Les bacheliers ont dû affroner aujourd'hui la redoutée épreuve de philosophie. Voici les sujets sur lesquels ils ont dû plancher, des thèmes ancrés dans la réalité d'aujourd'hui, qui montrent combien la philosophie donne des outils pour "penser et comprendre le monde".
Les élèves de la série ES ont eu eu choix entre « L'artiste donne quelque chose à comprendre» et « La conscience de l’individu est le reflet de la société à laquelle il appartient ».
Le commentaire de texte portait sur un extrait de Spinoza :
« Dans un Etat démocratique, des ordres absurdes ne sont guère à craindre, car il est presque impossible que la majorité d’une grande assemblée se mette d’accord sur une seule et même absurdité. Cela est peu à craindre, également, à raison du fondement et de la fin de la démocratie, qui n’est autre que de soustraire les hommes à la domination absurde de l’appétit et à les maintenir, autant qu’il est possible, dans les limites de la raison, pour qu’ils vivent dans la concorde et dans la paix. Ôté ce fondement, tout l’édifice s’écroule aisément. Au seul souverain, donc, il appartient d’y pourvoir ; aux sujets, il appartient d’exécuter ses commandements et de ne reconnaître comme droit que ce que le souverain déclare être le droit. Peut-être pensera-t-on que, par ce principe, nous faisons des sujets des esclaves ; on pense en effet que l’esclave est celui qui agit par commandement et l’homme libre celui qui agit selon son caprice. Cela cependant n’est pas absolument vrai ; car en réalité, celui qui est captif de son plaisir, incapable de voir et de faire ce qui lui est utile, est le plus grand des esclaves, et seul est libre celui qui vit, de toute son âme, sous la seule conduite de la raison. »
Baruch Spinoza, Traité théologico-politique (1670).
Les élèves des séries scientifiques ont eu le choix entre « Une œuvre d’art a-t-elle toujours un sens ? » et « La politique échappe-t-elle à l’exigence de vérité ? ».
Le commentaire de texte portait sur un extrait d’Alexis de Tocqueville : « Les croyances dogmatiques sont plus ou moins nombreuses, suivant les temps. Elles naissent de différentes manières et peuvent changer de forme et d’objet ; mais on ne saurait faire qu’il n’y ait pas de croyances dogmatiques, c’est-à-dire d’opinions que les hommes reçoivent de confiance et sans les discuter. Si chacun entreprenait lui-même de former toutes ses opinions et de poursuivre isolément la vérité dans des chemins frayés par lui seul, il n’est pas probable qu’un grand nombre d’hommes dût jamais se réunir dans aucune croyance commune. Or, il est facile de voir qu’il n’y a pas de société qui puisse prospérer sans croyances semblables, ou plutôt il n’y en a point qui subsistent ainsi ; car, sans idées communes, il n’y a pas d’action commune, et, sans action commune, il existe encore des hommes, mais non un corps social. Pour qu’il y ait société, et, à plus forte raison, pour que cette société prospère, il faut donc que tous les esprits des citoyens soient toujours rassemblés et tenus ensemble par quelques idées principales ; et cela ne saurait être, à moins que chacun d’eux ne vienne quelquefois puiser ses opinions à une même source et ne consente à recevoir un certain nombre de croyances toutes faites. Si je considère maintenant l’homme à part, je trouve que les croyances dogmatiques ne lui sont pas moins indispensables pour vivre seul que pour agir en commun avec ses semblables. »
Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique (1840)
Quel sujet vous aurait le plus inspiré? Attention les thèmes les plus séduisants ne sont pas toujours les plus faciles...
>>Légende photo : buste de Cicéron ( Wikipedia)
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