Virginia Woolf est décidément inoubliable. Marie Darrieussecq nous offre une nouvelle occasion de relire cette écrivaine emblématique du modernisme anglais avec sa nouvelle traduction du livre « Un lieu à soi ». Une occasion de redécouvrir cette féministe si importante dans le monde de la littérature.
Un lieu à soi c’est avant tout une histoire de femmes. Un rappel du caractère féministe de Virginia Woolf. Un livre sur les femmes certes, mais qui s’adresse aussi aux hommes. La romancière y explique dès les premières lignes son avis à propos des femmes et de la fiction : « Une femme doit avoir de l’argent et un lieu à elle si elle veut écrire de la fiction ». L’ouvrage, qui regroupe une série de conférences consacrées à ce thème que Virginia Woolf donna à l’université pour femmes de Cambridge en 1928, est écrit à la manière d’un roman. La romancière britannique déroule le fil de sa pensée avec humour et ironie, retraçant ce qui l’a amenée à ces conférences. Elle en dégage deux éléments indispensables pour permettre à une femme d’écrire. Le premier, c’est que la femme doit absolument avoir une chambre à elle qui peut être fermée à clé afin d’écrire sans être dérangée. Le deuxième, c’est de disposer de 500 livres de rentes permettant à l’écrivaine de vivre sans problèmes. À l’époque, les femmes n’avaient en effet pas le droit de disposer de l’argent qu’elles gagnaient. Deux piliers qui font aujourd’hui de ce livre un chef-d’oeuvre de la littérature féministe.
D’ailleurs, Marie Darrieussecq n’a pas été choisie au hasard. L’écrivaine et psychanalyste se veut un peu provocante, en faisant exploser les tabous. Un peu comme celle qu’elle traduit. C’est le cas par exemple dans son roman Il faut beaucoup aimer les hommes (P.O.L, 2013, prix Médicis), où l’écrivaine s’interroge sur le racisme, mais aussi ce qu’est d’être femme, ou ce qu’est d’être mère. Des thèmes que l’on retrouve aussi chez Virginia Woolf, notamment dans Mrs Dalloway, qui offre une réflexion intense sur la place de la femme et le rôle de la mère à travers son personnage principal.
La place de la femme est donc une cause chère à Marie Darrieussecq. D’ailleurs, elle tient depuis 2011 une chronique sur France Culture intitulée « Place aux femmes ». Elle s’exprime aussi dans la chronique « Écritures » du quotidien Libération. Elle y défend par exemple le statut de la femme dans la littérature, en s’offusquant de l’absence de femmes dans le programme de littérature de troisième. Encore un point commun avec l’auteure britannique. Les deux écrivaines oeuvrent pour offrir à leurs lecteurs une vision différente du monde.
Virginia Woolf sait faire fléchir le temps, disparaitre les frontières, et donner un poids tout nouveau aux mots. Elle fascine ses lecteurs, marque son époque et la nôtre, en résonnant toujours dans l’actualité. C’est d’ailleurs ce qui lui a valu son entrée dans la prestigieuse édition de la Pléiade en 2012, neuvième femme à recevoir ce privilège, et cette peau neuve offerte par Marie Darrieussecq. Une occasion à ne pas rater de (re)découvrir cette femme exceptionnelle, écrivaine incontournable.
>Virginia Woolf, "Un lieu à soi", Denöel
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