Paysage après la bataille (Fremok et Actes Sud) est un roman graphique au sujet fort et émouvant : Eric Lambé et Philippe de Pierpont y abordent la reconstruction d'une femme face au deuil. Un livre à la portée universelle à ne pas rater, qui a reçu le Fauve d’or du meilleur album au Festival international de bande dessinée d’Angoulême 2017.
Co-édité par Fremok et Actes Sud, « Paysage après la bataille » est un épais essai graphique de 400 pages, aussi impressionnant par son thème que par sa qualité visuelle. Le deuil, le sens. Le tout en images et en mots.
Fanny roule vers son ultime refuge, un bungalow situé dans un camping isolé sous la neige. Là-bas elle trouve le calme et le silence qu'elle recherche. Son arrivée, à peine encombrée d'une petite valise, va intriguer le peu d'habitants de ce lieu. En cette époque de Noël, les seuls résidents sont ceux qui ont décidé de vivre ici de manière permanente, parce qu’ils y sont tranquilles, parce que leur petite retraite ne leur permet rien d'autre ou bien parce qu’ils y travaillent. Fanny rencontre donc un couple de retraités, gentils mais un peu invasifs, un bûcheron dépressif et inquiétant, et le patron du camping. A leurs côtés, elle tentera de chasser ses oiseaux noirs et de soigner ses blessures. Ces rencontres seront également l'occasion de voir plusieurs parcours de vie avec leurs bagages, leurs souvenirs et leurs rêves.
De la rencontre entre la beauté et la tristesse est né Paysage après la bataille. Le deuil n'est jamais un thème facile à traiter, Éric Lambé et Philippe de Pierpont sont parvenus à retranscrire ce sentiment avec pudeur en mêlant tristesse lancinante et désespoir. A travers des paroles rares, un rythme lent, et une lecture fluide Paysage après la bataille dévoile avec une grande justesse ce moment difficile. On suit avec grande attention la lente reconstruction de Fanny, cette femme brisée, qui doit réapprendre à vivre. Les mots qu’emploie Philippe de Pierpont résonnent amplement et sont bouleversants. Néanmoins le silence est encore plus éloquent que les mots. L'esthétisme graphique est ce qui donne le plus de puissance à l'œuvre. C'est à travers le trait épuré, économe et gris d’Eric Lambé que ressortent la grandeur et la profondeur des sentiments humains. La sobriété de Paysage après la bataille fait ressortir sa beauté tout en exprimant la souffrance insoutenable d’une mère traumatisée. Certaines notes de couleurs se glissent parfois dans l’œuvre, comme si, dans ce monde vêtu de noir et de blanc, résidaient encore quelques touches d’espoir pour Fanny.
Eric Lambé et Philippe de Pierpont recevant le fauve d'or (Festival d'Angoulême)
A l’aube des années 90, Éric Lambé a animé avec Alain Corbel les précieuses revues Moka et Pelure Amère. Il a collaboré à de nombreuses revues avant de signer Les jours ouvrables aux éditions Amok. C’est avec Sifr, récit court du Cheval sans tête volume 5, qu’il débute en 1998 sa collaboration avec Philippe de Pierpont. Suivront Alberto G. en 2001, co-édition Le Seuil / FRMK, et La Pluie aux éditions Casterman. Sa participation à la collection Carnets Littéraires aux éditions Estuaire lui fait rencontrer l’univers de l’écrivain Marie Desplechin pour deux ouvrages : Le Sac à main (2004) et La Photo (2005). En 2008, il retrouve de Pierpont pour Un voyage aux éditions Futuropolis avant son retour aux éditions FRMK pour Deux îles, un livre de dessins. Illustrateur pour la presse, il a également signé un livre de jeunesse, A viagem de Djuku (Le voyage de Djuku) sur un texte d’Alain Corbel.
Philippe de Pierpont est réalisateur et auteur de bande dessinée belge né en 1955. Après une formation d’historien de l’art, il réalise une dizaine de documentaires autour des thèmes de l’identité et du territoire. Il réalise également un court métrage de fiction, L’héritier, et deux long-métrages en 2012 et 2015, Elle ne pleure pas elle chante et Welcome Home. Il prépare actuellement son troisième long métrage, autour de l’héritage complexe de la colonisation belge en Afrique. Scénariste de BD, il collabore d’abord avec Stefano Ricci (Tufo), Merkeke (Sablier).
D'autres BD ont retenu l'attention du jury ddu dernier festival d'Angoulême. Saluons également les œuvres de Martin Veyron, Matthieu Bonhomme, Kazuo Kamimura ou encore Ancco.
Pour le prix du public Cultura : L’homme qui tua Lucky Luke de Matthieu Bonhomme
Pour le prix spécial du jury : C’est qu’il faut de terre à l’homme de Martin Veyron
Pour le prix de la série : Chiisakobé de Minetaro Mochizuki
Pour le prix révélation : Mauvaises filles d’Ancco
Pour le prix jeunesse : La jeunesse de Mickey de Tebo
Pour le prix du patrimoine : Le club des divorcées tome 2 de Kazuo Kamimura
Pour le prix du polar SNCF : L’été Diabolik d’Alexandre Clérisse et Thierry Smolderen
Pour le prix de la BD alternative : Biscoto, le journal plus fort que costaud par l’Association Biscoto éditions
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