Parmi les romans de la rentrée littéraire de Janvier 2015, une grande partie des romans nous viennent d'auteurs étrangers. Avec une grande majorité de livres anglo-saxons, mais pas seulement. Découvrez les derniers romans de Julian Barnes, Kate Atkinson ou encore Steve Tesich.
« Nous ne sommes pas nous-même » (Belfond) de Matthew Thomas et traduit de l’anglais par Sarah Tardy, met en scène l’histoire d’une jeune fille qui va se battre pour vivre la vie dont elle rêve. Une histoire bouleversante qui, à travers les rêves de l’héroïne, va remettre en cause l’American Dream.
De son enfance dans un minuscule appartement du Queens d'après-guerre, fille unique d'un père camionneur idole du quartier, et d'une mère qui noyait sa mélancolie à grands coups de scotch, Eileen Tumulty a tiré un principe : toujours viser plus haut, ne jamais renoncer à sortir de sa condition. Faire des études, décrocher un diplôme d'infirmière : Eileen s'accroche, s'endurcit. Tomber amoureuse, épouser Ed : Eileen s'envole, elle a de l'ambition pour deux. Donner naissance à un fils, trouver la maison de ses rêves, former une vraie famille : Eileen veut encore plus, encore mieux. Et pourtant... Les rêves ne sont-ils jamais que des rêves ? Sentir la menace, redouter le pire, se révéler dans l'épreuve. Et puis choisir de continuer à vivre, malgré tout.
« Par la fenêtre » (Mercure de France) de Julian Barnes a été traduit de l’anglais par Jean-Pierre Aoustin. Il rassemble 18 chroniques et une nouvelle sur le lien entre Julian Barnes et des auteurs qui l’ont inspirés. Une rencontre fabuleuse entre littéraires.
Ce sont les romans qui disent le plus de vérité sur la vie : ce qu'elle est, comment nous la vivons, quel sens elle pourrait avoir, comment nous la goûtons et l'apprécions, comment elle tourne mal et comment nous la perdons. Les romans parlent à et émanent de, tout ce que nous sommes - esprit, coeur, oeil, sexe, peau ; conscient et subconscient. Ils rendent des personnages qui n'ont jamais existé aussi réels que nos amis et des écrivains morts aussi vivants qu'un présentateur de télévision. La meilleure fiction fournit rarement des réponses ; mais elle formule exceptionnellement bien les questions... Et c'est à travers dix-huit chroniques - plus une nouvelle - que Julian Barnes nous entraîne à la rencontre de romanciers lui ayant fait connaître «ce lien profondément intime qui s'établit quand la voix d'un écrivain entre dans la tête d'un lecteur». On connaît son amour pour la France et on ne s'étonnera donc pas que près de la moitié d'entre eux soient français ou francophiles comme lui, par exemple Kipling ou Ford Madox Ford. Voici Mérimée, Chamfort, Félix Fénéon, évidemment Flaubert, plus Michel Houellebecq, au fil des pages où l'érudition laisse souvent la place à énormément d'humour - à quoi n'échappent pas non plus Orwell, Updike ou Hemingway. Au final, un éblouissant et décapant florilège.
Publié en 1982 aux Etats-Unis, « Price » est le premier roman de Steve Tesich. Il a été publié une première fois en français sous le titre "Rencontre d"été" (Presses de la Renaissance). Les éditions Toussaint Louverture redonnent à ce texte initiatique une deuxième vie. "Price" raconte l’histoire de Daniel Price, un jeune garçon vivant dans la banlieue de Chicago dans les années 1960. Entre mort et amour, « Price » raconte l’histoire d’un jeune homme qui va entrer dans l'âge adulte plus rapidement que ce qu’il pensait.
Daniel Price, dix-huit ans, a les traits de son père, la belle stature de sa mère, et une âme qui ne sait plus à quel saint se vouer. Tout commence par un combat perdu d'avance, occasion ratée de se tirer d'East Chicago, ville industrielle et prolétaire, où l'avenir se résume à passer sa vie à l'usine. Flanqué d'amis à peu près aussi paumés que lui Larry, le teigneux, et Billy, la bonne pâte , Daniel va, au cours de son dernier été d'adolescent, tandis que son père agonise, être emporté par la force dévastatrice d'un premier amour, quand chaque mot et chaque geste prennent des proportions démesurées. Histoire orageuse, parcourue d'égarements, de trahisons et de colère, Price raconte l'odyssée intime d'un garçon projeté brutalement dans la vie adulte, où vérité et mensonge, raison et folie finissent par se confondre.
« Un homme: Klaus Klump et la machine à tuer de Joseph Walser » est le dernier roman de Gonçalo M. Tavares, l’un des plus grands auteurs contemporains Portugais. Ce roman est construit en deux parties distinctes. Il raconte les vies de Klaus Klump et de Joseph Walser, dans un même paysage, et au même moment… En temps de guerre. Un roman qui fait ressortir l’état primitif de l’homme et qui fait se répondre deux destins qui n’ont rien en commun.
Ils s'appellent Klaus Klump et Joseph Walser. L'un est éditeur, l'autre ouvrier. Leur pays est en guerre. Gonçalo M. Tavares les surveille, à l'affût des mécanismes de leurs âmes soumises aux vicissitudes de l'Histoire. Et, comme s'il se trouvait devant un tableau de George Grosz, le lecteur est saisi, hypnotisé par la virtuosité d'un très grand écrivain. Ceci n'est pas un roman, ceci est un coup de poing !
Récompensé en 2013 par le prix Costa, « Une vie après l’autre » (Grasset) de Kate Atkinson, met en scène l’histoire ou plus les histoires d’Ursula Todd. Une jeune fille qui va vivre plusieurs destins possibles, une jeune fille qui va voir le temps se dédoubler, une jeune fille qui va peut être changer l’histoire. Un roman qui répond à la question "Et si ça s'était passé autrement?"
11 février 1910 : Ursula Todd naît – et meurt aussitôt.
11 février 1910 : Ursula Todd naît – et meurt, quelques minutes plus tard, le cordon ombilical enroulé autour du cou.
11 février 1910 : Ursula Todd naît – le cordon ombilical menace de l’étouffer, mais cette fois le médecin est là pour le couper, et Ursula survit…
Ursula naîtra et mourra de nombreuses fois encore – à cinq ans, noyée ; à douze ans dans un accident domestique ; ou encore à vingt ans, dans un café de Munich, juste après avoir tiré sur Adolf Hitler et changé ainsi, peut-être, la face du monde…
Etablis dans un manoir bucolique du nom de Fox Corner, les Todd portent sur leur environnement le regard distancié, ironique et magnanime de ceux que les tragédies de l’Histoire épargnent. Hugh, le père, travaille à la City, tandis que Sylvie, la mère, reste à la maison et élève ses enfants à l’ancienne. Mais le temps, en la personne d’Ursula, va bientôt se détraquer, se décomposer en une myriade de destins possibles qui vont, chacun à sa manière, bouleverser celui de la famille…
Si l’on avait la possibilité de changer le cours de l’histoire, souhaiterions-nous vraiment le faire ?
« Un membre permanent de la famille » (Actes Sud) de Russell Banks et traduit par Pierre Furlan propose douze nouvelles. Douze nouvelles qui mettent en scène le quotidien d’hommes et de femmes qui mentent pour tenter d’échapper à leur existence ordinaire. Un roman fort sur les comportements humains.
Douze nouvelles placées sous le signe d'une sobriété stylistique digne de Raymond Carver au fil desquelles des couples divorcent, des femmes noires sont traquées par des pit-bulls sur des parkings, où la liste des courses à effectuer au supermarché finit par se confondre avec un programme de vie, où des mythomanes prennent leurs semblables en otage, où la mort frappe les hommes comme les animaux, où l'on écoute battre sous la poitrine d'un autre le cœur transplanté d'un amour décédé. Au sommet de son art et avec une superbe économie de moyens, Russell Banks propose ici un recueil de textes dont l'intensité transmue le réel et le quotidien en authentiques paraboles métaphysiques.
« Les luminaires » (Buchet/Chastel) est le deuxième roman d’Eleanor Catton. Déjà récompensé par le Man Booker Prize en 2013, « Les luminaires » est une histoire pleine de mystères et d’intrigues qui se déroule en Nouvelle-Zélande en 1866.
Nouvelle-Zélande, 1866. En pleine ruée vers l'or, l'île voit débarquer sur ses côtes tout ce que la vieille Europe compte d'ambitieux et de désespérés. Parmi eux, Walter Moody, un jeune britannique ruiné bien décidé à trouver fortune accoste au port d'Hokitika, sur la côte Ouest, après un éprouvant voyage. Mais une étrange assemblée l'attend dans le petit hôtel où il a trouvé refuge. Là, dans une atmosphère des plus tendues, douze hommes du cru tiennent une réunion secrète pour tenter d élucider des faits étranges qui agitent la communauté depuis plusieurs semaines. Un riche notable a disparu, une prostituée a tenté de mettre fin à ses jours, et on a découvert une immense fortune dans la maison d un pauvre ivrogne, mort lui aussi. Moody succombe bientôt à l'irrésistible attrait du mystère et se retrouve plongé dans un entrelacs d'intrigues et de destins vertigineux.
« Notre famille » (l’Olivier) est le deuxième roman d’Akhil Sharma. Il raconte l’histoire d’Ajay qui quitte l’Inde avec sa famille pour aller vivre à New York. Il raconte l’accident de son frère, Birju, qui plongera dans le coma. Il raconte comment le rêve d’une vie nouvelle peut virer au cauchemar en un instant. Un livre bouleversant et plein d’émotion.
"Je pris le chemin du retour, tête baissée, en longeant le trottoir. J'étais agacé. Birju avait réussi à entrer à la Bronx High School of Science et voilà que maintenant il allait être hospitalisé. J'étais certain que ma mère aurait pitié de lui et lui ferait un cadeau. Je me demandai s'il était mort. Ca, c'était excitant. S'il mourait, je deviendrais fils unique. Le soleil était accablant. Vu que Birju entrait à l'hôpital, je me dis qu'il était sans doute de mon devoir de pleurer." A Delhi, Ajay joue dans les rues avec son grand frère Birju en attendant de rejoindre leur père immigré aux Etats-Unis. Ce jour arrive enfin, et la famille entière découvre avec émerveillement l'Amérique et la vie occidentale. Mais cette nouvelle existence n'est pas à l'abri des tragédies : après un terrible accident, Birju, qui faisait la fierté de tous, reste cloué sur un lit d'hôpital, tétraplégique. Désormais seul avec ses parents dévastés, confronté aux regards cruels des autres enfants, Ajay va devoir trouver sa place et avancer, sans jamais oublier.
« Trois frères » (Philippe Rey) est le dernier roman de Peter Ackroyd, traduit de l’anglais par Bernard Turle. Il raconte l’histoire de trois frères: Harry, Daniel et Sam, qui se sont élevés seuls. Un jour, ils se perdent de vue. Pourtant ils seront réunis par une sombre histoire dans un Londres d’après-guerre.
Ils sont trois frères nés, l'un après l'autre, un 8 mai d'après-guerre, à un an de distance. Le père, contraint de renoncer à ses ambitions littéraires, se fait veilleur de nuit puis camionneur. La mère disparaît sans laisser d'explication pour resurgir inopinément des années plus tard. Les garçons s'élèvent seuls et partent chacun tracer leur chemin dans un monde aussi varié que dangereusement fascinant. Harry, l'aîné, actif et déterminé, qui a vite compris que "les mots ne coûtent rien et se fabriquent au mètre", devient journaliste, tandis que Daniel, le cadet, timide et solitaire, poursuit des études qui le mènent à Cambridge et à une carrière de critique littéraire, célèbre pour ses recensions d'une méchanceté raffinée. Quant à Sam, le benjamin, c'est le rêveur, le vagabond dépourvu d'ambition (le travail, pour lui, est "une forme de mort"), amateur de nonnes, de clochards et d'âmes en détresse. Très vite, les trois frères perdent tout contact jusqu'au jour où une sombre histoire de marchand de sommeil, de scandale politique et de meurtre les réunit, les révélant à eux-mêmes de manière tragique. Mais qu'on ne s'y trompe pas : c'est Londres le personnage central de ce roman dont la richesse visionnaire évoque irrésistiblement Charles Dickens. Londres dont le passé, comme le démontre brillamment Ackroyd de livre en livre, ne cesse de dévorer le présent...
Prix Nobel 2002, Imre Kertész revient sur la scène littéraire avec « l’Ultime auberge » (Actes Sud). Il y met en scène l’intimité et le subconscient d’un écrivain malade, qui dans un dernier effort artistique, va concevoir un texte dans lequel il livrera ses réflexions politiques, sa maladie, ses pensées, ses épreuves, toute sa vie… Une oeuvre superbe et vertigineuse.
Œuvre inclassable, L'Ultime Auberge est une exploration des tréfonds de l'âme et de l'esprit d'un écrivain malade, aux prises avec les revers de l'existence autant qu'avec un pays d'origine abhorré. Entre confessions et réflexions, joies et souffrances, vie personnelle et vie publique, Kertész saisit le monde autant que lui-même, offrant un autoportrait de l'artiste au travail – un artiste réfractaire et toujours insoumis.
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