parle le film? Rien ne destine Loïe Fuller, originaire du grand ouest américain, à devenir une icône de la Belle Epoque et encore moins à danser à l’Opéra de Paris. Même si elle doit se briser le dos et se brûler les yeux avec ses éclairages, elle ne cessera de perfectionner sa danse. Mais sa rencontre avec Isadora Duncan, jeune prodige avide de gloire, va précipiter sa chute.
Pourquoi c’est réussi? La réalisatrice Stéphanie Di Giusto a réussi un pari risqué en adaptant le roman de Giovanni Lista. Faisant appel à un casting ambitieux la jeune femme offre d’ailleurs son premier rôle à Lily-Rose Depp. Le plus de ce film? La réalisatrice a parfaitement cerné le personnage principal et nous transmet avec passion dans son histoire
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Juste la fin du monde de Xavier Dolan, adapté de la pièce de Jean-Luc Lagarce

De quoi parle la pièce? Louis, 34 ans, rend visite à sa famille pour la première fois depuis des années. Il retrouve sa sœur Suzanne âgée de 23 ans, son frère Antoine, 32 ans, sa mère, 61 ans, et sa belle-sœur Catherine, 32 ans. Ce dernier veut annoncer à ses proches sa mort prochaine et irrémédiable, mais son arrivée fait resurgir souvenirs et tensions familiales. Chacun lui fait alors part de divers reproches. Louis repart sans avoir fait part à sa famille de l'annonce de sa mort.
De quoi parle le film? Adapté de la pièce de théâtre éponyme de Jean-Luc Lagarce, le film raconte l’après-midi en famille d’un jeune auteur qui, après 12 ans d’absence, retourne dans son village natal afin d’annoncer aux siens sa mort prochaine.
Pourquoi c’est réussi? Après le succès de Mommy en 2014, le réalisateur Canadien Xavier Dolan fait son grand retour avec ce film. Lui aussi a fait appel à l’actrice française Marion Cotillard mais également Vincent Cassel et Lea Seydoux, un casting qui lui vaudra peut-être la palme d’or? 
>Découvrez la bande annonce de Juste la fin du monde en cliquant sur ce lien

Signalons aussi deux films qui sont en lien avec l'écriture : le prmeier car il place un poète comme sujet, le deuxième qui poursuit en images le travail du romancier 

 

Paterson de Jim Jarmush

De quoi ça parle? Paterson vit à Paterson, New Jersey, cette ville des poètes - de William Carlos Williams à Allan Ginsberg aujourd’hui en décrépitude. Chauffeur de bus d’une trentaine d’années, il mène une vie réglée aux côtés de Laura, qui multiplie projets et expériences avec enthousiasme et de Marvin, bouledogue anglais. Chaque jour, Paterson écrit des poèmes sur un carnet secret qui ne le quitte pas…
Pourquoi c’est réussi? Dans ce film, Jim Jarmush offre le premier rôle à la littérature en faisant de son personnage principal un poète. Il s’attelle également à filmer une vie heureuse et zen jusqu’au jour ou… Intégrant à son chef-d’oeuvre un charme inébranlable.
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Wrong Elements de Jonathan Littell 

De quoi ça parle? Ouganda 1989. Un jeune acholi guidé par des esprits, Joseph Kony, forme un nouveau mouvement rebelle contre le pouvoir central, l’Armée de Résistance du Seigneur (LRA). Une « armée » qui se développe par enlèvement d'adolescents – plus de 60.000 en 25 ans. Geofrey, Nighty, Mike et Lapisa font partie de ces enfants, enlevés à l’âge de 12 ou 13 ans. Aujourd’hui ils tentent de se reconstruire, de retrouver une vie normale, et reviennent sur les lieux qui ont marqué leur enfance volée. A la fois victimes et bourreaux, témoins et acteurs d’exactions qui les dépassent, ils sont toujours les Wrong Elements que la société a du mal à accepter. Pendant ce temps, l’armée ougandaise traque encore, dans l’immense forêt centrafricaine, les derniers rebelles LRA dispersés. Mais Kony, lui, court toujours.
Pourquoi c’est réussi? C’est le premier film de l’écrivain. Après Les bienveillantes, Jonathan Littell s’ancre dans la continuité d’une réflexion dans ce film ou il ne s’est pas contenté d’inventer l’histoire car il y donne toutes les clefs pour le comprendre. Ce qu’il y a de magique ici c’est que Jonathan Littell sait écrire comme un réalisateur mais aussi écrire comme un réalisateur. Une première très réussie pour cet écrivain talentueux.
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