Qui sont les écrivains qui ont occupé le devant de la scène en 2010 ? Qui sont les lauréats des principaux Prix littéraires de la saison? La réponse en images avec notre diaporama. Un palmarès qui confirme le talent de certains déjà largement médiatisés, comme Michel Houellebecq ou Virginie Despentes, d'autres notablement reconnus, comme Maylis de Kerangal ou Eric Faye, ainsi que certains jeunes talents prometteurs, comme Abdallah Taïa. L'occasion de rappeler aussi les grandes lignes de leurs ouvrages primés.
Quel Prix ?
Le Prix Nobel de littérature
Quels livres?
On retiendra une oeuvre engagée, parmi laquelle quelques titres emblématiques comme La tante Julia et le Scribouillard, Les chiots, L'Homme qui parle, ou encore Tours et détours de la vilaine fille...
Ce qu'on en pense
Un prix largement mérité pour l'écrivain d'origine péruvienne qui a toujours défendu la liberté derrière le plaisir de la narration, avec un style foisonnant et luxuriant. Un signe aussi en faveur de la littérature latino-américaine dont la vitalité est aussi souvent une grande leçon de courage.
Quel Prix ?
Le Goncourt.
Quel livre?
La carte et le Territoire ( Flammarion)
Ce qu'on en pense
Par trois fois, la récompense française suprême a échappé au plus célèbre (et controversé) de nos écrivains. Il l'a enfin obtenue pour un livre qui déploie au travers d'un récit sur fond d'art et d'imposture une fresque sur les ressorts du réel et de l'imaginaire. Magistral. Houellebecq n'est pas seulement un grand écrivain, il s'inscrit dans une tradition française qui de Balzac à Pérec sait construire un univers et explorer les rives de son langage.
Quel prix ?
Le Renaudot.
Quel livre?
Apocalypse Bébé (Grasset)
Ce qu'on en pense
La romancière des héroïnes déjantées nous entraîne dans un road-roman qui se situe entre Paris et Barcelone. Virginie Despentes nous plonge dans la course poursuite d'une jeune fille en fugue qui incarne à elle seule toutes les violences contemporaines. Un voyage sans issue qui résonne comme un long cri sauvage. Un texte au rythme très rock, qui donne tout son son sens au mot "contemporain".
Quel Prix ?
Le Fémina
Quel livre?
La vie est brève et le désir sans fin, (POL)
Ce qu'on en pense
Patrick Lapeyre a construit son livre comme une carte du tendre dans une relation triangulaire qui porte le héros vers les affres de la passion et les rivages des désirs impossibles. Manon Lescaut des temps modernes ou Jules et Jim d'aujourd'hui, La vie est brève et le désir sans fin est surtout un livre qu'on ne voudrait pas quitter, tant sa musique douce amère qui oscille entre tristesse et humour tendre nous habite longtemps.
Quel Prix ?
Grand Prix du Roman de l'Académie française
Quel livre ?
Nagazaki (Stock)
Ce qu'on en pense
Un livre qui pose l'étrangeté comme d'une posture romanesque, en se basant sur un fait divers réel qui a fait la une des journaux japonais : une SDF avait élu domicile dans la journée dans l'appartement d'un homme pendant plusieurs mois, à son insu, jusqu'à ce que celui-ci se rende compte de la situation. Cette drôle d'histoire entraîne l'auteur et le lecteur dans un récit qui explore les contours du réel et de l'identité. Où commence sa vie? Où est la frontière du "soi" et celle de" l'autre" ? Comment l'errance de l'autre renvoie-t- elle à l'apparente immanence de l'individu ?Une écriture poétique qui se lit comme dans un rêve éveillé et qui interroge sur les rapports humains dans notre société contemporaine.
->Lire notre article sur Eric Faye
Quel Prix ?
Le Prix de Flore
Quel livre ?
Le jour du roi ( Seuil)
Ce qu'on en pense
Abdallah Taïa signe un livre court, dont le récit oppose 2 jeunes garçons amis dans le Maroc d'Hassan II, l'un issu d'un milieu défavorisé et l'autre riche. Derrière leur affrontement de classe apparaît toute l'inégalité de la société marocaine contemporaine, ainsi qu'une profonde réflexion sur la violence qu'elle engendre. La violence qui en découle apparaît comme la conséquence inévitablement dramatique d'une situation ontologiquement insupportable.Un texte court, violent à l'écriture pure comme la tragédie antique.
Quel Prix ?
Le Goncourt des lycéens
Quel livre ?
Parle- leur de batailles de rois et d'éléphants ( Actes Sud)
Ce qu'on en pense
Mathias Enard nous raconte la venue de Michel Ange à Constantinople pour "projeter, dessiner et débuter un pont." Ce pont prend sa force autant réelle que symbolique, de lien entre deux cultures. En narrant les doutes et les inquiétudes de Michel Ange, l'auteur nous parle de nos propres hésitations d'européen d'aujourd'hui vis à vis de la Turquie. Ce livre se lit comme une fable poétique, qui esquisse la ligne des rencontres improbables et de leurs ambiguïtés.
Quel Prix?
Le prix Décembre
Quel livre ?
Philosophie sentimentale ( Flammarion)
Ce qu'on en pense
Un livre qui bouscule les idées reçues de philosophies dans le boudoir à la mode.Schiffter manie avec beaucoup d'esprit l'élégance du désespoir (l'humour) pour philosopher sans concession en appelant à la rescousse quelques penseurs tels Shopenhauer, Cioran,Montaigne, ou les textes de L'Ecclésiaste... A partir d'aphorismes, notre philosophe "sans qualités" part en digression dans une sorte de désillusion brillante qui crée une connivence pleine de sens. Un livre qui place l'auteur du précédent et bien nommé "Délectations moroses" en chantre de la mise à distance. Une rareté à ne pas manquer.
Quel Prix?
Le Renaudot de l'Essai
Quel livre?
L'affaire de l'esclave Furcy ( Gallimard)
Ce qu'on en pense
L'auteur, lui même journaliste au Figaro s'est penché sur une saga judiciaire hors du commun qui a vu, au début du XIXe siècle, un esclave de La Réunion attaquer son maître en justice afin d’obtenir sa liberté. Cette démarche fut la première du genre avant l'abolition et l'analyse des péripéties judiciaires est d'une extraordinaire richesse pour comprendre les ressorts de l'esclavage. Mohammed Assaouï a effectué un remarquable travail de recherche et son livre se lit comme un feuilleton.
Quel Prix ?
Le Renaudot des lycéens
Quel livre?
Dans la nuit brune ( L'Olivier)
Ce qu'on en pense
Il y a un peu de conte, un peu de policier et un peu de roman historique, dans ce récit qui commence par évoquer le désespoir d' une jeune fille devant la mort accidentelle de son amoureux. Pour la consoler, son père lui parle et ra-conte... Cette" nuit brune" parle de filiation, des ombres de la déportation à Lens sous l'Occupation, de l'amour qui traverse les générations ... Emouvant.
Quels Prix ?
Le Fémina étranger et Prix du roman Fnac
Quel livre ?
Purge( Stock)
Ce qu'on en pense
La nouvelle star des lettres finlandaise signe un roman qui fait revivre l'horreur d'une Estonie, qui devient le symbole de tous les ballottements historiques des pays baltes. Deux personnages féminins, prostituées subissent les errances de leurs racines et incarnent les deux visages de ces tristes destins historiques. De cette "pourriture" pourront naître d'autres rêves, mais au prix de quels purges ? Un roman dont le succès parle de lui-même.
Quels prix?
Le Médicis étranger et le prix des lecteurs de l'Express
Quel livre?
Sukkwan Island ( Gallmeister)
Ce qu'on en pense
Une des révélations de la rentrée, que cet auteur américain qui manie le suspense en maître, sur fond d'île sauvage du sud de l'Alaska et de relations père-fils. Grands espaces, aventures et passions forment une toile très cinématographique. Cela n'a pas échappé au comédien Chris Meloni (vedette de la série New York Unité Spéciale), qui a pris une option sur les droits d'adaptation cinématographique...Un talent à découvrir et à suivre donc.
Quel Prix?
L'Interralié
Quel livre ?
L'amour- nègre ( De Fallois-L'âge d'Homme)
Ce qu'on en pense
Un récit qui sur le ton de l'humour nous conte les tribulations d'un petit africain adopté par un couple de stars américaines, puis ballotté comme un objet de consommation à travers de multiples lieux et aventures. Le destin de cet enfant incarne les affres de la mondialisation, même si le livre adopte un ton très drôle, avec quelques portraits d'anthologie, comme cet acteur clone de George Clooney qui joue aux aventuriers zen dans une île du Pacifique et qui campe un deuxième père adoptif complètement loufoque. Morale du livre résumée dans une réplique d'Adam : "Quand on a tout plus rien n'a d'importance". Et la farce devient reine.
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