Serge Joncour, l'auteur du très remarqué "L'écrivain national" (Flammarion) nous parle de son engagement dans l'écriture, de sa passion pour les livres et de son éternel questionnement sur le mystère des mots. Rencontre avec un écrivain national qui est entré dans les lettres comme on entre dans les ordres.
Serge Joncour : « Ecrire chez moi. Avec des boules Quiès, il n’y aucun bruit chez moi, mais les boules Quiès me permettent de m’isoler dans un « intérieur », à l’intérieur de chez moi, j’ai pratiqué la natation pendant dix ans, et c’était une immersion très songeuse parfois, j’ai la sensation de retrouver ça. Je lis de la même façon ».
Serge Joncour : « Non. Si je n’écris pas, je n’écris pas. Ou bien je réécris les pages précédentes, manière de me rendre utile, à mon texte. Pour le reste j’ai un genre d’horaires. Très souples, mais quand même. Des horaires ».
Serge Joncour : « J’écris à l’ordinateur, ou sur du papier, ou sur des bouts de papiers, un roman est un peu un collage. Mais le tout se rassemble sur un ordinateur ».
Serge Joncour : « Hélas, longue écriture, hélas. Ça procède d’une longue préméditation, ça avance lentement. Mais comme pour la quête de métaux précieux, parfois, des éclats viennent en entier, des gros morceaux. Trois pages. Cinq pages »
Serge Joncour : « Bien avant de publier, dans une mythomanie assumée. En fait ça participe de l’intime conviction. Aux autres après de le reconnaître ou pas. Ce n’est pas un mot si grave, ni compromettant, ni magique, ou sorcier. C’est un engagement malgré tout ».
Serge Joncour : « Etre à peu près libre, calmement perdu, pas trop serein, complètement ouvert, du moins absolument pas étanche ».
Serge Joncour :« On me classe à la lettre J ».
Serge Joncour : « Boules Quiès donc. Je corne les pages, en haut pour savoir où j’en suis, et en bas quand la page est capitale, ou sublime, je prends des notes sur les livres, je souligne des phrases. Je ne lis pas rapidement. Ou parfois je survole, tout dépend de la façon dont le livre m’attrape. Un livre m’accompagne un temps. Le livre est donc comme un fragment de mon archéologie personnelle, j’y retrouve, de vieux tickets de métro jaune, des numéros de téléphone, des notes, des tickets de caisse, de bar bien souvent ».
Serge Joncour : « Je lis par plaisir, et de manière très concentrée. Je décortique, effectivement, ça m’arrive d’avoir ce regard là, démonter le réveil pour voir comment il donne l’heure ».
Serge Joncour : « Un peu tout ça. Il y a un moment où le désir vient, d’un livre, souvent, uniquement à cause d’une phrase citée, d’un extrait en italique dans une critique. Un petit rien. Un malentendu aussi. Je lis la première page, et au hasard j’ausculte. Parfois, de lire la première page, donne réellement l’envie de lire la deuxième, et ainsi de suite… »
Serge Joncour : «Je ne sais pas. Peut–être Jules Vernes, sans doute, en me disant : on peut donc oser faire tout ça ! »
Serge Joncour : « Je lis plusieurs livres en même temps. Là, j’ai trouvé un vieux Simenon sur les quais. Un livre d’un auteur anglais qui a bonne presse, et dans lequel je m’ennuie fermement, pourtant la première page donnait envie, mais je vais arrêter, à peu près au premier tiers. Les Enfants Tanner que je n’avais pas lu, dans lequel je souligne beaucoup de phrases, du coup, et parfois même, une page de douce poésie folle. Le premier roman de Claudie Gallay. Des nouvelles de Murakami. Un livre de Sandor Marai, un auteur hongrois. Ces deux derniers livres cités là ont été déposés dans mon local de boite aux lettres, c’est un rite dans mon petit immeuble, des voisins déposent des livres, moi aussi, il y a là comme une bibliothèque volante. Manière aussi de se débarrasser.
Serge Joncour : « Livre de chevet, ça me fait peur, comme expression. Un livre qui serait à mon chevet, ou au chevet duquel je serais, dans les deux cas il y en a des deux qui ne va pas fort. J’ai un vieil exemplaire des Fleurs du mal, qu’un temps, adolescent, j’avais toujours dans la poche de ma veste « rouge Fuchsia »… J’apprenais par cœur, et révisais, pour en dire. Mais livre de chevet, non, je ne sais pas quoi répondre, il y en a eu des chevets ».
Serge Joncour : «Non, mais j’aime les gens qui le font ».
Serge Joncour : « J’en donne peu autour de moi, c’est très gênant ».
Serge Joncour :« Non, je ne les relis pas ».
Serge Joncour : « Des questions, j’en pose souvent aux auteurs quand j’en croise, sur leur méthode justement, sur l’état de leur auto-conviction, l’intuition qu’ils ont de leur roman au moment où ils le commencent. Je suis assez curieux de la vie des auteurs, surtout ceux aux vies assez déconstruites. J’aurais bien aimé suivre Simenon lors d’une de ses marches, ou Tchekhov filant vers la Sibérie, malade comme un chien, ou trouver un médecin à Maupassant ».
Serge Joncour : « Elle est dérangée. Totalement. C’est assez peu rassurant de me dire que je dois être rangé comme ça intérieurement ».
Serge Joncour : « Jamais pour vous ! Ah ça… Peut-être en voyage, oui, pour le voyage surtout !
Pourquoi pas je me suis bien mis à l’iPod ! Mais bon, je l’ai perdu deux fois. De toute façon que je parte deux jours ou deux mois, j’ai toujours un énorme sac, et une dizaine de livres dedans, j’aime bien l’idée que ces choses-là aient un poids, que ce soit encombrant, que ce soit un effort de les emmener, j’aime bien qu’un livre soit un volume qui ait sa façon particulière d’occuper l’espace, un volume quoi ».
Serge Joncour : «L'écrivain national (Flammarion).
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