La couverture d’un livre est toujours la première chose que l’on voit. Pendant des années, celle-ci devait être sobre, minimaliste, ce qui représentait le summum du chic. Aujourd’hui, la tendance change, et les couvertures travaillées ont de plus en plus la cote. Un changement qui vient faire face notamment à la diffusion du livre numérique, et qui s'avère alors nécessaire.
Alors que l’objet livre pourrait être menacé par le numérique, son aspect semble prendre une plus grande importance. Voilà qu’apparait une certaine audace graphique des éditeurs. Les couvertures sont plus travaillées, on décèle un réel effort de présentation. Pendant bien longtemps, les maisons françaises proposaient des couvertures sobres, élégantes même, minimalistes. Des couvertures bien moins graphiques ni chargées que dans d’autres pays, notamment anglo-saxons. C’est souvent à la couverture qu’on repère une maison d’édition. C’es pourquoi le bleu est la signature de Stock, le jaune de Grasset, et l’incontournable collection Blanche de Gallimard, championne des prix littéraires. Si ce genre de couvertures était à la mode jusqu'aux années 2000, les tendances s’inversent, et la concurrence commence à émerger, même si certains grands éditeurs font encore de la résistance !
Voici un exemple de la différence entre les couvertures anglo-saxonnes et françaises :
Aujourd’hui, la façon même d’acheter un livre a changé. Sa diffusion est en pleine mutation, puisque le numérique prend largement le dessus. Les livres ne s’achètent plus simplement en librairies. En les achetant sur internet, le lecteur n’a plus le loisir de le prendre dans ses mains, de le feuilleter, d’en lire quelques pages, ni-même d’être conseillé par un libraire. Il a simplement accès à la couverture, et parfois à la quatrième de couverture. C’est donc le premier, si ce n’est unique, facteur décisif dans son choix. Même dans les grands magasins comme la Fnac, les livres sont exposés les uns à côtés des autres, sans aucune distinction, sans grande aide des vendeurs. Il est donc important que sa couverture parle directement au lecteur, l’interpelle. Le lecteur a besoin de repères.
Certains plaident que la littérature se suffit à elle-même, c’est d’ailleurs une grande tradition dans l’histoire de littérature française que de magnifier le texte, le contenu, au détriment du contenant. À la fin du XIXème siècle, quand sont apparues les techniques peu coûteuses pour créer des couvertures illustrées en couleur, seules les éditions populaires les ont utilisées. La sobriété, elle, était signe d’élitisme, une idée véhiculée notamment par le poids de Gallimard et ses choix d’édition. C’était un moyen de « fidéliser » le lecteur en quelque sorte, puisqu’il reconnaissait instantanément la couverture familière de la maison d’édition. Finalement, c’est surtout le livre de poche qui a démocratisé les couvertures plus parlantes, plus vivantes, très colorées, seulement dans les années 1950.
Ce sont aujourd'hui les jeunes maisons qui se sont beaucoup penchées sur l’aspect du graphisme, avec des typographies travaillées, de jolies couleurs, des photos pleine page… Des couvertures bien plus « habillées » en somme. Ce sont donc des éditions comme Zulma ou Le Tripode qui font un réel effort de présentation de leurs livres, et de plus en plus de maisons s’y mettent également comme Actes Sud et sa rentrée d'hiver, Buchet-Chastel ou Phoebus. Même les toutes nouvelles comme Premier Parallèle osent une communication par l'image. Les illustrations ne sont plus réservées uniquement aux collections jeunesses de Gallimard ou Bayard par exemple, comme elles pouvaient l'être dans le passé. C’est finalement un réel changement qu’on voit s’opérer dans le monde de l’édition, nécessaire à la survie de l’objet livre.
Quelques exemples de livres récents avec couvertures particulièrement attractives :
>Jacques Roumain, Gouverneurs de la rosée, Zulma
>Thomas Montasser, Une année particulière, Presses de la Cité
>Edgar Hilsenrath, Henning Wagenbreth, Le Retour au pays de Jossel Wassermann, Le Tripode
>Jorge Ibargüengoitia , Le Tyran meurt au quatrième coup, Le Tripode
>Bénédicte Manier, Made in India, Premier Parallèle
>René Depestre, Popa singer, Zulma
>Jean-Luc Catacin, A travers ciel, Phébus
>Michel Quint, Apaise le temps, Phébus
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