Evelyne Bloch-Dano vient de publier Le dernier amour de George Sand. Biographe de grands destins de femmes, elle nous fait partager son approche de l'histoire et de ses fils qu'elle tisse d'ouvrage en ouvrage.
E.Bloch.Dano: Ce livre s'inscrit à la suite de trois autres biographies de femmes du 19ème siècle : Madame Zola, Flora Tristan et Madame Proust. Ces personnages correspondent à différents types, différentes postures de femmes à l'époque : une épouse, une féministe, une mère et avec George Sand, une artiste. Bien sûr, ces "rôles" féminins ne s'excluent pas entre eux. George Sand fait partie de mon panthéon personnel, de ces femmes pour lesquelles j'éprouve depuis longtemps de l'admiration aussi bien pour leur personnalité, leur itinéraire que pour leur oeuvre littéraire. Donc, ce livre est né tout naturellement à la suite des autres - avec des "intermèdes" consacrés à d'autres sujets, mais toujours plus ou moins reliés à l'histoire, tels que La biographe ou La fabuleuse histoire des légumes.
Mes sources pour Le dernier amour de George Sand sont variées et classiques : archives, correspondance, agendas, presse de l'époque etc. auxquels il faut ajouter la visite des lieux eux-mêmes, tels que Nohant ou Gargilesse, et bien sûr la lecture des oeuvres de l'auteur.
E.B.D: C'est une question complexe, car chaque auteur invente sa propre méthode, je suppose. Pour ma part, la connaissance du contexte est essentielle, elle suppose donc de s'immerger dans des ouvrages soit généralistes, soit monographiques sur tel ou tel personnage ayant joué un rôle important - même s'il n'apparaît pas au premier plan de mon livre. J'ai chois pour ce livre un angle particulier : 15 ans de la vie de George Sand (1849-1865), correspondant à sa relation avec Alexandre Manceau; mais il fallait éclairer ce qui s'était passé avant, par exemple la Révolution de 1848 et le rôle que George Sand y avait joué. C'est donc un travail de fond essentiel. Même chose pour une foule de détails qu'il faut préciser : modes de transports, habillement, nourriture etc. Je ne m'autorise aucune liberté. C'est fondamental pour moi. La biographie historique repose sur un contrat tacite avec le lecteur qui doit pouvoir faire confiance à l'auteur, être assuré que ce qui est raconté s'est bien passé. Si j'avance une hypothèse, elle doit être présentée comme telle, et non comme une certitude. Pour Flora Tristan par exemple, certaines lacunes dans son histoire ont été remplies par des biographes précédents. Je ne partage pas ce choix, car alors, on bascule dans la fiction. La biographie historique suppose un imaginaire de la part de l'auteur (et du lecteur) mais exclut la fiction, l'invention.Sinon, on a affaire à une biographie romancée ou à un roman historique. Ce sont des genres différents, que j'avoue ne pas aimer beaucoup sauf quand le talent littéraire de l'auteur est indiscutable.
E.B.D:Je ne suis pas assez spécialiste pour vous répondre sur les courants. Je suis frappée par la variété et l'intérêt de nombreuses parutions. A l'évidence, le public est demandeur. Mais quel public ? De l'ouvrage scientifique au roman historique, la gamme est large. La question est de savoir ce qui justifie cet intérêt.
E.B.D: Comment ne pas se féliciter de cette démocratisation ? L'important est selon moi moins les connaissances ponctuelles que la conscience et la perception d'un temps historique, dans une époque où beaucoup vivent l'instant comme s'il n'était pas rattaché à une continuité, un devenir, un contexte. Redonner de l'épaisseur à ce que nous vivons, le relativiser, le contextualiser me semble essentiel.
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