Rencontre

La nouvelle Babylone d'Amanda Boyden

 Amanda Boyden a commence à écrire En attendant Babylone après avoir été évacuée du terrible ouragan Katrina qui a ravagé La Nouvelle Orléans. Ce premier livre de l'auteur traduit en Français nous entraîne dans la vie d'un petit quartier populaire de cette ville si contrastée où les personnages sont traités en un fabuleux kaléidoscope. Au cours d'une escapade en France, avec grâce et intelligence, Amanda Boyden nous parle de la fascination et des angoisses exercées par une ville hantée par des souffrances, des contrastes mais aussi une formidable énergie.

Depuis quand écrivez vous?

Depuis l'âge de 6 ans, j'ai été prise par le virus de l'écriture. J'ai très vite aimé imaginer des histoires. J'ai une tante qui m'a raconté récemment que petite, je ne cessais de m'intéresser à différents événements et que je créais des journaux!

 

Vous êtes aussi enseignante à l'université de la Nouvelle Orléans

Oui, j'enseigne un cours de Creative Writing qui me permet d'avoir une autre perspective sur l'écriture, de travailler sur le texte et sur les techniques de narration. 

En attendant Babylone est un ouvrage qui marque un tournant dans votre écriture. Foisonnant de personnages, il recueille aussi des réflexions sur la pluralité du monde contemporain.

En effet, je crois que ce livre est important dans mon évolution d'écrivain. Il se passe dans cette ville diverse et inquiétante. Ce texte s'imposait comme une volonté de distance par rapport à ce que nous avions vécu avec Katrina. J'ai commencé à écrire le livre à Toronto dans un café juste après l'ouragan. J'avais envie de raconter la vie de personnages pendant l'année précédant cette horrible catastrophe. J'avais déjà déterminé mes personnages avant que l'ouragan ne se déclare. Ce livre était déjà en chantier depuis longtemps.

Vous faites le portrait d'une ville mais aussi celui d'un microcosme?

Je souhaitais représenter la complexité de  la ville à travers un pâté de maison, une rue, Orchid Street, artère d'un quartier populaire en pleine mutation. J'ai ainsi choisi de souligner des contrastes entre l'infiniment grand et complexe d'une ville et la pluralité de l'univers restreint d'une rue.

La structure du roman semble être mise en perspective avec le dessin de la ville

De nombreux personnages se bousculent dans le livre. Dans le prologue, j'avais envie de rassembler différents paradoxes.  Cette narration à plusieurs voix a été une évidence. J'ai vraiment pris plaisir à rentrer dans l'esprit de chacun des personnages et passer de l'un à l'autre. D'une certaine manière, ils m'ont tous emmené là où ils voulaient aller. Ils ont je crois tous une identité assez forte et j'ai vraiment beaucoup aimé les suivre.

 

La ville est le grand personnage du roman?

New Orleans ici est mis en perspective avec Babylone, ville biblique, sorte d'anti thèse du Paradis. Pour moi, la ville est un des grands personnages du roman. Elle s'exprime pendant une année à travers différents rituels. En rassemblant plusieurs points de vue, je souhaitais donner au lecteur une idée de ce que cela représentait de vivre dans cette ville si spéciale. Dans le prologue, je souligne d'ailleurs: "Si nous le souhaitons, nous pouvons vous dire qui est La Nouvelle Orléans. La Nouvelle Orléans, c'est ce vieil homme qui ne sait pas lire mais achète quand même le journal tous les jours. Il touche le visage des criminels et le grave dans sa mémoire."


Peut-on revenir sur le personnage de Fearius qui ouvre le roman?

Ce personnage est né de deux jeunes dealers que j'ai pu voir agir pendant plusieurs mois devant mes propres fenêtres.Des jeunes de tout juste 15 ans. C'était assez terrible. Fearius ne peut pas sortir du terrible cercle vicieux de la drogue. Je voulais jouer avec les attentes du lecteur et transmettre un message à travers ce personnage. J'ai souhaité qu'il apparaisse au début comme quelqu'un de difficile à approcher et à aimer mais j'espère que le lecteur finit par le trouver sympathique, le livre progressant.

Que cela signifie-t-il d'appartenir à un lieu?

La Nouvelle Orléans est une ville si ambivalente, si contrastée. Elle est unique en son genre très différente des villes d'Amérique du Nord. Mon roman est réellement basé sur des lieux réels près de Oak Street. J'avais ces lieux en tête comme un moyen de souligner la diversité et l'énergie parfois débordante qui s'y déploient. Nous vivons dans cette ville et malgré mais aussi pour toutes ses contradictions, nous y sommes fortement attachés.

L'idée de la catastrophe, de votre évacuation après Katrina a-t-il été un moteur de l'écriture du roman?

Le sentiment de l'impact de la nature sur le livre est un élément important de mon ouvrage. Mais, plus encore l'idée de communauté et d'entraide entre les personnes qui se révèle à travers le livre et l'événement. Les gens s'aidaient pendant la catastrophe. Une véritable solidarité s'est mise en place.

En savoir plus

Amanda Boyden, En attendant Babylone, Albin Michel.

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