Rencontre

Alexandre Jardin: «L'écriture est une aventure que les ateliers Cultura rendent accessible»

La chaîne Cultura propose désormais des ateliers d'écriture avec des professeurs formés par Alexandre Jardin. Une initiative qui ravit l'écrivain. Après avoir encouragé à la lecture avec son association Lire et faire lire, l'auteur du Zèbre, se lance dans cette nouvelle aventure, avec pour objectif de démocratiser l'accès à l'écriture, en s'adressant à tous les profils et surtout en s'appuyant sur de nombreux lieux en Province. Rencontre.

Alexandre Jardin à la Maison de l'Amérique latine. ©Olivia Phélip

Légende photo : Alexandre Jardin à la Maison de l'Amérique latine © Olivia Phélip 

Alexandre Jardin jubile. Tout comme les responsables de l'enseigne Cultura. 
L'écrivain qui a créé en 1999 l'association Lire et faire lire, afin de promouvoir la lecture au sein des écoles dans toute la France, veut s'attaquer à la démocratisation de l'écriture.
Cela tombe bien, car les responsables Cultura  qui déclinent depuis 1998 leur mission de «Faire vivre et aimer la culture», veulent permettre à leurs clients de s'initier à l'écriture créative.  
Tous se sont retrouvés autour de l'idée ambitieuse de lancer un nouveau concept d'ateliers d'écriture à destination du plus grand nombre et opérés par le biais des magasins culturels.
Finie l'angoisse de la page blanche ? En tout cas, tous les projets sont bienvenus, des plus intimes aux plus ambitieux. Chacun pourra trouver des réponses et bénéficier d'un accompagnement. 
Nous avons rencontré Alexandre Jardin qui nous présente cette nouvelle aventure lancée avec un enthousiasme communicatif.

Viabooks : Après Lire et faire lire, vous voilà lancé avec Cultura dans une nouvelle aventure qui pourrait s'appeller Ecrire et faire écrire ?

-Alexandre Jardin : A ceci près que l'association Lire et faire lire s'adresse avant tout auxcollégiens et lycénes et que les ateliers lancés avec Cultura s'adressent à toutes les générations. Mais ce qu'il y a en commun dans ces démarches, c'est une volonté de décloisonnement, d'aller vers le grand public et surtout de quitter le parisianisme. En effet, Cultura qui s'est d'abord lancé avec une vocation de libraire, est particulièrement bien implanté en province. Nous allons utiliser ce maillage exceptionnel pour permettre à tous ceux qui le souhaitent, de pouvoir bénéficier d'un accompagnement.

Comment avez-vous conçu votre méthode d'accompagnement ?

-A.J. : Nous avons  d'abord imaginé une sorte d'école interne à Cultura, qui me permet de former les responsables de l'animation des ateliers. Cette formation est très complète et permettra de garantir un excellent accompagnement des écrivains en herbe. Je resterai aussi comme superviseur, ce qui nous aidera à affiner les réponses. Je me suis souvenu que la grande Françoise Verny chez Gallimard m'avait toujours dit qu'il était important d'être à l'écoute des lecteurs. Or les libraires de chez Cultura connaissent bien les lecteurs. Il me semble légitime qu'ils viennent à la rencontre de ceux qui souhaitent alimenter la source de l'écriture. Il faut rappeler que les magasins Cultura ont déjà une grande expertise de la pédagogie des ateliers divers ( musique, loisirs créatifs..). Même si l'enseignement de l'écriture requiert des compétences spécifiques, d'où l'école pour les formateurs, l'organisation de ces ateliers se fonde sur une expérience de l'enseigne. 

Pouvez-vous nous présenter le principe de ces ateliers ?

-A.J. : Le principe est simple : décomplexer tous les auteurs intimidés, encourager ceux qui ont commencé à se lancer et accompagner ceux qui finalisent leur projet. Notre méthode permet aux apprentis écrivains d’apprendre les bases essentielles de l’écriture (la structure du plan, la définition des personnages, la construction du récit…), mais aussi de libérer leurs émotions profondes pour écrire un livre qui leur ressemble. A l'avenir, nous proposerons plusieurs formules d'ateliers pour nous adapter à la diversité des attentes.

Quels sont les retours des premiers ateliers ?

-A.J. : Les premiers ateliers ont commencé à distance à cause du Covid et cela se passe très bien. Nous espérons que désormais de nombreuses sessions vont pouvoir voir le jour au sein de tous les magasins. Le public répond présent. Avec des profils très variés d'âges et de projets. Car nombreux sont ceux qui souhaitent écrire. Même si tout le monde n'a pas vocation à devenir un grand écrivain, tous les écrits ont leur raison d'être : les mémoires d'une personne âgée, un récit de voyage, un roman policier, un recueil de poèmes...

Quel est le conseil principal que vous pourriez donner à un futur auteur ?

-A.J. : Je lui dirai de savoir définir derrière l'intrigue quel est le sujet de  son projet éditorial. Souvent on confond récit et intrigue. Le récit, c'est ce qui définit un point de vue. Cela signifie prendre de la hauteur pour savoir pourquoi et pour qui on écrit. Madame Bovary  par exemple n'est pas simplement l'histoire d'un adultère, ce qui est en soi banal, c'est la réflexion sur la condition d'une femme de la bourgeoisie en Province au XIXe siècle. Là, le livre commence à exister. 

Cultura va aussi lancer un espace d'autoédition, ainsi qu'une maison d'édition dans laquelle vous serez impliqué également ?

-A.J. : Ce qui est formidable, c'est que nous allons boucler la boucle, depuis l'écriture, qui va composer un vivier formidable, à l'édition jusqu'à la diffusion. D'ailleurs savez-vous qu'initialement les éditeurs étaient tous des libraires (Gallimard, Fayard, Larousse...) ? Les métiers étaient réunis. La modernisation a dissocié ces activités qui auraient tout intérêt à retrouver un fil commun. 

Pour assurer la médiatisation de ces activités, vous allez aussi lancer une émission culturelle avec le concours de la presse régionale?

-A.J. : Il y a dans la prese régionale un réservoir de grandes plumes, qui s'intéressent à la littérature. Pourquoi ne pas interagir avec eux plutôt que de toujours solliciter les mêmes du milieu parisien ? Il nous a semblé intéressant d'élargir les points de vue et de donner la parole à ceux qui ont autorité dans leur région.

Finalement vous avez trouvé en Cultura un partenaire de décentralisation culturelle ?

-A.J. : Nous voulons permettre à toutes les sensibilités, les milieux et les origines de s'exprimer et leur assurer une promotion spécifique. Alors oui, décentralisons, ouvrons les créativités, les imaginations ! Avec ce bouillonnement, je suis sûr qu'il se créera du lien social, de la curisoité et de la créativité. Et peut-être le futur Balzac sortira-t-il des ateliers Cultura ? 

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