Sur fond de deuil et de paysages écossais battus par les vents, une enquête familiale et intime dans Les dernières volontés de Heather McFerguson (arléa) de Sylvie Wojcik, qui a touché Agnès Séverin. Un livre qui oscille entre règlements de compte et fragments de souvenirs amoureux.
Sur le terreau très romanesque du secret de famille, l’auteure des Narcisses blancs tisse une histoire de famille qui oscille entre règlements de compte et fragments de souvenirs amoureux. Sylvie Wojcik donne vie à un personnage discret, sinon transparent, en le chargeant de débusquer la vérité sur son défunt père. L’occasion de rendre hommage au passage à la beauté de sa terre d’élection, l’Écosse.
La période du deuil est fertile en histoires. Avec ce second roman, habilement construit, Sylvie Wojcik choisit ce point de bascule pour révéler les sentiments d’un personnage, qui semble d’abord sans grand relief. Sans contours réels. Il est décrit comme passionné, des livres, en amitié. Et même en amour. Mais tout cela semble vu de l’extérieur.
Le moment du deuil est riche en émotions. Contradictoires. Il y a la tristesse et la compassion. Il y a la nostalgie des bons moments. Il y a aussi le ressentiment et l’auto-apitoiement, pour cette curieuse forme de double peine. Difficile, souvent, de ne pas en vouloir au défunt pour ses failles, ses manques, ses inévitables égoïsmes. Aloïs, le héros de ce roman, se révèle ainsi petit à petit à l’épreuve du deuil.
L’héritage au sens concret et le plus prosaïque est éminemment romanesque. Il permet aussi à l’auteure de changer son personnage de décor et de le faire bouger au sens propre. Des drôles d’impression, des doutes, et enfin, cet héritage incroyable de la maison en Écosse léguée par une parfaite inconnue, le poussent à l’action. Après ce premier rebondissement, c’est le ressort de l’enquête familiale et intime qui forme la trame d’une intrigue efficace.
Le charme des paysages, entre ciel, tourbe et eaux stagnantes, où jouent les reflets de lumières glaçantes participe de l’impression de mystère propre au genre de l’enquête. Mais c’est surtout le mystère des âmes et caractères, que sonde Sylvie Wojcik. Aloïs, son voisin aristocrate esseulé sur l’îlot de ses ancêtres, les voisins croisés au pub, et, bien sûr, l’énigmatique Heather McFerguson, chacun livre ses secrets au compte-goutte.
Ici, le temps coule doucement. Au rythme de la marée et de son inlassable ressac. Sous la caresse, ou les soudains coups de fouet du vent, des vagues et de la tempête. C’est une paix intérieure que découvre cet anti-héros falot, en se laissant bercer par la beauté de ce décor immémorial. Ses découvertes sur la jeunesse de son père viennent lui fouetter le sang. Lui qui semble toujours assoupi dans le bercement de l’habitude et de conditions de vie peut-être trop favorisées – héros très français, peu tenté par l’aventure et l’héroïsme (romantique essoufflé, sinon usé ?) – se voit soudain bousculé par le jeu de la vérité.
L’épreuve du deuil, ce moment des révélations bonnes et mauvaises, révèle le caractère du défunt autant que de ses héritiers. Derrière les regrets d’Aloïs, pointe alors une lueur d’espoir et de sentiments lumineux, qui forme sans doute son véritable héritage. Reste à savoir, à vouloir, le discerner, comme on attend un rai de lumière entre les nuages métalliques qui surplombent les tourbières.
>Les dernières volontés de Heather McFerguson, de Sylvie Wojcik. arléa « 1er mille », 144 pages, 17 euros >> Pour acheter le livre, cliquer sur ce lien
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