Il y a dix ans, Gérard de Senneville nous avait séduits avec Le merveilleux voyage d'Omar Ben Alala. Aujourd'hui, nous le retrouvons, bien décidé à nous projeter en 2120, à l'heure où Lucifer invite Omar en Enfer. Partez à la découverte de ces contes du futur, portraits incisifs, éclairés et moqueurs d'un temps où comme le dicton aime à le dire, il vaut mieux rire... A l'occasion de cette parution, Viabooks a rencontré l' auteur de ces pépites, portraits au scalpel d'une époque déboussolée.
G.S : Il ne suffit pas d’être irrité depuis longtemps par un tic social pour pouvoir écrire un conte. Il est indispensable de trouver une idée qui permette d’imaginer une histoire amusante. Or la naissance de cette idée ne se programme pas : elle arrive le plus souvent à l’improviste en lisant le journal, en écoutant la radio ou en se promenant dans la rue. Il faut la saisir immédiatement, c’est pourquoi j’écris vite un premier jet. Dès lors que la rédaction a commencé, je me prends au jeu et deviens plus imaginatif : d’autres idées arrivent comme par enchantement, qui permettent d’enrichir le conte. Un long travail est ensuite nécessaire pour améliorer l’écriture et rendre le récit limpide. Ce n’est pas un travail continu, mais l’élaboration d’un conte, même bref, dure plusieurs mois.
G.S : J’ai eu grand plaisir à écrire la Légende de Saint-Pétrin, car, à partir d’une idée ténue – une antenne de téléphonie mobile sur un clocher déclenche des interférences spirituelles dans les conversations téléphoniques –, je me suis trouvé pris dans la logique de la situation et de mes personnages, et les péripéties se sont enchaînées d’elles-mêmes. J’ai également écrit avec délectation Le Voyage en Enfer, car l’Enfer géré comme une grande entreprise performante était une source inépuisable de détails drôles : je me suis vraiment amusé.
G.S : Même si le ton est souriant, la plupart de mes contes sont effectivement des petits pamphlets. Leur but est d’attirer l’attention du lecteur sur des comportements absurdes ou malsains qui, dans le climat de pensée dominante où nous vivons, finissent par passer inaperçus, comme si nous étions mithridatisés par la bêtise. Quelle que soit la situation, il vaut en tout cas mieux rire que pleurer, le rire est un puissant décapant.
G.S : Un véritable livre de chevet est un livre qui reste à portée de main et que l’on ouvre souvent. Je n’en vois que trois : La Bible, Les Fleurs du mal et Le Dictionnaire égoïste de la littérature française de Charles Dantzig.
G.S : Je lis beaucoup plus de livres d’histoire et de romans anciens que de romans contemporains. Cependant, j’ai pris plaisir ces derniers temps à lire Une pièce montée de Blandine Le Callet, Les Onze de Pierre Michon, La carte et le territoire de Michel Houellebecq, Fourrure d’Adélaïde de Clermont-Tonnerre. Parmi les livres de souvenirs, j’ai beaucoup aimé Composition française de Mona Ozouf et Jeanne de Jacqueline de Romilly.
G.S : Je viens de terminer Rouge Brésil de Jean-Christophe Ruffin et je commence L’été 1976 de Benoît Duteurtre. Mais j’ai surtout en cours des lectures de plus longue haleine comme La Chronique du Religieux de Saint-Denis et des ouvrages sur le XVe siècle, car j’ai décidé de retrouver cet été cette époque qui me passionne.
Gérard de Senneville, Le Voyage en enfer d'Omar Ben Alala et autres contes du futur, De Fallois
Gérard de Senneville, Le Merveilleux voyage d'Omar Ben Alala, De Fallois
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